Le gendarme européen du médicament examine les données du vaccin de Pfizer et BioNTech contre le Covid-19, dont l’UE finalisera « bientôt » une commande pour acheter jusqu’à 300 millions de doses, selon la Commission européenne qui table toujours sur un premier vaccin disponible « début 2021 ».
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a déjà reçu deux séries de données, en cours d’examen, de la part de l’alliance Pfizer/BioNTech mais pas encore les « données cliniques » dont les laboratoires faisaient état lundi, a souligné une porte-parole du régulateur, basé à Amsterdam.
Après l’avis de l’EMA, c’est à la Commission européenne de trancher sur la mise sur le marché d’un vaccin dans l’UE.
L’exécutif européen a conclu en septembre un accord préliminaire avec l’allemand BioNTech et l’américain Pfizer pour précommander 200 millions de doses de leur vaccin en préparation, avec l’option d’en acquérir cent millions de doses supplémentaires.
Ce contrat sera finalisé « bientôt », pour une commande allant « jusqu’à 300 millions de doses », a annoncé lundi la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qualifiant de « formidable nouvelle » l’annonce des deux groupes.
Selon l’essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d’homologation, le vaccin développé par Pfizer et BioNTech est « efficace à 90% » contre les infections au Covid-19, ont-ils annoncé lundi.
Toute commande de l’UE est cependant suspendue à l’avis de l’EMA.
« A travers un examen +en continu+ (rolling reviews), l’EMA peut exceptionnellement évaluer les données au fur et à mesure qu’elles deviennent accessibles, en amont de la demande formelle (par les laboratoires) d’une autorisation pour la vente », a expliqué lundi à l’AFP la porte-parole de l’Agence.
Concernant le potentiel vaccin Pfizer/BioNTech, « nous avons évalué une première série de données, issues d’études en laboratoire. L’EMA est en train d’examiner la deuxième série de données relatives à la qualité du vaccin, y compris sur ses composants et la manière dont il est fabriqué », a-t-elle poursuivi.
« Et de nouvelles données sur ce vaccin seront examinées de la même manière: nous n’avons pas encore pour l’heure ni reçu ni évalué les données cliniques qui émergent », a-t-elle conclu, se refusant à commenter les annonces de Pfizer et BioNTech.
« Il n’y a aucun calendrier fixé pour l’examen par l’EMA », a confirmé à Bruxelles une source européenne.
« Toute prédiction reste fort risquée, mais nous avons de bonnes indications que le premier vaccin pourrait être disponible au début de l’an prochain », même « si nous ne savons pas quel sera le premier » à être homologué, a-t-elle ajouté.
Plusieurs dirigeants européens, dont Mme von der Leyen, avaient déjà indiqué miser sur un premier vaccin accessible début 2021.
De leur côté, les Etats-Unis avaient annoncé en juillet payer 1,95 milliard de dollars pour obtenir 100 millions de doses du potentiel vaccin BioNtech/Pfizer. Le Japon a également conclu un accord avec les deux entreprises pour s’assurer 120 millions de doses.
L’UE a conclu cinq autres accords pour d’éventuels vaccins: avec le duo franco-britannique Sanofi-GSK, l’américain Johnson & Johnson, l’allemand CureVac, le suédo-britannique AstraZenaca, et la biotech américaine Moderna pour sécuriser un grand nombre de doses.
Trois d’entre eux ont été pour le moment finalisés: avec AstraZeneca et Johnson & Johnson pour acquérir jusqu’à 400 millions de doses chacun, ainsi qu’avec Sanofi-GSK, jusqu’à 300 millions de doses.
Après l’autorisation de mise sur le marché par la Commission d’un vaccin, les Etats auront « un accès égal » aux doses et il leur reviendra de décider quelles populations vacciner en priorité.