Y a-t-il eu dérapage verbal ou pas lors des travaux de l’auguste Assemblée nationale ? C’est le “talk of the town” depuis quelques jours. Et il y a de quoi ! S’il s’agit d’un montage vidéo, honte à ceux qui auraient recouru à ce lamentable stratagème pour calomnier. Mais s’il s’avère qu’en vérité l’honorable Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Égalité des genres, a réellement laissé échapper ces jurons dans son micro, c’est pire ! De tels propos, à faire pâlir même les filles du Jardin de la Compagnie, venant d’une représentante du peuple censée défendre la veuve et l’enfant, et proférés à l’égard d’une autre femme… Shame, honorable member of the Parliament !
Une enquête étant en cours, nous ne nous prononcerons évidemment pas dessus, puisqu’en tant que citoyens responsables, nous faisons toujours confiance à nos institutions. Et ce, même si ces derniers mois, cet indice de confiance pique sérieusement du nez. Un gros vent empli de doutes déferle effectivement sur nos institutions, allant du gouvernement à la police, en passant par les agences étatiques censées servir le peuple. Une flopée de scandales a rapidement rongé le capital de confiance de l’ensemble de la population. Et dans cette marée noire, seul le judiciaire, tel le village d’Astérix le Gaulois, résiste encore à l’envahisseur, ici non pas les Romains, mais la corruption, la cupidité, le népotisme et le favoritisme, pour ne nommer que ceux-là.
Et d’ailleurs, comment ne pas perdre confiance ? Cette semaine, avec la reprise après presque deux mois de confinement, avec une seconde vague de Covid-19, qui ne semble pas encore totalement maîtrisée, le ministre des Transports, Alan Ganoo, s’est fendu d’un communiqué mémorable, qui fait d’ailleurs l’objet d’une totale confusion. Et pour cause !
Ganoo avise clairement que, pour accéder aux autobus publics et individuels, taxis et métro, les usagers doivent scrupuleusement respecter les consignes sanitaires de base, qui sont le port du masque et la distanciation physique d’un mètre, aux abords des arrêts et gare/stations. Jusque-là, tout va bien. Sauf que, pour l’entrée dans ces véhicules, le communiqué est on ne peut plus explicite : « Passengers will NOT be mandatorily required to observe physical distancing in public transport vehicles, such as buses, taxis, contract buses and light rail vehicles. » Confused ? Il y a de quoi…
À l’air libre, donc, on se tient loin les uns des autres. Mais une fois dans les boîtes à sardines que sont ces moyens de locomotion (sans vouloir offenser leurs prestataires, qui rendent un immense service à la population), on est entassé les uns sur les autres… Respirant carrément l’autre qui ne se trouve qu’à quelques centimètres de soi ! Cela a même poussé l’ancien directeur des services de la Santé, le Dr Vasantrao Gujadhur, à sortir de ses gonds, se demandant s’il avait mal lu ledit communiqué… Tentant une explication sur la polémique, l’honorable Ganoo a évoqué des considérations « économiques ». Et au diable la santé et la sécurité des Mauriciens !
Il y a quelques jours, la plateforme citoyenne Drwa A Enn Lakaz (DAL) a marqué sa première année d’existence dans le pays. DAL émane d’une urgence populaire, celle de Mauriciens se trouvant en situation de logement précaire. Étiquetés « squatteurs », ils sont baladés au gré des courants politiques, et souvent. Mais quelques-uns sont des cas “genuine” qui méritent aide et soutien. Les citoyens anonymes au sein de DAL ont compris cela et en ont fait leur cheval de bataille.
Les vrais “honorable citizens” sont à leur image : à se battre inlassablement contre ces systèmes dysfonctionnels et qui pénalisent des innocents, dont des enfants. Comme le petit Mattéo, nourrisson malade qui survivait sur un des terrains de l’État, où l’honorable Steven Obeegadoo avait envoyé ses bulldozers pour tout démolir…
La saisie record de 243 kg d’héroïne et de 27 kg de haschich, le week-end dernier, a ramené sous les projecteurs la tentaculaire infernale et destructrice qui ronge tant de pays, dont Maurice, depuis des décennies maintenant. L’industrie de la drogue génère fortunes nouvelles et drames sempiternels. Pravind Jugnauth a réitéré son souhait d’y mettre fin. Comme si réprimer l’offre suffisait à diminuer la demande…