Près d’un milliard de personne souffrent d’un trouble mental ou neurologique. Cette condition touche également une personne sur quatre. Sur l’échelle mondiale, c’est l’une des causes majeures de morbidité et d’incapacité, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Malgré ces chiffres alarmants, c’est une maladie toujours aussi tabou et stigmatisée. La Journée mondiale de la santé mentale, observée le 10 octobre, est l’occasion de sensibiliser l’opinion et de mobiliser les efforts collectifs pour combattre les problèmes liés à cette condition. Sradha Gobin Manna, instructrice certifiée en Mindfulness fait le point.
La santé mentale est définie par l’OMS comme “Un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté”. Cet équilibre est fréquemment bouleversé par des facteurs internes ou externes, engendrant troubles psychiques, détresse psychologique et une détérioration de l’épanouissement personnel. Ce qui donne lieu à des problèmes de santé mentale comme la dépression, le stress, l’anxiété, la panique, relate Sradha Gobin Manna. Sans oublier des troubles bipolaires, les troubles alimentaires, la schizophrénies, les TOC (Troubles obsessionnels compulsifs), le burn-out, etc. Les maladies mentales se caractérisent comme une détérioration de la pensée, de l’humeur ou du comportement relatif à un état de détresse et un dysfonctionnement. “Dépendant du type de trouble mental, de l’individu, de la famille et du contexte socio-économique, la gravité des symptômes est différente”, avance la thérapeute.
« Fou » ou « Folles »
Par manque d’informations autour de la santé mentale, les troubles qui y sont associés sont souvent mal perçus. Rien que le fait d’évoquer le mot « mental » laisse souvent libre cours à des interprétations négatives de part et d’autres. Hors, “c’est un mot qualificatif de l’esprit qui ne vient en aucun cas dire que le patient est fou ”. Selon la thérapeute, les mentalités doivent évoluer et les tabous autour des troubles mentaux doivent tomber. “Notre vie a drastiquement changé. Nous vivons à 200 à l’heure et ne voulons rien laisser de coté. Ce rythme insoutenable occasionne souvent du stress et peut éventuellement provoquer un burnout”.
“Si le problème n’est pas pris en charge au bon moment, il peut se transformer en psychose. Dans ce cas, un traitement psychiatrique devient incontournable”, fait comprendre notre intervenante. Il ne faut pas hésiter à chercher un soutien professionnel quand le besoin se fait sentir. Par ailleurs, les troubles mentaux dans le monde se sont accentués cette année avec la Covid-19 et le confinement. Une période qui a eu des conséquences sur l’état physiologique et psychologique de nombre de personnes. “Soudain nous avons dû faire face à de nouvelles situations de vie et cela a eu un impact important sur notre santé mentale”.
Savoir s’écouter
L’instructrice certifiée en Mindfulness est d’avis que d’avantage devrait être fait à Maurice dans le domaine de la santé mentale. “Au delà de l’intervention médicale, l’idée est d’être à l’écoute des personnes souffrant de troubles mentaux pour les alléger. Il faut consacrer plus d’efforts à guérir le coté psychique de l’esprit. Ce qui ne peut être fait qu’en s’occupant de ses problèmes sur une base quotidienne”. D’ajouter que chaque individu doit se poser des questions sur son propre état d’esprit et essayer de trouver des solutions. “Il ne faut pas laisser s’accumuler les soucis car sur le long terme, le corps et l’esprit paieront un prix encore plus lourd”.
Lors de son internat à Princeton Behavioural Services, la thérapeute raconte avoir été partie prenante d’un regroupement qui comprenait des médecins, des psychiatres, des travailleurs sociaux qui font la liaison entre les patients, la famille et le système de santé. Des psychologues et des counsellors spécialisés en thérapies de famille étaient aussi présents. Un modèle qui devrait être considéré dans le domaine de la santé mentale à Maurice.
Sradha Gobin Manna souligne surtout cette nécessité de prévenir au lieu de guérir en optant pour des mesures préventives à la base. “Dans le cursus scolaire et universitaire, des ateliers doivent être offerts”. De plus, il est important d’éduquer la population à reconnaître les signes chez soi et les autres.
Journée Mondiale
La Journée mondiale de la santé mentale, marquée le 10 octobre, vise avant tout à sensibiliser sur cette condition. C’est aussi l’occasion de joindre les efforts en faveur d’une meilleure santé mentale. Prenant en considération l’impact occasionné par les troubles mentaux, la santé mentale demeure le parent pauvre de la santé publique dans le monde en termes d’investissements et de ressources mis à sa disposition.
Activités autour du 10 octobre
Une série d’activités sera organisée à Maurice par le Centre For Counselling & Mindfulness en collaboration avec Mind Matters, Autisme Maurice et Art for a Cause dans le cadre de la journée mondiale de la santé mentale. Deux journées portes ouvertes sont prévues le 9 et 10 octobre à La City, Trianon. Au programme, table d’écoute où le public pourra parler entre 15 et 20 minutes à des psychologues en formation professionnelle. “L’idée étant de permettre à la personne d’être écoutés et de faire l’expérience du ‘Talking Cure’.”
Autisme Maurice proposera des infos sur l’autisme et les produits fabriqués par les élèves atteints de cette condition seront vendus sur place. Mind Matters partagera «un one-stop holistic way» pour adresser les maladies mentales. L’association Art for a Cause exposera les maladies mentales en tableaux dans le but de dé-stigmatiser ces maux.