Alors que les regards devraient être sportivement tournés vers les Jeux paralympiques de Tokyo, une sordide affaire de téléphone continue tristement à alimenter les commentaires dans la partie réservée aux faits divers. Non seulement à Maurice, mais à l’internationale également. Même la Fédération internationale de Football Associations (FIFA), suivrait, dit-on, cette affaire de très près. Celle de cette incontournable histoire de téléphone “on video recording mode” découvert dans les toilettes des dames à la Mauritius Football Association (MFA), fin juillet, mais désormais introuvable !
Cette affaire, aussi choquante soit-elle que révoltante, est venue confirmer ce que nous savions déjà. A la MFA, contrairement aux autres fédérations, les choses se passent différemment, trop même. Son fonctionnement et sa gestion sont très loin de faire l’unanimité. Quitte à franchir l’interdit et à aller, parfois, à l’encontre des lois du pays.
Qu’en sera-t-il cette fois après la déposition d’une préposée de cette fédération à la police suivant cette affaire du “Telephonegate” ? Finira-t-on enfin par savoir à qui appartient ce téléphone ? Des sanctions tomberont-ils au pénal ? La MFA sévira-t-elle à l’encontre de ceux qui n’ont pas été capables d’assumer correctement leurs responsabilités aussitôt cette affaire connue ? Ce sont là autant de questions qui traînent devant l’autel de la vérité.
Malheureusement toutefois, l’enseignement du passé, dans certaines affaires, démontre que trop d’énigmes demeurent toujours irrésolues ! Au même titre que l’impunité, voire l’immunité vraisemblablement, dont peut jouir cette fédération. Au point de refuser de répondre à des sollicitations du ministère des Sports sur des points spécifiques ! Comme en témoignent les déclarations du ministre Stephan Toussaint dans ses réponses parlementaires !
Est-ce à dire que ce qui est permis à la MFA ne l’est pas pour d’autres ? L’Association mauricienne de Volley-Ball en sait quelque chose dans ce domaine. Lui qui s’est fait taper sur les doigts, fin juin 2020, par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour avoir rétabli son secrétaire, Kaysee Teeroovengadum, alors même que ce dernier est poursuivi par une Cour de justice australienne, pour attouchement sexuel allégué.
Or, il semblerait que, dans le cas de la MFA, le traitement est tout autre. Que cette fédération semble intouchable et ce, peu importe les conditions et situations à ce jour. Et ça, malheureusement, les faits le prouvent indéniablement. Souvenez-vous. Fin janvier 2020, la sélection de futsal est contrainte de se retirer de la Coupe d’Afrique des Nations de futsal au Laâyoune, un territoire non-reconnu par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Sur ordre du gouvernement mauricien, afin d’éviter un incident diplomatique — si ce n’était pas déjà le cas ! La MFA a-t-elle été sanctionnée pour une faute aussi grave que cela ?
Trois mois à peine plus tard, éclate l’affaire du transfert international de joueurs étrangers à Cercle de Joachim. La FIFA sanctionne le club d’une forte amende, aussi bien que la MFA. Une enquête policière est aussi initiée, quelque temps seulement après, afin de faire la lumière sur les conditions menant à l’obtention d’un permis de travail à ces étrangers. Samir Sobha, qui est membre de Cercle de Joachim et président de la MFA, est convoqué aux Casernes centrales début novembre 2020. Où en est cette enquête depuis ?
En août 2020, le directeur général de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) est sollicité par le ministère des Sports. Stephan Toussaint en fait le récit lors d’une interpellation parlementaire le 8 décembre 2020. Il précise que c’est un “issue” de transfert de fonds de Cercle de Joachim Football Club à un Licensing Officer de la MFA. Que s’est-il passé depuis. Au nom de l’intégrité, et à l’heure même où le gouvernement essaie de sortir le pays de la liste grise de l’Union européenne, n’est-il pas temps que l’issue de cette affaire soit rendue publique ? Au cas contraire, où est le problème ?
Il y a également la suspension des allocations financières du ministère des Sports à la MFA depuis septembre 2018. Cela, en lien à la non-conformité de cette fédération à la Sports Act 2016. Le ministre Toussaint a ensuite confirmé que les statuts amendés de la MFA se trouveraient au Registrar of Associations depuis mars 2019. Or, un peu plus de deux ans après, on n’entend plus rien ? Est-ce normal? Pourquoi tarde-t-on autant à statuer sur dossier ?
Qu’en est-il aussi de l’enquête policière concernant les deux procès-verbaux issus d’une même et seule assemblée générale annuelle (2015) de la MFA ? Une affaire entrée au poste de police de Rose-Hill en juillet 2019 ? Ou encore de cette allégation de match truqué qui se serait produite en première division en mars 2019 ? La MFA a-t-elle, deux ans plus tard, pu faire la lumière sur ce sujet sensible ? Des coupables ont-ils été identifiés et si oui, qui sont-ils ?
Voyez-vous, la MFA est une fédération très particulière, voire à part. Non seulement parce qu’elle peine à être sportivement productive, en dépit de toutes ces millions qu’elle bénéficie annuellement de la FIFA, mais aussi de par cette capacité à demeurer impunie face à autant de scandales et non des moindres. Forcément, cela relèverait d’un miracle. A moins, bien évidemment, que la MFA n’y est pour rien et que c’est la presse qui en est le principal et seul responsable. N’est-ce pas, M. Sobha ?