ROSE-HILL, de mal en pis…

DEVEN NAGALINGUM, Député de Stanley/Rose-Hill
Ancien maire de Beau-Bassin/Rose-Hill

La ville de Rose-Hill fait mal à voir. Jadis fleuron des collectivités locales de par sa propreté, la variété de ses commerces, la richesse de ses manifestations culturelles, ses succès dans toutes les disciplines sportives, entre autres, Rose-Hill est devenue une ville triste, morose, sans vie ; et c’est avec beaucoup de peine qu’on ne parvient pas à échapper à ce constat. Pas un seul jour ne passe sans que des appels de détresse et d’indignation n’inondent les médias : prolifération du trafic et de la consommation de drogue, absence d’activités culturelles et de loisir, problèmes de ramassage d’ordures, réseau routier chaotique, fourniture d’eau défaillante… Comment en est-on arrivé là ? À qui la faute ? Comment s’en sortir ?

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La drogue

Depuis quelque temps déjà, l’ampleur du commerce et de la consommation de drogue dans la ville se faisait sentir ; or depuis la pandémie de COVID-19, cela a éclaté au grand jour. Plusieurs endroits de la ville, jusque-là épargnés par le fléau, ont eux aussi été envahis par la drogue. Le commerce se fait au grand jour, à la barbe et au nez d’une police, occupée ailleurs. On voit dans les artères de la ville et les ruelles de ses localités, commerçants/commerçantes et clients, de plus en plus jeunes, s’adonner librement à leur commerce illicite.

Face aux responsabilités qui m’incombent en ma qualité d’élu de la circonscription n°19, j’ai à maintes reprises interpellé les autorités ‘compétentes’ sur la question, et inlassablement la réponse est ‘We shall look into the matter’. En fin de compte, the matter is getting worse !

Nul besoin de rappeler de nouveau les maux, les drames laissés par ce commerce et cette consommation de drogues synthétiques, véritables poisons pour la jeunesse mauricienne. Suffit-il de revoir les stratégies de lutte sur le plan national et les mesures de prévention? Le ministre de l’Intérieur se targue à chaque fois des chiffres qui progressent quand il mentionne les statistiques des saisies de drogue ; or, si cela n’était le fait qu’il y a encore beaucoup plus de drogues qui rentrent au pays que lors des années précédentes ? Tout porte à croire que le volume du commerce et de la consommation augmente.

Le gouvernement n’a pas hésité à instaurer un plan d’urgence sanitaire et un couvre-feu à la suite de la COVID-19. Ne faut-il pas, s’il est bien pensé et élaboré, instaurer un plan d’urgence contre la drogue ? Il est certain que des nations étrangères amies de Maurice nous donneront un grand coup de main pour mener à bien cette démarche.

Réseau routier et fourniture d’eau

À la suite des travaux de pose de tuyaux par la CWA sous plusieurs routes de la ville, les réparations nécessaires n’ont pas été effectuées, situation qui a conduit à une très grave détérioration de celles-ci. Les véhicules doivent faire des slaloms ou carrément rouler au ralenti dans certaines parties de la ville. Le contracteur ayant disparu, les habitants sont toujours dans l’attente de ces réparations, et surtout d’un bitumage digne de ce nom. Il ne suffit pas que de se livrer à quelques patches superficiels, ce qui n’arrange guère les choses. Les autorités attendent-elles que des plaintes soient logées en cour de justice par des résidents dont les voitures auraient été sérieusement endommagées, pour agir plus concrètement ?

Depuis 6 ans on promet aux habitants de la ville un accès à l’eau potable 24 heures sur 24. Or, la réalité est que cette fourniture se fait de jour en jour plus rare et quand fourniture il y a, ce n’est qu’un mince filet qui sort des robinets.

Loisir et sport

« Nou lavil koumadir enn simitier », me lance un jeune Rosehillien. Et il n’est pas loin de la vérité. Quand dans un passé pas très lointain on évoquait l’appellation Beau-Bassin/Rose-Hill, on disait « Ville de la Culture » : représentations de pièces de théâtre tant de troupes mauriciennes qu’étrangères, concerts, concours littéraires, écoles de théâtre, cours d’informatique… Était organisée annuellement au jardin Balfour La Fête des Fruits, qui remportait un immense succès en termes de participation et d’affluence. La galerie d’art était en permanence occupée par des expositions de haute facture; la Maison des Jeunes et des Loisirs au centre de la ville et les centres sociaux grouillaient constamment d’activités pour tous les groupes d’âge. Rose-Hill était le centre de la vie culturelle mauricienne.

Par ailleurs, la municipalité offrait un encadrement aux sportifs de la ville, et mettait à leur disposition infrastructures et équipements. On vit ainsi briller tant de clubs, comme Stanley United et Spoutnik, ces équipes qui devaient constituer l’Union Sportive de Beau-Bassin/Rose-Hill qui connut un succès spectaculaire au niveau national.

Aujourd’hui ? Rien. Absolument rien.

Et si l’on ajoute à ce vide culturel et sportif, un autre vide sur le plan des loisirs, il n’est pas surprenant que des jeunes, surtout par oisiveté, se laissent emporter par les sirènes des synthétiques.

La catastrophe écologique du MV Wakashio est venue de nouveau prouver l’amour que les jeunes portent à leur pays. Il en est de même pour le volontariat, la solidarité et le courage. Canalisons positivement cette énergie, nous, les responsables à la fois politiques et sociaux.

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