Le gouvernement, par le biais le ministère de la Santé, a imposé son veto. Aucun athlète ne sera autorisé à quitter le pays ! La raison : la situation sanitaire liée à la Covid-19 à travers le monde. Le ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs en a été informé lors de la semaine écoulée. Par conséquent, personne ne sera autorisé à quitter le pays jusqu’à nouvel ordre, au grand dam de ceux qui aspiraient à participer aux Championnats d’Afrique et à d’autres compétitions prochainement.
Qu’on le veuille ou non, cette décision du ministre de la Santé est incompréhensible, voire contestable. Même s’il y va de la sécurité sanitaire du pays. Et pour cause ! On ne peut d’un côté autoriser à certains athlètes de voyager et imposer à d’autres des restrictions pour le moins insensées ! A moins alors que les autorités estiment, elles, qu’il y a deux catégories de sportifs. D’abord, l’un qui est moins vulnérable ou moins contaminable que l’autre…
Ensuite, celui qui peut aspirer à participer aux Jeux olympiques et Jeux paralympiques, et celui qui ne peut nourrir son rêve de participer aux Championnats d’Afrique sans doute, parce que ceux qui décident, estiment que ce n’est pas une priorité. Espérons tout simplement que tel n’est pas le cas, car autrement, ce serait de la discrimination, si tel n’est pas déjà le cas.
Ce qui est sûr, c’est que la démarche de la Santé, à travers le ministère des Sports, ne fait pas l’unanimité. Et on comprend parfaitement la désillusion, voire le découragement, occasionné par ce que nous qualifierons de non-sens. A moins qu’au niveau des autorités ou encore du National Communication Committee on Covid-19 on parvienne à expliquer pourquoi et comment certains athlètes de haut niveau se retrouvent, eux, actuellement en Suisse, en Espagne et au Sénégal.
Dans ce contexte, il est devenu plus qu’impératif pour le ministère de la Santé, voire à un échelon supérieur, au ministre Kailesh Jugatpal, de venir éclaircir la population sur cette situation confuse. Qui plus est, largement évitable si le bon sens avait primé et ce, à travers une action bien réfléchie. Malheureusement, tel ne semble pas être le cas en ce moment.
Aussi, au lieu de se montrer le plus clair possible, on cultive désormais l’art de nous balancer des décisions unilatérales, laconiques et contestables. Sans pour autant prendre la peine d’expliquer le pourquoi et le comment. Et ça, c’est vraiment dommage. Pas plus tard que la veille du déconfinement d’ailleurs, prévu pour le 1er mai, des fédérations s’étaient vues refuser, sans explication aucune, une reprise des entraînements pourtant approuvée 24 heures avant ! Comprenne qui pourra…
Idem pour les 500 000 Work Access Permits délivrés par le gouvernement, par le truchement de la force policière, afin de permettre à l’économie de continuer à tourner pendant le lockdown. Les athlètes, eux, notamment la grosse majorité, n’ont pas eu cette chance et continuent à pâtir en priant pour un retour à la normale. Ces mêmes athlètes qui ont usé de tous les moyens possibles pour se maintenir en forme dans un contexte très difficile. Cela, en prenant en compte que le pays a connu deux confinements en l’espace d’une année seulement ! Et ça, le gouvernement gagnerait à ne pas l’oublier.
C’est la raison pour laquelle nous estimons qu’il est grand temps que les autorités définissent, une fois pour toutes, leurs priorités. En ce sens, le gouvernement devrait savoir ce qu’il veut réellement. Soit d’une économie tournant à plein régime, sans distinction aucune, de l’intégration de tous ses partenaires. Soit d’une économie à deux vitesses comme c’est malheureusement le cas actuellement.
Comprenez par-là l’écart qui ne cesse de s’accroître entre les riches et les pauvres, et désormais maintenant, une catégorie d’athlète souffrant cruellement d’un manque de considération. Cette même catégorie qui, très souvent, est mise sur un piédestal par ces mêmes politiciens — pour des raisons évidentes d’ailleurs — mais pas reconnue à sa juste valeur, alors qu’elle contribue pourtant, à sa façon, à l’économie mauricienne.
Le problème, il se trouve donc ailleurs que celle de restreindre la liberté de mouvement de certains athlètes. Eux qui se nourrissent essentiellement de compétitions de haut niveau pour donner un sens à leur existence. Et ça malheureusement, on peine toujours à le comprendre à Maurice.
C’est dire que le ministère de la santé gagnerait mieux à se pencher sur l’épineux problème de la résurgence de la Covid-19 à Maurice, au lieu de stigmatiser le sport. La vraie question est de savoir comment le pays a été infecté, alors que les frontières étaient supposément fermées ? C’est précisément à ce niveau que le gouvernement et le ministère de la Santé gagneraient se remettre en question. Combien sont-ils les jets privés à avoir atterri à Maurice pendant le confinement, alors que l’aéroport était fermé ? Qui sont ces étrangers et combien sont-ils à avoir observé la quarantaine comme l’exige la loi ?
Voyez-vous, c’est tout un système qui est à revoir. Un système où le sportif est trop souvent considéré comme une deuxième catégorie de citoyen. Le sport mérite bien mieux que cela messieurs. A commencer par lui permettre de retrouver son rythme normal, comme cela a été cas pour l’économie depuis le début du confinement. Au cas contraire, une mort lente l’attend, si tel n’est pas déjà le cas !