We can’t breathe !

Le cri de détresse d’Eric Garner, « I can’t breathe », devenu mythique avec le mouvement planétaire Black Lives Matter, l’an dernier, avec la mort de George Floyd, est en passe de devenir notre devise ! L’arrestation de Me Valayden, les nouvelles réglementations des réseaux sociaux proposées par l’ICTA, entre autres, sont… suffocantes.
Quand la police débarque chez le citoyen Valayden, à 2h du matin, pour l’interpeller, sans être sûre des charges, pour ensuite l’informer que c’est en relation avec une manifestation pro-palestinienne qu’il a organisée, la veille, beaucoup d’entre nous se sont demandés : « Mais où va-t-on dans notre pays ?» De surcroît, parce qu’il ne s’agit pas du citoyen lambda, mais d’un ténor du barreau qui prend un malin plaisir depuis plusieurs mois à torpiller le gouvernement en place sur plusieurs dossiers de brûlante actualité, la réaction spontanée des Mauriciens est bien compréhensible. Les dérives totalitaires ne prennent-elles pas le dessus sur les miettes qu’il nous reste d’une démocratie sous respiration artificielle ?
Et si on en est là, ce n’est définitivement pas à cause de la COVID-19, mais bien d’un régime gouvernemental qui prend beaucoup (trop ?) de libertés depuis son arrivée au pouvoir. Revenons à l’arrestation de Me Rama Valayden. Les versions des policiers, données plusieurs heures après les événements, sont venues, forcément, semer le doute. Et quand l’ex-Attorney General s’est présenté le lendemain aux Casernes Centrales, et qu’il s’est entendu dire, de la bouche du patron du CCID, qu’aucune charge n’était retenue contre lui, il y a là énormément de quoi être sceptique !
Rama Valayden n’est ni ange ni démon. Il a un parcours riche et dense, des prises de position sur des questions qui font polémique et des pages de sa vie qui ne sont ni noires ni blanches. Sa manif pro-palestinienne n’a, d’ailleurs, rien de comparable avec le meeting des Avengers (le groupe d’avocats réunis autour de lui dans l’affaire Soopramanien Kistnen vs l’ex-ministre Yogida Sawmynaden) tenue à La Louise, à Quatre-Bornes, le 31 janvier dernier. Où tant lui que plusieurs autres avocats de son groupe avaient fait des déclarations qui auraient, on l’aurait compris, gêné le pouvoir.
Si, comme elle l’avance, la police, lundi dernier, n’a fait qu’obtempérer au désir de Me Valayden de venir donner sa déposition en pleine nuit et qu’elle n’a fait « qu’envoyer un transport », lui octroyant « un lift » pour se rendre aux Casernes Centrales, et que donc, c’est la faute à Me Valayden si la police est venue chez lui à 2h du matin, que doit-on conclure ? Que le rusé avocat a réussi son tour en s’attirant l’attention et la sympathie populaire ? Ou que nos flics se sont piégés ou qu’ils se seraient laissé piéger ? Quoiqu’il en soit, il n’en a pas fallu de plus pour que, de nouveau, retentisse l’expression mythique de Captain America, « Avengers, assemble ! » (les superhéros de Marvel, cette fois)…
Mardi, en pleine séance parlementaire nocturne, quand Pravind Jugnauth met fin à l’expulsion des trois vétérans de la politique, cela a pris plus d’un de court. Mais à bien y voir, est-ce que Jugnauth Jr n’a-t-il pas tout simplement changé son fusil d’épaule, sachant que l’affaire entrée en Cour par ces trois irréductibles de l’arène politique allait lui coûter, au final, très cher ?
L’embrasement sans précédent du Moyen Orient, depuis une dizaine de jours, maintenant, n’en finit pas de faire couler des larmes et de l’encre. Et il y a de quoi ! Face à la violence dans laquelle des femmes et des gosses sont transformés en chair à canon, dans cette guerre qui semble sans fin, aucun humain ne peut rester insensible. Suscitant colère, fureur et rage, ces images que nous renvoient les chaînes d’infos étrangères et les réseaux sociaux glacent le sang.
Chez nous, cette semaine, les efforts des citoyens pour repousser les nouvelles propositions de gestion des réseaux sociaux par l’ICTA se sont multipliés. Mais malgré tout, c’est encore et toujours le spectre de la domination et du totalitarisme qui nous menacent…
Faudra-t-il qu’on descende dans les rues, armés de pancartes « We can’t breathe ! » pour que le message passe ?

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