Interrogations et suspense

Drôle de fin d’année que nous vivons actuellement ! Axée autour d’une multitude d’interrogations, les unes plus complexes que les autres et conjuguée à surtout deux affaires qui défraient la chronique et qui sont préoccupantes au plus haut point. De mémoire, on ne se souvient d’aucune autre fin d’année, où autant de scandales lient, de près surtout, des membres d’un même régime dans des affaires aux toiles de fond tantôt sordides, tantôt effroyables… Digne d’un roman d’Agatha Christie ou de sir Arthur Conan Doyle !

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De l’affaire Angus Road, où se trouve directement impliqué le chef du gouvernement “himself”, au décès suspect de l’agent orange Soopramanien Kistnen, dans lequel un “high profile minister”, en l’occurrence, Yogida Sawmynaden, est concerné par de multiples façons (contrats alloués durant le confinement pour l’approvisionnement d’équipements médicaux, emploi fictif à l’épouse de l’agent décédé, allégations de “instructions to commit murder”, pour ne citer que celles-là), cette brûlante actualité nous fait réaliser qu’en une année et quelques jours de règnes seulement, le gouvernement de Pravind Jugnauth a, à son actif, un parcours des plus… mémorables !

Le comble de l’ironie, c’est qu’au tout départ, surfant sur la déferlante “Vire mam !”, fin 2014, Lalyans Lepep se vantait d’un programme politique fondé sur le « nettoyage à fond » et « plus propre que Karcher », insinuant les scandales du gouvernement sortant sous Navin Ramgoolam, à l’époque. Six ans plus tard, force est de constater que le palmarès de ce gouvernement, qui se voulait « plus clean que clean » est jonché de… scandales en tous genres !
Petit flash-back pour se rafraîchir la mémoire. Nous avons eu droit à des malversations financières (l’affaire Euroloan). Abus de pouvoir (“biscuit gate”). Corruption flagrante (“bal kouler”). Protection des petits copains et copines (salaire astronomique au MIH, nomination à l’IBA et autres cas du même acabit). Vengeances en tous genres (ex-BAI et coffres-forts). Trafic d’influence (l’homme d’affaires étranger, Sobrinho et l’implication de l’ex-présidente de la République, ainsi que la St Louis Gate et ses ramifications avec un ancien VPM). Ce ne sont là que quelques-unes des affaires qui ont le plus retenu l’attention, de 2015 à maintenant.

Quand l’affaire Angus Road est dévoilée, il y a quelques mois, nombreux sont les Mauriciens qui sont choqués d’apprendre que même le Premier ministre pourrait être directement et personnellement concerné. Et son silence têtu, couplé d’un semblant d’explications ni claires ni précises, il y a peu, n’a fait que consolider ces doutes. Mais c’était sans appréhender cet autre méga scandale. La mort suspecte de l’activiste orange Soopramanien Kistnen, dont le corps a été retrouvé partiellement calciné, dans un champ de cannes, dans la région de Moka, en octobre dernier, a estomaqué plus d’un d’entre nous, voire même, les plus coriaces ! Et il y a de quoi. Les détails entourant la mort de cet homme, des « indices » retrouvés par le panel d’avocats retenus par l’épouse de la victime, sont, comme on le dit dans le jargon, « damning ».

Des magouilles financières aux abus de pouvoir en passant par le trafic d’influence, ces délits-là semblent, en comparaison, moindres, face à ces allégations de meurtre, d’assassinat commandité, de suicide maquillé, de règlement de comptes, de muselage de la force policière, d’omerta — achat de silence contre faveurs — et d’autres pratiques douteuses des plus répréhensibles qui soient et qui semblent avoir été utilisées dans cette affaire ! Au point de se demander, mais quand une telle mafia s’est-elle installée dans notre pays, où le crime commandité n’existerait… pratiquement pas ?

S’il s’avère — puisque des enquêtes, policière et judiciaire, sont en cours — que toute cette affaire de crime organisé est vraie, nul doute que beaucoup de Mauriciens prendront beaucoup de temps et de peine à s’en remettre. Parce que s’il y a eu meurtre commandité et ingérence politique, et que cet homme a perdu la vie parce qu’il s’apprêtait à dénoncer des pratiques frauduleuses impliquant des politiciens, cela explosera carrément l’indice de confiance des Mauriciens dans ses politiques ! À ceux qui préparent la relève d’en prendre de la graine…

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