Les fameuses conférences de presse quotidiennes du National Committee on COVID-19 (NCC) suscitent une foule de commentaires sur les réseaux sociaux. Et pas pour faire des éloges, loin de là !
Nous passerons sur le règlement de comptes Jagutpal vs Gujadhur à l’heure des questions, survenu le 31 mars, surtout parce que cela ne fait pas du tout honneur à un actuel ministre de la Santé, qui est médecin de profession, de s’être ainsi fendu d’un commentaire inélégant envers un autre collègue qui, de surcroît, a été un directeur des services de son ministère, des années durant. Le Dr Vasantrao Gujadhur, d’ailleurs, est, on le devine bien, au-dessus de la mêlée, parce qu’il a compris, et depuis belle lurette, qu’une question de santé publique ne peut être traitée avec un esprit de politique partisane. Et c’est peut-être, entre autres, ce qui a pesé dans la balance l’an dernier, quand il a été invité à prendre la porte de sortie, à un moment où le pays et les Mauriciens avaient davantage besoin de ses conseils efficaces, car il avait établi un lien de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Mais l’ego des politiques, éternel obstacle, en a décidé autrement. Et celui que la majorité des Mauriciens réfléchis avaient affectueusement surnommé « Dr Cocovid » a été débarqué, brutalement, cavalièrement, sans management. En pleine crise nationale… Enfin, heureux celui qui peut comprendre la logique de “Lakwizinn” !
Entre-temps, le professionnel de la médecine, tel un berger, n’a pas lâché son bâton de pèlerin, et a poursuivi son travail régulier sur le terrain, se donnant comme mission de sensibiliser les Mauriciens et les préparer à une deuxième vague de la COVID-19. Il a convaincu l’ensemble des Mauriciens de son expérience et de ses connaissances, et c’est la raison primordiale pour laquelle les médias se tournent vers le bon docteur afin qu’il éclaire de son grand savoir cette saison 2 de l’épidémie de COVID-19 chez nous. Bref, afin qu’il rétablisse un lien de confiance en chacun de nous, car si nous sommes tous touchés par l’épidémie, nous ne sommes pas tous égaux dans le confinement. Il nous faut ainsi des éclairages et le savoir de ceux qui peuvent nous guider à bon port. Et bien évidemment, puisque ses avis et ses conseils contredisent, la plupart du temps, les (mauvaises) décisions gouvernementales, Vasantrao Gujadhur est devenu l’homme à ‘abattre’ !
Qu’il se soit affiché ouvertement, lors de la marche de l’opposition, à Port-Louis, aux côtés de l’ex-secrétaire général du MSM, Nando Bodha, ancien très proche collaborateur de SAJ et ministre qui a claqué la porte du GM, pour les raisons que l’on sait, cela a forcément envenimé les choses. Mais qu’à cela ne tienne, Gujadhur n’appartient pas à cette catégorie de “bootlickers’’ qui défile depuis 2014, quand ce présent régime a pris le pays en tenaille.
Mais les choses s’aggravent, dangereusement. Et nos autorités sont dépassées. Ça, ce n’est pas nous qui le disons. C’est le constat auquel on arrive quand on voit se crasher, dans un premier temps, les services de la santé, ces hommes et femmes étant épuisés et exténués par une première vague déjà éprouvante, l’an dernier. Ces ‘‘frontliners’’ se sont retrouvés pénalisés, d’autant plus parce qu’avec la levée du confinement, de juin 2020 jusqu’à mars 2021, il n’y a eu aucun plan stratégique d’anticipation d’une deuxième vague ! Aucun plan directeur destiné à préparer le pays, sa population et ses agences étatiques surtout, comme le département de ‘‘contact tracing’’, crucial dans cette épidémie, pour cette triste éventualité qui, hélas !, est devenue réalité; ce que nous vivons avec le prolongement du confinement jusqu’à fin avril. Et en parallèle, un autre groupe de frontliners commence à s’essouffler sérieusement. Ce sont les policiers, tout autant pénalisés que leurs semblables du corps médical.
Avec ces deux secteurs-clé fragilisés, le GM a maintenu sa décision de reprise partielle des activités économiques. Soit, on le conçoit, car déjà avant la première vague, le pays était à genoux. À ce sujet, est-ce que ceux qui s’en sont mis plein les poches avec les contrats juteux ne pourraient pas faire un petit geste de générosité ? Ou ont-ils déjà tout dépensé ?
Est-ce que le Dr Gujadhur avait tort quand, dès la première semaine de mars, il conseillait le “total lockdown” du pays ? Ou est-ce que nos autorités ont gravement sous-estimé l’impact de cette deuxième vague ? De même, est-ce que l’Éducation n’aurait pas mieux fait de laisser nos enfants prendre part à leurs examens l’an dernier, plutôt que de leur imposer le supplice actuel autant qu’à leurs parents ?
La partie est désormais entamée pleinement, et ce n’est pas le moment, comme dit l’Anglais, de “cry over spilled milk”. L’heure est aux décisions courageuses et concertées. Ce qui implique de se défaire de son ego. Peut-on en attendre autant de la part de nos politiques ?