Philippe Hao Thyn Voon doit-il ou non « step down » en tant que président du Comité olympique mauricien (COM) ? C’est la question qui fait débat depuis que la compagnie qu’il a fondée et qui porte aussi son nom, PADCO Ltd, a été prise, fin juin, dans les mailles du filet du scandale de corruption alléguée sur l’achat des turbines à la centrale de St-Louis. Une première tête est déjà tombée avec la révocation du numéro 2 du gouvernement, Ivan Collendavelloo, alors que d’autres pourraient suivre si l’enquête est menée de façon rigoureuse et dans la transparence la plus totale.
Le sport n’a donc pas été épargné. A tel point que certains dirigeants — qui préfèrent garder, pour l’heure, l’anonymat — réclament la démission de Philippe Hao Thyn Voon du COM. Sauf que lui ne compte nullement céder sa place de président à moins que l’assemblée générale de l’organisme n’en décide autrement. Selon ses dires, il n’est plus qu’un partenaire « minoritaire » au sein de PADCO et c’est son fils, Alain Hao Thyn Voon, qui a été convoqué à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), donc pas lui.
Sauf qu’il est très important pour nous de lui rafraîchir la mémoire, notamment sur un point très précis. Partenaire « minoritaire » ou partenaire « majoritaire », Philippe Hao Thyn Voon est considéré, en tant que tel, comme faisant toujours partie de cette compagnie. Dans ce cas précis, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le sens même de l’éthique et des valeurs que prônent l’olympisme par rapport au poste, considéré de très important, qu’il occupe au sein du COM et dans le sport local.
Loin de vouloir faire le procès de Philippe Hao Thyn Voon, il est un fait qu’il reste le fondateur de PADCO Ltd ! Dans la perception populaire d’ailleurs, il est LE pilier de cette entreprise. Aussi, il serait bon de savoir, sur le plan financier, à combien sont estimés ses actions au sein de PADCO à tel point qu’il n’a plus le pouvoir d’intervenir sur des décisions importantes.
Quoi qu’il en soit, Philippe Hao Thyn Voon reste donc un homme important au sein de l’entreprise qu’il a créée il y a 33 ans. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne qu’il chérit cette compagnie qui a désormais, pour référence, d’avoir engagé plusieurs sportifs de haut niveau. Il a d’ailleurs honoré — selon les compte-rendus de la presse locale — en août de l’année dernière, dans les locaux-même de l’entreprise à Riche Terre, les employés médaillés aux 10es Jeux des Iles de l’océan Indien !
L’éclatement de cette affaire marque donc un tournant dans la carrière de Philippe Hao Thyn Voon sur un plan purement professionnel d’abord. Elle pourrait tout aussi sonner le glas sur sa carrière de dirigeant sportif. Doit-il donc partir ? Oui estiment certains dirigeants de la scène sportive. Non seulement sur une question de principe, mais aussi en raison d’un parcours qui n’aura certainement pas été exempt de tout reproche, notamment en certaines occasions.
Qui ne se souvient pas du triste épisode d’avril 2018 lors des Jeux du Commonwealth de Gold Coast en Australie qui avait mis à mal la réputation de la République de Maurice à l’échelle internationale ? Cela après les allégations d’attouchements sexuels allégués contre l’un des proches collaborateurs de Philippe Hao Thyn Voon et ancien secrétaire du COM, Kaysee Teeroovengadum. Malheureusement, la façon dont il avait personnellement géré cette affaire, en tant que président du COM, pendant et après les Jeux, est à déplorer.
Beaucoup de ceux qui l’ont côtoyé, de près ou de loin, vous diront : Philippe Hao Thyn Voon « is not the right man in the right place ». Sauf pour ceux qui continuent à le soutenir et qui n’approuveront certainement pas ce point de vue. Libre à eux de continuer à cautionner ce monsieur et de lui vouer une admiration sans bornes. Comme dirait l’autre: il faut désormais sauver « le soldat Hao Thyn Voon » et cela se comprend. A moins que notre mémoire ne nous fasse pas défaut, les Jeux olympiques de Tokyo n’ont-ils pas été reportés pour l’année prochaine ?
L’heure est donc venue pour Philippe Hao Thyn Voon de prendre un congé, voire un très long congé même du COM et du sport local, le temps que cette enquête se termine. Car tant qu’il continuera à s’agripper à son fauteuil de président, il projettera une mauvaise image qui n’est pas forcément celle qu’on aurait voulu voir. Alors, rendez un fier service au sport Mr Hao Thyn Voon: prenez la porte s’il vous plaît et…laissez le sport respirer !