Un enfant qui avait des complications de santé dès sa naissance, certes. Mais Matéo méritait-il de dormir à la belle étoile et que le gouvernement rase ce que ses parents avaient érigé comme “case” au-dessus de sa tête ? Quel enfant mérite un tel sort d’ailleurs ? Est-ce humain ? Est-ce de la « bonne gouvernance » ?
Des familles entières vivant de la mer, pêcheurs, plaisanciers et autres, qui se retrouvent sans emploi, d’abord à cause de la pandémie de COVID-19, doublé par l’énorme ratage avec le MV Wakashio : c’est le triste sort de nos compatriotes du littoral du sud-est. Et alors qu’on croyait toucher le fond – parce que pire que ce gouvernement, est-ce possible ? –, voilà que le cauchemar s’aggrave avec ces pauvres mammifères marins venus s’échouer, toujours dans cette région déjà sérieusement sinistrée !
Ajoutons à cela la déjà très longue liste de scandales de ce gouvernement, le fait, surtout, que le pays soit sur la liste noire de l’UE pour activités frauduleuses financières, entre autres, et on comprend que la population, qui réalise qu’elle se fait royalement plumer et dont les droits sont bafoués, en a définitivement marre. D’autant que plus nos politiques s’enfoncent, plus ils font preuve d’arrogance et de manque d’humanité. Alors attendre un sursaut salutaire d’eux équivaut presque à attendre que… le dodo renaisse !
Un communiqué lapidaire, sans un iota d’humanité, balancé mécaniquement : c’est l’unique formule qu’a trouvée le gouvernement de Pravind Jugnauth, plus précisément son ministère de la Santé, à l’issue de la mort du petit Matéo, 7 mois, samedi dernier. Sans même présenter de condoléances à une famille accablée et meurtrie par la douleur de voir partir trop tôt un petit être sans défense, et qui n’avait rien demandé d’autre que d’être aimé, chéri et protégé. Non. Rien ! Aucun sentiment, aucune émotion du gouvernement. Qui a plutôt opté pour l’arrogance, voire le mépris, via ce communiqué clinique. Le gouvernement de Pravind Jugnauth croit-il qu’en faisant dormir ses enfants à la belle étoile, dans le vent, le froid extrême et les pluies, il résoudra la question de logement de ces Mauriciens en situation de précarité extrême ? Et n’imaginons pas, même une fraction de seconde, que qui que ce soit présentera des excuses ! Déjà pour présenter des condoléances, les lèvres ne se sont même pas ouvertes, alors des excuses…
Quant à ces pauvres dauphins, d’ici que quelques élus viennent nous expliquer qu’il s’agit là d’un phénomène de suicide collectif, peut-être que David Koresh ou quelque autre gourou a ressuscité, qui sait, il ne faudrait pas s’en étonner ! Puisque nos politiques nous prennent sérieusement pour des… imbéciles, des idiots, des « san konpran » ! Qu’est-ce qu’on n’essaie pas de nous faire avaler depuis quelque temps ?!
Il est clair que l’une des portes de sortie de tous ceux qui n’en peuvent plus, c’est bien évidemment la manifestation de ce samedi. Pour signifier son courroux, exprimer son désespoir, faire comprendre que « enough is enough ! », qu’il est temps de tourner la page, qu’on nous écoute et qu’on arrête de nous bassiner avec toutes sortes d’histoires à dormir debout ! Qu’on arrête de nous mentir, surtout, et qu’on se mette à travailler pour le peuple. Pas pour quelques nantis et seigneurs du jour. Que ce gouvernement rectifie ses erreurs, s’il réalise d’ailleurs ses torts, et qu’il mette un terme à une politique qui résulte en ces « Zistwar revoltan » !
L’hymne de Kaya résonne plus fort que jamais. La grande famille mauricienne, comme l’a si justement relevé l’ancien président de la République Cassam Uteem sur les ondes d’une radio privée cette semaine, a été et sera toujours à l’avant-plan dès qu’une situation l’exige. Et ce, malgré quelques pyromanes qui s’amusent à jouer avec notre paix et notre harmonie… Il va sans dire que cette rue qui gronde, ce soulèvement de la masse latent, rend confus ceux qui nous gouvernent. Mais n’est-ce pas ainsi que fonctionne toute réelle démocratie ? Où un peuple jouit de ses pleins droits de s’exprimer et de dire « Assez ! ».
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