Les Kistnen’s Papers, qui sont dans le domaine public depuis la semaine dernière (voir Le Mauricien du mercredi 23 décembre et Week-End du 27 décembre), pourraient peser de tout leur poids dans les pétitions électorales à Quartier-Militaire/Moka (No 8). C’est ce que laissent entendre des milieux politiques bien informés au cas où des amendements relatifs étaient apportés et acceptés par la Cour suprême aux documents déposés en greffe à cet effet. En tout cas, pour l’instant, cette option est à l’étude dans les milieux de l’opposition, notamment du Parti travailliste, dont les candidats battus contestent déjà l’élection du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de la vice-Première ministre, Leela Devi Dookun-Luchoomun, et du ministre Yogida Sawmynaden. Une décision devra être prise de concert entre les dirigeants politiques et le Legal Panel paraissant en Cour suprême.
Les Kistnen’s Papers, attribué à l’agent du MSM de Quartier-Militaire/Moka (No 8) Soopramanien Kistnen, retrouvé mort dans un champ de cannes à Telfair le 18 octobre dernier, représentent une compilation des dépenses effectuées dans la circonscription No 8 entre le 14 octobre et le 6 novembre 2019, soit à la veille des élections générales du 7 novembre, de même que tout le déploiement des agents de L’Alliance Morisien pour les dernières élections générales.
Commentant les détails publiés en long et en large dans l’édition de Week-End d’hier, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, affirme que « ce dossier ne doit pas être pris à la légère et mérite d’être étudié en profondeur afin de savoir si les documents qu’il contient sont valables ». Il note que Soopramanien Kistnen était un homme de confiance du MSM au No 8. Reste toutefois la confirmation et l’acceptation formelles que tous les documents sont de lui. « Tout cela démontre le mercantilisme politique institué par le MSM », a-t-il ajouté. Il a précisé que de tels documents, s’ils sont authentiques, ont des implications profondes sur la réforme électorale et sur le financement des partis politiques, etc.
Au MMM, la publication de ce dossier devrait être évoquée par le leader du MMM, Paul Bérenger, avec le président de ce parti, Reza Uteem, demain. Interrogé par Le Mauricien, ce dernier considère qu’aux termes de la Representation of People Act, les contestations concernant le dépassement des limites fixées pour les dépenses électorales doivent faire l’objet d’une pétition électorale dans un délai de 21 jours après les élections. Les informations contenues dans les Kistnen’s Papers ne peuvent être utilisées pour invalider les élections des députés de cette circonscription. Toutefois, à son avis, la police peut ouvrir une enquête pour parjure, car la déclaration des dépenses lors des élections doit faire l’objet d’un affidavit juré par les députés devant un magistrat. Un faux affidavit constitue de fait un délit.
Reza Uteem a rappelé qu’en 2010, Yousuf Mohamed l’avait poursuivi pour parjure par rapport à la déclaration de ses dépenses lors des élections générales, et que la police avait interrogé tous ceux avec qui il avait traité, sans toutefois le prendre en défaut.
Kushal Lobine, au nom du PMSD, considère, lui, que les Kistnen’s Papers devront être authentifiés afin de savoir qui sont ceux qui ont préparé ces documents et d’établir si toutes les dépenses ont été bien effectuées dans le cadre des élections générales, à la connaissance des candidats, ou s’ils ont donné des directives. Dans ce contexte, il faut traiter le document avec prudence, estime-t-il. Toutefois, selon lui, le document pourrait être « très utile » dans le cadre de l’enquête judiciaire qui reprendra le 15 janvier prochain devant le tribunal de Moka.