À une interpellation du député Reza Uteem sur le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a déclaré qu’il y a eu 15 arrestations à ce jour, suivant des enquêtes menées par différentes autorités. Acculé sur la question des avocats cités dans le rapport, il a indiqué qu’une en particulier a eu gain de cause pour sa demande de révision judiciaire et précisé que dans les rangs de l’opposition également, certains « se précipitent pour défendre les trafiquants. »
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth fait comprendre suite à la PQ de Reza Uteem que le 6 août 2018, un comité interministériel a été mis sur pied sous sa présidence, de même qu’une Task Force, présidée par le directeur de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), pour travailler sur la question. À ce jour, cinq Progress Reports ont été soumis et la Task Force s’est réunie en 12 occasions, la dernière en date étant le 26 janvier 2021.
Un autre comité, présidé par le Secretary to Cabinet, a aussi été institué pour se pencher sur les aspects légaux, institutionnels et administratifs. Le National Drug Secretariat (NDS) a, par la suite, pris la relève et assuré la coordination de toutes les affaires liées à la drogue, en lien avec les différents partenaires. Ainsi, le NDS a passé en revue les 460 recommandations de la commission et les a ramenées à 390. Celles-ci ont été placées sous la responsabilité des différents ministères et départements, à part ceux pris en charge par la Task Force.
À février 2021, 204 des 390 recommandations ont été mises en application. Des actions ont été initiées pour 62 autres, tandis que les 53 restantes nécessiteront des amendements à la loi. Le NDS a également mis en place des sous-comités en partenariat avec des organisations non-gouvernementales. Il y a le Drug Preventive Committee, le Harm Reduction Committee, le Treatment and Rehabilitation Committee et le Supply Reduction Committee.
En ce qui concerne les investigations, l’ICAC en a mené 53 à ce jour et 35 ont été complétées, menant à 15 arrestations. La police a mené 65 enquêtes, dont deux complétées et cinq référées au Directeur des Poursuites Publiques. La MRA a initié 75 investigations dont 32 « without yield » et 45 « with yield ». La Financial Intelligence Unit se retrouve avec 71 enquêtes, dont 66 complétées. L’Integrity Reporting Services Agency a démarré une enquête sur tous les noms mentionnés dans le rapport.
Uteem : La récente saisie de drogue dans le port confirme les voies d’accès de la drogue. Le rapport avait recommandé de donner davantage de moyens à la National Coast Guard, dont des drones. Pourquoi cette mesure n’a pas été appliquée ?
Le PM : Au fil des années, nous n’avons pas cessé d’augmenter le budget des unités spécialisées. Que ce soit celui de l’ADSU ou de la NCG. Je n’ai pas la liste complète de tous les équipements achetés, mais je peux dire que nous mettons tout en œuvre pour combattre le trafic de drogue.
Uteem : Le Premier ministre a mentionné une série d’arrestations. Peut-on savoir si les avocats cités dans le rapport ont aussi été interrogés ? Y a-t-il a eu des arrestations ou sont-ils trop proches de votre parti ?
Le PM : Je dois dire que je suis très déçu par certaines parties de cette question. Il parle d’avocats dans mon parti, mais je ne suis pas supposé donner des détails car je n’ai pas les informations sur les enquêtes en cours. Mais je suis au courant de ce qui a été rendu public, concernant un avocat qui a réclamé une révision judiciaire sur certaines parties du rapport.
J’ai lu le jugement et on a donné raison à la demande qui a été faite, en partie, pour dire que c’était injuste, que ce n’était pas exact de parvenir à une certaine conclusion. L’honorable membre connaît sans doute cette affaire, ainsi que le jugement. Il ne devrait pas faire de telles remarques que je considère inappropriées. Je parle en particulier pour ce cas. Il y en a d’autres qui sont en cours. Il me semble qu’il y en a 11 autres, attendant le jugement. Venant d’un avocat, je crois que ces commentaires sont inappropriés.
Uteem : D’un avocat à un autre, quand le Premier ministre dit qu’il a lu le jugement, il doit sûrement avoir pris connaissance de ce qu’a dit le chef juge, soit que le rapport était correct et que la police doit enquêter sur le lien entre l’avocat en question et les nombreux prisonniers à qui elle a rendu visite, ainsi que sur le nombre d’appels téléphoniques qu’elle a reçus. Cela s’applique aussi à tous les autres avocats ayant des liens avec des trafiquants envoyés en prison. Le Premier ministre ne peut-il pas demander au commissaire de police d’enquêter car s’il y a des connivences entre des avocats à l’extérieur et des trafiquants à l’intérieur des prisons, le combat contre la drogue serait vain.
Le PM : Sérieusement, au moins de notre côté, nous savons qui se préoccupe du trafic de drogue. Vous avez vous-même mentionné un cas plus tôt. Comment aurait-on pu procéder à cette saisie si nous n’avions pas la volonté politique de traquer ces trafiquants ? Nous avons pu saisir des quantités record de drogue. Et par la suite, qui se rue pour les défendre ? Contrairement à vous, je ne vais pas mentionner les noms, mais dans l’opposition également il y a des gens qui sont associés. Vous ne voyez pas cela ?
Dhunnoo : Vous avez mentionné que sur les différentes investigations, deux ont été complétées. Cela remonte à quand ?
Le PM : Je ne peux avoir des informations des “investigative bodies”. Dans ma réponse, j’ai dit que deux enquêtes ont été complétées et je suppose qu’elles ont été référées au DPP. Ce sera à lui de décider de la suite.
Meea : Le Premier ministre a cité un certain nombre d’investigations et d’arrestations. Peut-on savoir si elles ont un lien avec des activités de “gambling”, particulièrement les courses hippiques ?
PM : L’honorable membre me demande-t-il d’interférer dans les enquêtes et de chercher quelles sont les preuves pour informer la Chambre par la suite ? Ce n’est pas mon rôle. Les “investigative authorities” vont mener leurs enquêtes, chercher les preuves et déterminer s’il y a des liens avec le “gambling” ou les courses hippiques. Ce n’est qu’une fois les enquêtes terminées que nous pourrons avoir des informations.
Lobine : L’une des principales recommandations du rapport est la mise sur pied d’une National Drug Commission. Le gouvernement ira-t-il de l’avant avec cette recommandation pour combattre le trafic de drogue ?
Le PM : Je ne sais si l’honorable membre veut dire qu’il n’y a pas d’actions entreprises par rapport au trafic de drogue, mais si on veut améliorer le système, il faut faire très attention. Par exemple, le démantèlement de certaines unités et leur remplacement par une autre n’est pas une solution en elle-même. Le plus important est d’avoir des personnes intègres, déterminées à combattre le trafic de drogue. On a vu, malheureusement, qu’il y a des brebis galeuses. La lutte doit être sans relâche. Il nous faut plus d’équipements, plus de formation et surtout, une sélection de personnes intègres pour avoir de meilleurs résultats.