Outre le parc marin de Blue Bay, cette partie de l’île abrite ce les îlots du sud-est. Il s’agit de 5 Îlots coralliens qui renferment une flore et une faune endémiques précieuses un fort cachet historique. Nous avons été invités par le National Parcs Conservation Service (NPCS) à découvrir 4 de ces îlots à savoir l’Île de la Passe, l’Îlot Vacoas, L’Île aux Fouquets et l’Îlot Mariannes.
Crédit photos NPCS
En ce mardi matin ensoleillé et venteux, nous voilà embarqués sur un Speed boat direction l’Île de la Passe au loin vers le récif. Contrairement à lÎle aux Aigrettes – sous la garde de la Mauritian Wildlife Foundation – qui se situe assez près de la côte, les quatre autres îlots du sud-est sont toutes au niveau des récifs. La majorité se compose d’une côte plus calme car bordée par le lagon et d’une autre plus houleuse donnant directement sur la haute mer.
Bordé de verdure.
Accompagnés d’Ashvin Dooky, Acting Scientific Officer au NPCS, et de ses collaborateurs, nous posons les pieds sur l’Île de la Passe. L’atmosphère est délicieuse, le son des vagues qui s’écrasent contre les parois de l’île impressionne. Le dépaysement est complet. Le sol est bordé de verdure. Veloutiers verts et argentés, deux espèces indigènes, dominent la végétation. Entre leurs feuilles, des mouvements sur le sol sont perceptibles. Un scinque de Boger détale à toute vitesse sous nos pieds. Sa présence est également perceptible sur l’Île aux Fouquets et l’Îlot Vacoas. Plus haut, perché sur le mur d’un édifice ancien, un scinque de Bouton court se cache. Ce scinque est présent sur les 4 îlots concernés.
Ces deux espèces endémiques partagent ce territoire particulier, témoin privilégié de la grande bataille de 1810 entre Anglais et Français. Les vestiges de canon, les bâtiments en ruine, le sol bétonné à certains endroits laissent imaginer cette époque où l’histoire de notre île s’écrivait à coups de canon. L’Îlot porte ce nom en raison de sa proximité avec la passe, seule porte d’entrée qui menait au premier port de Maurice. Il avait ainsi une position stratégique permettant aux occupants de Maurice d’attaquer les navires des envahisseurs qui tentaient d’approcher la grande île.
Dégradation.
Ce lieu si important, restauré et sujet à une maintenance régulière, est pourtant en proie à la dégradation causée par certains visiteurs. Bien que le camping y est interdit comme sur les quatre îlots toutes proche, ceci n’empêche pas certains de venir bivouaquer. Certains ont d’ailleurs endommagé les structures historiques qui s’y trouvent et qui avaient été restaurées par le ministère des Arts et de la Culture. Des graffitis sont venus dénaturer les gravures laissées par les colons.
La faune endémique et indigène semble elle se délecter de l’éloignement de la grande terre. D’immenses Pandanus Vandermershii, une espèce endémique de Maurice avec le statut ‘en danger critique d’extinction’ sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ont pris possession des lieux. Bois matelot et Sainte Marie profitent également de ce territoire restreint. De l’autre côté de l’île, côté haute mer, la falaise sert d’abris au Sesuvium ayresi. Cette plante endémique aime les environnements salés, elle y est inlassablement vaporisée par les grosses vagues sui déferlent sur la région.
Nids de fouquets.
Sur la parcelle de terre voisine, l’Îlot Vacoas, le sol est rempli de nids creusés par les fouquets, Ces oiseaux de mer, ont d’ailleurs donné leur nom à L’Île aux Fouquets située à quelques dizaines de mètres de l’Îlot Vacoas. Certains de leurs oeufs sont à découvert alors que beaucoup de nids sont occupés par ces oiseaux majestueux. Dans une des parois corallienne, nous avons la chance de pouvoir observer un paille en queue à brin blanc, pas très perturbé par notre présence.
On y trouve également le Lesser Night Gecko qui est également présent sur l’Îlot Mariannes. Jusqu’ici, cette espèce endémique de Maurice, n’a pas été introduit sur l’Île de la Passe et l’Île aux Fouquets en raison de la présence d’un de ses prédateurs qui est le Common House Gecko. Ce dernier a sans doute atterri sur ces îlots par accident lors des visites humaines. “Ces habitats sont convenables mais il faudra enlever les Common House Geckos d’abord. Mais même là, il sera difficile d’assurer leur bien être en raison de la fréquentation humaine sur ces deux îlots. Les gens pourraient de nouveau ramener leurs prédateurs ”, confie notre guide.
L’Île au Phare.
Sur l’Île aux Fouquets, le sol est moins boisé. L’îlot est dominé par une ancienne structure qui abritait le phare de la région. D’où le fait qu’on appelle aussi l’endroit, l’Île au Phare. Elle est, avec l’Île de la Passe, très visitée et malheureusement polluée par les visiteurs. “C’est malheureux de constater que beaucoup de personnes y laissent leurs déchets. Nous organisons ainsi des nettoyages réguliers, une fois par semaine pendant les vacances scolaires et la saison touristique et deux fois par mois en période creuse”, indique Ashvin Dooky.
C’est l’Île aux Fouquets qui a été le plus affecté par la marée noire suite à l’échouage du Wakashio dont on peut observer les restes au loin. Les courants ayant emmené de l’huile lourde sur une partie de l’île qui est plus plate. Un monitoring régulier est fait depuis pour connaître les effets de l’huile lourde sur la végétation. Des points GPS sont pris afin de fixer les zones où se dérouleront les observations sur une période de temps.
Le vol majestueux des mariannes.
Faisant route vers l’Îlot Mariannes, nous sommes accueillis par le vol majestueux de ces oiseaux marins. Présents en grand nombre, les mariannes se composent de deux espèces différentes, le Lesser Noddy et le Common Noddy. On les voit voler à quelques centimètres de la surface de l’eau régulièrement à la recherche de nourriture. Nous sommes d’ailleurs tout aussi privilégiés de pouvoir mettre les pieds sur cet îlot géré par les Forestry Services et dont l’accès est interdit comme l’annonce le panneau.
Le sol est dominé par une végétation très courte composée de bois matelot, veloutiers et Sainte Marie. Le Lesser Night Gecko y a été introduit pour créer une sous-population dans l’éventualité d’un problème sur l’Îlot Mariannes seule autres habitat de cette espèce de gecko dans cette partie de l’île. Il n’est pas rare d’observer des oiseaux migrateurs tels que corbijeaux et des tourne pierre, sur son sol tout comme sur les îlots voisins alors que, les mariannes, viennent généralement eux s’y reposer la nuit après des journées mouvementées en mer.