En parallèle à l’“Anket Tanay” du Central CID et de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans le scandale d’emploi fictif de Constituency Clerk contre le colistier du Premier ministre et ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, deux autres ministres du sérail du Sun Trust sont en situation de délicatesse politique.
En prélude à une dénonciation formelle à l’ICAC, le ministre de la Pêche et député de Flacq/Bon-Accueil (No 9), Sudhir Maudhoo, fait l’objet de dénonciations formelles de “Business Protection Money”, contenues dans une correspondance à visage découvert adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth. La teneur de ces allégations cible le ministre Maudhoo dans une affaire de « chantage » en faveur d’un agent du MSM du No 9 pour le renouvellement du permis d’opération d’une société exploitant la production d’un Inland Aquaculture of Ornamental Marine Fish pour des besoins d’exportation.
L’autre ministre du MSM, ayant des ambitions politiques de “Front Bencher”, susceptible de défrayer la chronique du judiciaire, n’est autre que l’Attorney General et ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin. En compagnie des représentants de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), le ministre Gobin a été convoqué en Cour suprême par la juge Moutou-Leckning dans une affaire d’injonction contre l’euthanasie des chiens, avec un potentiel de 50 000 chiens errants dans le pays.
Sulakshna Runjeet de la société Supam Export Ltd de Cap-Malheureux ne passe pas par quatre chemins pour porter de graves allégations contre le ministre Maudhoo avec la menace de porter les dessous de cette affaire devant l’ICAC en vue d’une enquête sous les dispositions de la PoCA, notamment le délit présumé de Using Office for Gratification. Soit quasiment le même auquel fait actuellement face l’ancien commissaire de police, Karl Mario Nobin. Dans une lettre signée à visage découvert au Premier ministre, elle fait état d’un chantage à peine voilée pour le renouvellement du permis alloué en août 2014 par le défunt Board of Investment pour un projet de Land-Based Aquaculture, soit une société tournée à 100% vers l’exportation.
Les malheurs de Supam Export Ltd ont commencé quand la direction n’a pas voulu obtempérer à une demande en vue de favoriser l’entrée dans ce secteur économique rémunérateur d’un proche agent du MSM, notamment du ministre Maudhoo. « In 2020, our Licence was not renewed by the Ministry of Blue Economy without any reason whatsoever. The same year, the good friend and neighbour of M. Maudhoo one M. Kurrumchund, owner of Suchi Technologies, approached us and said the only way for us to continue operations is to work with him », écrit Sulakshna Runjeet en invitant le ministre à donner sa version des faits.
Dans cette même perspective, il s’avère que l’année dernière, Suchi Technologies, qui n’a aucune expérience en biologie marine, aurait soumis au ministère de la Pêche une application Copy/Paste. Le nom de l’ancien secrétaire permanent de la Pêche, aujourd’hui muté à l’Agro-Industrie, est cité comme un potentiel témoin de cette étape et récipiendaire de cette demande de permis d’opération. « Supam Export Ltd is the first Inland Aquaculture in Mauritius using recirculating system to breed rare marine ornamental fish for export », fait comprendre Sulakshna Runjeet.
L’arrangement envisagé et présenté est que « Suchi Technologies would then have the same licence and Supam Export Ltd would operate as normal but have to pay a percentage to Suchi Technologies as “Protection Money” which means we shall have VIP service », ajoute la directrice de Supam Export Ltd dans ses dénonciations.
Devant ces obstacles à surmonter pour le renouvellement du permis, Supam Export Ltd aurait multiplié les démarches auprès des officiels du gouvernement l’année dernière, dont des contacts avec le ministre Maudhoo en octobre de l’année dernière. « We tried to renew our licence by pleading with M. Norungee Director of Fisheries, CSU portal and so on but our licence was not renewed by end of December 2020 », fait-elle comprendre en ajoutant : « We pleaded with the Minister Maudhoo in October 2020 to see to it that we have our licence renewed under Supam Export Ltd and we refuse to work with his friend. He promised the licence will be renewed under Supam Export Ltd, but M. Maudhoo kept us waiting till date. »
Devant ce cas allégué de “Business Protection Money” et de collecte de commission, Supam Export Ltd a pris la décision d’écrire officiellement au Premier ministre avec tous les détails de ce “Scandal in the Making”. Le Senior Chief Executive du ministère compétent a été également enjoint cette semaine de placer sous scellés au ministère tous les documents relatifs, dont la demande de permis soumise par l’agent du ministre Maudhoo en juin/juillet de l’année dernière « so as it does not disappear ».
En conclusion, Supam Export Ltd ajoute que « we intend of course to report to the ICAC, but since now it is the office of the Prime Minister doing their investigations on the matter, I think the Minister Maudhoo should have no reason give his version and say why he sould not resign ».
D’autre part, l’Attorney General, qui porte également le chapeau de ministre de l’Agro-Industrie, est en présence d’une assignation en Cour suprême pour le mercredi 17 février dans l’affaire d’euthanasie de chiens. Cette demande d’injonction, préparée par les soins de l’avoué Y. W. Appadu sur les instructions de Me Rex Stephen, relève de l’Ong Tilapat, dont le président est Linley Moothien.
« J’ai en effet juré un affidavit pour une injonction devant un juge en chambre. Ce dossier a été longuement travaillé avec les hommes de loi précités. Vous comprendrez la négligence animale de la MSAW, comment un haut gradé de l’Animal Welfare Unit a mis le ministre au courant de la situation, comment ce même haut grade a été transféré deux jours plus tard et comment le ministre continue à couvrir les agissements de la MSAW », déclare Linley Moothien. Et d’ajouter : « Nous nous devons de dénoncer cet état de fait car il s’agit non seulement d’abus mais de sévère non-assistance à animal en danger. Et de complicité de cruauté. Tout en proposant bien entendu des solutions et mesures concrètes. »
Des affaires à rebondissements à suivre…