Au pays des “memes”, celui qu’a réalisé le sémillant député rouge Shakeel Mohamed, parodiant le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal au Parlement, est désormais roi ! Son imitation de la réplique du ministre sur une question relative à la gestion de la deuxième vague de la COVID-19, à l’effet que le gouvernement de Pravind Jugnauth a tout mis en œuvre, et qui a circulé massivement sur les réseaux sociaux, restera certainement dans les annales… Et évidemment pas pour les meilleures raisons du monde. Enfin, ce sera le cas tant que l’ICTA et les régnants du jour, qui ne supportent pas les railleries et qui ne semblent avoir aucun sens de l’humour, laissent s’exprimer librement les uns et les autres ! Jusqu’à ce qu’ils mettent en pratique leur décision d’amender la loi, qui n’a d’autre but que de réprimer la liberté d’expression. Mais l’ironie de Shakeel Mohamed à parodier le « we did everythiiiiiing » de Jagutpal & Co cache une terrible vérité.
Si ce gouvernement avait véritablement fait « everythiiiiiing », comme l’a martelé le ministre-psychiatre Jagutpal, est-ce qu’autant de patients dialysés seraient morts ? Sachant que parmi les personnes les plus vulnérables à la COVID-19 l’on compte les patients dialysés, est-ce que tout ne devait pas être mis en œuvre pour leur assurer un traitement approprié et adéquat, plutôt que le strict minimum ? Mieux encore, l’accent n’aurait-il pas dû être mis sur les conditions dans lesquelles ces personnes, trouvées positives au virus, aient à passer leur quarantaine afin de les rassurer et de rassurer leurs proches qu’ils finiront, en fin de compte, par se retrouver, et non pas qu’ils aient à entendre évoquer le décès de l’un des leurs à la télé, à la radio et dans les médias ?
L’ex-DPM Ivan Collendavelloo, sur le banc de touche depuis l’affaire Saint-Louis, est lui-même sorti de sa réserve pour venir mettre les points sur les i, déclarant clairement, dans nos colonnes, qu’il est « inconcevable qu’il y ait autant de morts », et évoquant ailleurs carrément « un homicide involontaire ». Il se demande au passage si cela ne résulte pas « de l’imprudence, de la négligence ou de l’inaction… » Quand ce politique, jusqu’ici très discret, et qui est lui-même un patient de dialyse, ce n’est un secret pour personne, sort de sa tanière et participe au débat, le doute n’est plus possible !
Il est clair, c’est vrai, que cette crise sanitaire dépasse largement les autorités, d’autant qu’elle dure depuis l’an dernier. Nos Frontliners, on ne cessera de le répéter, sont débordés. Ils n’en peuvent plus. On en a eu la preuve avec nos hôpitaux qui ont, tour à tour, dû verrouiller certains de leurs services pour cause de contaminations… Et des décès sont toujours recensés, comme cette semaine, dans certains des établissements de l’île. Résultat d’un manque de stratégie, d’anticipation et de vision après la première vague de l’an dernier par ceux qui occupent des postes à responsabilités au sein du gouvernement ! Et ils viennent rétorquer, sans honte, qu’ils ont fait « everythiiiiing »…
Il est tout aussi clair que la gestion de la crise, cette année, est beaucoup moins bonne que l’an passé. Serait-ce pour cause d’absence de certains membres chevronnés et qualifiés de certains ministères clés, dont celui de la Santé ? Les patients dialysés sont, de par le monde, en effet avec les personnes présentant des comorbidités et des pathologies fragilisant leur système immunitaire, parmi les victimes potentielles et les plus vulnérables à la Covid-19. Raison de plus pour que les autorités fassent preuve de plus d’attention et redoublent de vigilance envers eux, n’est-ce pas ?
Mais au final, la vie de nos compatriotes, tant les patients de dialyse que ceux atteints de cancer également, ne pèse pas lourd aux yeux de nos politiques. Sinon, comment expliquer autant de nonchalance, de désinvolture et de manque d’humanité sur la question ? Même l’insistance du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de la PNQ de ce mardi, n’a pas eu raison de cette indifférence du gouvernement de Pravind Jugnauth ! Des enquêtes, comme celles réclamées pour faire la lumière sur les décès de ces patients aideraient les proches et les familles à faire leur deuil, vu les circonstances douloureuses dans lesquelles ils ont perdu l’un des leurs… Mais ça, au gouvernement, ils n’en ont rien à faire !