Des élus du nord de l’Angleterre ont exprimé leur colère samedi, à deux jours d’un discours au Parlement de Boris Johnson qui devrait annoncer de nouvelles restrictions dans leurs régions, particulièrement frappées par la propagation du nouveau coronavirus.
Le Premier ministre conservateur doit dévoiler lundi un nouveau système reposant sur trois niveaux d’alerte en fonction de l’incidence du virus afin de simplifier et clarifier les mesures prises localement. Dans les régions concernées par le niveau d’alerte le plus élevé, les pubs pourraient être contraints de fermer et les interactions sociales limitées.
« J’exprime publiquement ma colère », a dit le maire travailliste de Manchester, Andy Burnham, lors d’une conférence de presse via Zoom avec d’autres élus du nord de l’Angleterre. « Nous n’abandonnerons pas les habitants face à l’adversité et les entreprises face à la faillite ». L’élu a même agité la menace d’un recours en justice contre la fermeture de bars et restaurants.
Accusé de ne pas suffisamment informer les parlementaires de ses plans pour lutter contre le virus, le gouvernement avait tenté de préparer le terrain.
Le conseiller stratégique de Boris Johnson, Edward Lister, a écrit aux députés du nord-ouest de l’Angleterre pour les prévenir qu’il était « très probable » que des règles plus strictes soient appliquées dans « certaines régions ».
« Le gouvernement discutera d’un ensemble de mesures avec les élus locaux qui présentent toutes des choix difficiles », ajoute-t-il dans cette lettre.
Le gouvernement a aussi annoncé vendredi que le mécanisme de soutien à l’emploi qui n’était ouvert qu’aux salariés travaillant à temps partiel allait « être élargi aux entreprises qui doivent légalement rester fermées à cause des restrictions imposées par le gouvernement » face au virus.
Les employés de ces entreprises seront indemnisés à hauteur des deux tiers de leur salaire habituel jusqu’à 2.100 livres mensuelles. Les entreprises ne devront verser que les contributions à la sécurité sociale et aux retraites.
Des mesures insuffisantes, ont jugé plusieurs élus du nord.
« Etre payé deux tiers de votre salaire n’est pas acceptable -surtout si vous êtes au salaire minimum », a estimé le maire travailliste de North of Tyne, Jamie Driscoll.
« Les gens ne peuvent pas choisir de payer deux tiers de leurs loyers ou deux tiers de leurs factures », a renchéri M. Burnham, s’inquiétant aussi des délais d’attente pur recevoir ces paiements.
Le maire de Liverpool (nord), Joe Anderson, pense que sa ville, qui compte près de 600 cas pour 100.000 habitants sera visée par un confinement local. Il s’attend à ce que la mesure soit promulguée dès « mardi » au Parlement, a-t-il dit à la BBC samedi.
La propagation du virus s’est accélérée ces derniers jours au Royaume-Uni. La ville de Nottingham, la plus touchée d’Angleterre, compte 760,6 cas pour 100.000 personnes – une forte augmentation comparée aux 158,3 cas pour 100.000 enregistrés la dernière semaine de septembre.
Le Royaume-Uni, pays le plus durement touché en Europe avec plus de 42.000 morts, a enregistré plus de 17.000 nouveaux cas jeudi et près de 14.000 nouveaux cas vendredi.
Chaque nation constitutive du Royaume-Uni décide de sa stratégie en matière de lutte contre le nouveau coronavirus.
En Ecosse, les pubs et cafés de cinq régions, comprenant les deux villes principales de Glasgow et Edimbourg, ont fermé vendredi pour un peu plus de deux semaines, sur décision du gouvernement local.