Avec les dernières recommandations du FMI pointant du doigt le transfert de fonds de la Banque de Maurice (BoM) au Trésor public, force est de constater que le Grand Argentier ne pourra compter sur les larges ressources de l’institution bancaire pour financer son budget. Devrions-nous nous attendre donc à une marge de manœuvre encore plus réduite pour le prochain budget ?
Rompant avec la doxa, l’économiste Manisha Dookhony se dit d’avis qu’il était « justifiable que la BoM vienne en aide au gouvernement ». Un des rôles de la BoM est d’être le « lender of last resort » du gouvernement en temps d’urgence. « Et, là, on est vraiment en temps de crise et d’urgence. » Elle rappelle qu’au début des années 80, Maurice avait fait fi des recommandations du FMI, et « c’est grâce à cela qu’aujourd’hui nous avons une main-d’œuvre qualifiée, éduquée et en bonne santé ». Concernant le budget, elle estime qu’« il faut un plan de relance et miser sur la création de valeurs ».
De son côté, l’ancien économiste et comptable Kadress Pillay dit accueillir le rappel à l’ordre du FMI qui est venu dire ce que tout le monde a toujours dit. « On n’aurait jamais dû permettre à la BoM d’intervenir dans le “day-to-day management”. » La seule alternative restante après cette mise en garde du FMI à la BoM, à ses yeux : aller vers le FMI. Certes, reconnaît-il, « c’est donnant-donnant ». Il suggère aussi d’avoir recours au “burden sharing” : « Les actionnaires des compagnies dans le rouge, leur banque et le gouvernement peuvent ensemble partager la responsabilité équitablement. »
Il n’est pas possible, estime-t-il, que lorsque la compagnie va bien, la banque commerciale agit comme banquier et que lorsqu’elle est sous perfusion, c’est le gouvernement qui en est le banquier. « Il faut que ces banques continuent à subvenir même en temps de grande difficulté tout en demandant une garantie du gouvernement. » Il préconise de « privilégier les investissements capables de redémarrer l’économie ».
Le responsable du dossier économique au MMM, Reza Uteem, trouve, quant à lui, que « le ministre a une marge de manœuvre confortable pour ce budget car il a déjà emprunté Rs 60 Mds de la Banque centrale et il a la MIC pour aider les entreprises privées ». Et d’ajouter que « ce serait totalement irresponsable pour le ministre des Finances d’emprunter encore pour financer son budget ». S’agissant de la taxe, ce serait un très mauvais signal pour les investisseurs. L’avocat préconise un budget « responsable de relance » tout en accordant priorité aux secteurs de développement susceptibles de générer des revenus. « Assez de gaspillage ! Assez de développements extravagants ! »
MANISHA DOOKHONY (ÉCONOMISTE) : « Avoir un plan de relance et créer des valeurs »
Avec le rappel à l’ordre du FMI à la BoM et l’appel à amender la BoM Act, celle-ci ne sera plus en mesure de transférer de l’argent à l’Etat. Le ministre des Finances ne pourra compter sur les larges ressources de la BoM pour financer son budget. Devons-nous nous attendre à un budget sous le diktat du FMI et une marge de manœuvre financière encore plus réduite ?
Je pense qu’il faut aborder la question sous une perspective plus large. Au début des années 80, Maurice était en pleine crise financière et avait fait fi des recommandations du FMI. C’est grâce à cela qu’aujourd’hui nous avons une main-d’œuvre qualifiée, éduquée et en bonne santé. On se souvient aussi des gaffes du FMI au cours de l’Asian Crisis.
Le FMI a recommandé de changer les lois mais il n’a pas dit de changer les lois pour éliminer la possibilité de soutenir le gouvernement. Il faut savoir que nous avons la souveraineté sur nos lois. Rien ne dit que les clauses de la BoM vont être amendées pour éliminer la clause qui avait été ajoutée pour soutenir le gouvernement. Peut-être mettront-ils un seuil à ne pas dépasser ou vont-ils l’éliminer après un certain temps.
Vous pensez que la BoM peut aider le gouvernement ?
Un des rôles de la BoM est d’être le “lender of last resort” du gouvernement en temps d’urgence. Et, là, on est vraiment en temps de crise et d’urgence. C’était assez justifiable.
Pour le FMI, ce n’est pas le rôle de la BoM de venir à la rescousse des entreprises au bord du gouffre comme la BoM entendait le faire à travers la MIC…
Pour moi, les banques centrales à travers le monde, que ce soit aux USA, la FED ou la BCE, sont en train de se chercher et de voir quel serait le mode le plus approprié en temps de crise. Le rôle des banques centrales n’est pas figé. Depuis le temps où elles ont été créées, leur rôle a beaucoup évolué. Beaucoup de banques centrales ont pris des décisions non conventionnelles.
Ma préoccupation par rapport à la création de la MIC – je ne connais pas les détails des prêts – est de savoir que si dans sept ans, certaines de ces entreprises n’arrivent pas à rembourser leurs dettes, la Banque centrale n’en deviendra propriétaire. Est-ce le rôle de la Banque centrale de devenir propriétaire de telles entreprises ? C’est là où cela devient conflictuel car la Banque centrale a le devoir de prendre des décisions pour tout le monde. Est-ce qu’en essayant d’aider une entreprise, la BoM ne va pas se retrouver avec un parti pris. Ce sera un gros problème éthique peut-être.
Quelle meilleure solution ?
Ils auraient dû annoncer une “exit strategy” pour dire que ce système a été mis en place mais que dans tel lapse de temps, nous allons remettre la MIC à une autre entité. A Maurice, on a des entités qui font des prêts comme la Banque de Développement, etc. qui vont gérer. Le gouvernement n’a pas assez de fonds pour soutenir toutes les entreprises qui sont dans le rouge. Le marché (les banques commerciales locales ou des prêts internationaux) a été jusqu’ici réceptif à ce type d’investissements. Les représentants de ce marché se disent qu’une entreprise marchait bien avant la COVID et marchera bien après et y investissent. Donc, ces entreprises en difficulté peuvent aller sur le marché privé. Dans certains pays, la Banque centrale prête aux banques privées pour des raisons spécifiques à des taux préférentiels, visant à soutenir ces entreprises en difficulté.
Qu’en est-il des Rs 80 Mds injectées dans la MIC ?
Il faut savoir d’où vient cet argent. Dans n’importe quel cycle économique, il y a des entreprises qui meurent. En essayant d’aider toutes les entreprises, on est en train, potentiellement, de créer de l’inefficience dans notre système économique. Aux USA, par exemple, il y a des entreprises qui font faillite. Elles font de la place à d’autres entreprises. Est-ce qu’il faut laisser toutes les entreprises faire faillite ? Il y a tout un problème social derrière. Les banques commerciales ont une meilleure compréhension de la viabilité des entreprises. La BoM doit passer la main aux banques privées.
Quel impact le rapport du FMI peut-il avoir sur le budget ?
Je ne pense pas que le ministre des Finances aura une grande marge de manœuvre économique. Les grandes entreprises étant en difficulté, les revenus de l’Etat sont réduits. La consommation ayant diminué, les revenus au niveau de la TVA ont diminué de même. Ces baisses ne sont pas liées aux recommandations du FMI. Mais le FMI a appelé à revoir la réorientation économique.
Comment revoir cette réorientation justement ?
Peut-être au niveau fiscal. Le rapport de l’Audit montre beaucoup d’inefficiences. Déjà, ce serait bien de mettre en place un système rigoureux pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de dépenses inutiles, que ce soit au niveau public ou parapublic. En 2021, on n’est toujours pas sorti de l’auberge par rapport à la crise liée à la COVID. On ne sait toujours pas quand les touristes vont revenir. En temps d’incertitude, le gouvernement peut reporter un certain nombre de dépenses qui peuvent attendre que la situation aille mieux. Il y a un élément qu’on n’a pas encore : un plan de relance. Il y a eu le COVID Bill qui n’est qu’une “bandage solution”. Mais on n’a pas un plan pour la réorientation économique du pays. Par exemple, la situation touristique changera. On doit aussi réfléchir sur la création de valeurs.
Dans beaucoup de pays d’Afrique par exemple, les entreprises sont en train de réfléchir de manière innovante comme en Namibie et en Éthiopie. Est-ce qu’il y aura de nouveaux secteurs porteurs ? Une des priorités, c’est le soutien aux ménages, pas que ceux au bas de l’échelle. Il y a beaucoup de personnes de la classe moyenne qui ont été très affectées, surtout les couples qui ont perdu leur emploi, qui ont des enfants et des emprunts à rembourser. Par exemple, l’extension du moratoire sur des “housing loans” et des ménages qui n’étaient pas sur le registre social peut être considérée.
Le FMI préconise aussi des plans pour augmenter la taxe. Est-ce une bonne chose ?
La tendance va être d’augmenter la taxe indirecte dont la TVA. Ce sera une taxe sur les ménages et elle aura un impact important. La BoM ne devrait pas être juste celle qui donne de l’argent. Le gouvernement devrait se débrouiller même si on vit une contraction économique énorme. Il faut aussi aller vers la digitalisation qui permet la transparence dans tout ce qu’on fait.
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KADRESS PILLAY (ÉCONOMISTE) : « Privilégier les investissements capables de relancer l’économie »
Avec le rappel à l’ordre du FMI à la BoM et l’appel à amender la BoM Act, celle-ci ne sera plus en mesure de transférer de l’argent à l’Etat. Le ministre des Finances ne pourra compter sur les larges ressources de la BoM pour financer son budget…
En termes de “cash flow” et de “public revenue”, nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Le gouvernement a choisi la voie facile à travers le financement de la BoM. Nous savions tous que ce n’était pas très catholique d’un point de vue économique car c’est une banque qui est censée être au-dessus de toutes les banques. C’est devenu un peu la Banque du gouvernement sur le “day to day”. Je ne dis pas que la BoM n’a pas de responsabilité vis-à-vis du gouvernement mais on a divergé du principe car c’est pratiquement elle qui finance les grandes opérations du gouvernement. Le FMI est venu dire ce que tout le monde a toujours dit. On n’aurait jamais dû permettre à la BoM d’intervenir dans le “day-to-day management”.
Rs 80 Mds ont été transférées à la MIC…
Je me posais toujours la question de savoir comment une Banque centrale, censée ne pas entrer dans les besoins de tous les jours d’un pays, se retrouve à financer un fonds pour relancer l’économie et que de surcroît, deux Deputy Governors sont les membres du “board”… Il y a certainement conflit d’intérêts car la BoM est censée être le gardien suprême des finances d’un pays. Ce qui a poussé le FMI à dire « Assez » !
Quelles sont les alternatives qui existent ?
Comme l’a dit Sushil Kushiram, on n’a pas d’autre choix que de nous tourner vers le FMI. C’est le seul recours qui ne nous mettra pas sous pression. Mais, bien sûr, c’est donnant-donnant… Et cela tombe mal. Notre pays rentre dans une sorte de “financial dieting” alors que nous avons à financer des projets d’investissement pour relancer l’économie. Ce qui fait que nous sommes un peu coincés.
Le pays a été un peu trop libéral dans ses dépenses durant ces dernières années et on n’avait pas prévu que la pandémie vienne jouer les trouble-fête. C’est vraiment inquiétant actuellement. Je suis un peu chagrin pour mon ami, le ministre des Finances, que je connais très bien. Même s’il est un brillant docteur en économie, il y a quand même dans la pratique des choses une certaine “learning curve”. Il est au four et au moulin en même temps, mais pas avec des outils nécessaires.
Ne peut-il pas avoir recours aux Rs 60 Mds empruntées de la BoM l’an dernier ?
Il a créé un fonds pour l’investissement. Moi, je trouve qu’il est coincé. Le seul recours maintenant est le FMI mais avec des conséquences qui ne sont pas forcément favorables à l’économie.
Pour le FMI, ce n’est pas le rôle de la BoM de venir à la rescousse des entreprises au bord du gouffre comme la BoM entendait le faire à travers la MIC. Quel recours ont donc ces entreprises ?
Il vaut mieux que le gouvernement trouve un accord avec les banques commerciales. Laissez ces entreprises privées aller vers ces banques. Certainement, celles-ci vont demander une certaine garantie pour des prêts. Les grosses banques commerciales ont beaucoup d’argent. Elles peuvent financer ces entreprises mais elles vont insister que le gouvernement donne une certaine garantie. Le gouvernement peut faire cela sans avoir à donner de l’argent. Il y a l’aspect commercial et il y a l’aspect sécurité.
D’un point de vue commercial, une compagnie X a besoin de Rs 400 M pour relancer son entreprise, elle va à la banque qui étudie son potentiel et demande une garantie du gouvernement. Il faut passer la balle aux banques commerciales. Ce n’est pas possible que lorsque la compagnie va bien, la banque commerciale agit comme son banquier et quand elle est sous perfusion, c’est le gouvernement qui en est le banquier. Ce n’est pas correct. Il faut que ces banques continuent à subvenir même en temps de grande difficulté tout en demandant une garantie du gouvernement.
Quelles devraient être les priorités pour ce budget afin de sortir au mieux de la crise ?
Je crois qu’il faut un changement de cap. Il faut privilégier les investissements qui vont faire redémarrer l’économie. Les grosses infrastructures ont certainement un impact sur le développement. Il ne faut pas négliger la santé et l’éducation. Il faut essayer de soulager dans la mesure du possible ceux qui ont beaucoup souffert durant cette crise sanitaire.
En même temps, il ne faut pas oublier le tourisme. C’est le créneau qu’on peut faire repartir bien vite. Il faut trouver des moyens d’investir dans des créneaux touristiques qui vont faciliter le retour des voyageurs à Maurice. Aujourd’hui, le soleil et la mer sont un peu secondaires. On en trouve un peu partout. En revanche, la qualité de l’accueil est importante. Maurice a beaucoup perdu de cette qualité ces derniers temps. Il y a un gros travail d’investissement à faire et il s’agit d’un partenariat entre le gouvernement et le secteur privé.
En conclusion…
Je pense que nous sommes aujourd’hui coincés. Mais nous pourrions avoir recours au “burden sharing”. Les actionnaires des compagnies dans le rouge, leur banque et le gouvernement peuvent ensemble partager la responsabilité équitablement. On peut laisser la banque participer en prenant les “shares” de la compagnie, les actionnaires doivent “cash in” et le gouvernement doit contribuer aussi.
Par ailleurs, il faut trouver une formule pour essayer de réduire notre culture de dépenses à gauche et à droite. Il faut une certaine restriction et recentrer tout ce que nous faisons en termes de gros investissements vers le redémarrage de l’économie, cela à travers certaines infrastructures et investissements dans des créneaux spécifiques et le tourisme par excellence.
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REZA UTEEM (AVOCAT) : « Le ministre a une marge de manœuvre confortable »
Avec le rappel à l’ordre du FMI à la BoM et l’appel à amender la BoM Act, celle-ci ne sera plus en mesure de transférer de l’argent à l’Etat. Le ministre des Finances ne pourra compter sur les larges ressources de la BoM pour financer son Budget. Devons-nous nous attendre à un Budget sous le diktat du FMI et une marge de manœuvre financière encore plus réduite ?
Je félicite le FMI qui a rejoint ce que l’opposition a décrié l’an dernier, soit que la BoM ne peut financer le déficit budgétaire du gouvernement. Le FMI vient mettre en garde contre cette pratique. En plus, la BoM a dû émettre un communiqué pour expliquer que Rs 28 milliards viennent de la BoM non comme une “grant”. Le rapport du FMI est donc un désaveu cinglant du ministre des Finances.
Maintenant que le FMI a mis en garde le gouvernement pour qu’il ne puise pas des réserves de la Banque centrale pour financer son déficit budgétaire, le gouvernement n’a que deux choix : 1) présenter un budget responsable en éliminant les gaspillages et les dépenses excessives sur des projets comme Côte-d’Or, Safe City ou ; 2) financer son budget par l’emprunt ou la taxe. Pour ce qui est de l’emprunt, on a déjà dépassé les 100% du PIB. En mars, il était à 91% du PIB. On doit ajouter le montant à être remboursé à la BoM. C’est déjà donc une situation catastrophique. Ce serait donc totalement irresponsable pour le ministre des Finances d’emprunter encore pour financer son budget.
S’agissant de la taxe, ce serait un très mauvais signal pour les investisseurs. Déjà, le gouvernement a augmenté la taxe personnelle jusqu’à 27%. Même la TVA sur la consommation aurait un effet néfaste. Hors de question donc d’emprunter et d’augmenter les taxes.
Quel recours reste-t-il ?
Présenter un budget responsable. Assez de gaspillage ! Assez de développements extravagants ! On annonce la création d’un nouvel hippodrome, un nouveau terminal cinq étoiles, il ne faut pas ! Comme le FMI a bien fait ressortir, il faut prioriser les secteurs de développement qui vont générer des revenus comme le secteur informatique, éducatif et tout ce qui est investissement à long terme. Pas d’éléphants blancs comme la Cybercité de Rose-Belle ou le stade de Côte-d’Or. Il faudra vraiment reléguer les projets qui ne sont pas prioritaires. Il faut un budget responsable de relance.
Avec le rapport du FMI, la marge de manœuvre sera encore plus réduite…
Il ne faut pas oublier qu’on a reçu Rs 60 Mds de la Banque centrale l’an dernier. On ne sait quel montant en a été dépensé. C’est clair que beaucoup de projets annoncés n’ont pas été réalisés dont les Rs 12 Mds pour les 12 000 maisons et les Rs 10 Mds qu’on devait aux PME. Il y a eu des gaspillages pendant le premier confinement dans l’achat d’équipements médicaux.
Le ministre a-t-il donc une marge de manœuvre ?
Je pense que le ministre a une marge de manœuvre car il a déjà emprunté ces Rs 60 Mds. On vient de voter un budget supplémentaire de Rs 3 Mds pour une relance économique qu’on ne voit pas. Il faut faire attention à ne pas emprunter et de ne pas nous endetter encore parce que notre niveau de dettes est critique.
Quelles devraient vraiment être les priorités de ce budget ?
C’est la relance sectorielle. On n’a rien fait pour l’industrie cannière. Rien sur l’autosuffisance alimentaire. Côté manufacture, aucune incitation. Côté financier, c’est pire car le secteur est sous perfusion depuis que le pays est classé sur la liste noire. La mesure incitative pour le tourisme ne se résume pas au Wage Assistance Scheme. Il faut encourager les hôtels à rénover, profiter de la basse saison pour former et donner des abattements fiscaux pour ceux qui font de la rénovation.
Pour le FMI, ce n’est pas le rôle de la BoM de venir à la rescousse des entreprises au bord du gouffre comme la BoM entendait le faire à travers la MIC. Qui peut aider ces entreprises à la place de la BoM ?
La BoM a déjà mis à la disposition de la MIC Rs 80 Mds. C’est déjà fait. Je rejoins totalement le FMI. La BoM n’a ni la vocation ni les compétences de gérer la MIC comme une Investment Bank en concurrence avec d’autres banques commerciales réglementées par la BoM. De ces Rs 80 Mds, seules Rs 2 Mds ont été déboursées et des demandes de Rs 20 Mds ont reçu l’aval. Il y a donc encore Rs 60 Mds. C’est énorme ! Il faut que cela soit géré de manière professionnelle et dans la transparence pour savoir qui sont les bénéficiaires.
La MIC a encore une raison d’être pour empêcher que les entreprises privées soient mises en liquidation et licencient. Il faut savoir quelles sont les conditions. On ne peut donner de l’argent pour que des directeurs aient des bonis de fin d’année et achètent des Aston Martin.
Ces milliards sont là et des compagnies sous perfusion attendent toujours de l’aide…
C’est la faute de la BoM car ce n’est pas à elle de gérer la MIC. Le GM a déjà la SIC, plusieurs “Equity Funds” même si on se rend compte que ces derniers sont utilisés pour financer des compagnies liées au trafic de drogue. Il faut mettre de l’ordre. Il faut mettre les “right people at the right place”.
La MIC a sa raison d’être mais est un échec. Sur Rs 80 Mds, seules Rs 2 Mds ont été déboursées ! Mais l’argent est là. La gestion doit passer de la BoM à des gens compétents. On a beaucoup de banquiers compétents à Maurice. Malheureusement, la compétence pour le gouvernement est liée à l’allégeance au parti au pouvoir. Il faut cesser l’ingérence politique et avoir un “board” indépendant avec des gens compétents.
En définitive…
Le ministre des Finances a une marge de manœuvre confortable. Il a déjà eu Rs 60 Mds de la Banque centrale l’an dernier et il a toujours la MIC pour aider les entreprises privées, mais je le mets en garde contre sa propension à gaspiller de l’argent. Il faut un budget responsable et que le gouvernement cesse une fois pour toutes avec le gaspillage des fonds publics.