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AFFAIRE RICARDO AGATHE | Blanchiment allégué — Les documents « disparus » en Cour au cœur de la plaidoirie de la défense

Ricardo Laval Agathe, alias Tipom, fait face à un procès sous une accusation de blanchiment d’argent devant la Cour intermédiaire. Or, dans ce procès, des documents qu’aurait remis Ricardo Agathe à son avocat, et qui ont été produits en Cour, ont « disparu ». Ces mêmes documents, selon Me Siddartha Hawoldar, qui avait été appelé à la barre des témoins hier, justifiaient la provenance des sommes d’argent saisies en possession de Ricardo Agathe. Me Jean-Claude Bibi, l’avocat de Ricardo Agathe, souhaite de fait que son client soit exonéré, car faisant face, selon lui, à « un procès inéquitable ».

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Le 3 octobre 2015, les enquêteurs de l’ADSU avaient saisi, dans des sacs dissimulés dans du linge sale de la salle de bains du suspect, une somme de Rs 2,6 M et 4 000 euros. Dans ce procès, la poursuite avait clos son dossier. Toutefois, lorsque le moment est venu pour la défense de plaider, celle-ci s’est vue informée qu’un dossier qui avait été produit en Cour s’était « égaré ». Même situation concernant des « Courts Records ».

En raison de cela, Me Siddartha Hawoldar, qui représentait Ricardo Agathe lors de ses requêtes devant la Bail and Remand Court (BRC) pour obtenir la liberté conditionnelle, a été appelé à la barre des témoins. Il devait ainsi expliquer que Ricardo Agathe lui avait communiqué des documents attestant de la provenance des sommes d’argent saisies. Selon l’homme de loi, ces documents comprenaient des reçus de casinos, de paris sur les courses hippiques, mais aussi des revenus que Ricardo Agathe percevaient comme marchand de fruits et de produits cosmétiques dans les rues de Port-Louis. Et Me Hawoldar d’avancer que ces documents venaient expliquer l’origine de l’argent saisi après l’arrestation de Ricardo Agathe. Mais des documents produits en Cour demeurent désormais introuvables.

Me Pooja Devi Autar-Callichurn, qui représente la poursuite, devait s’appesantir sur le fait que ces documents n’avaient pas été remis à la police, mais uniquement à Me Hawoldar, et que ce dernier aurait dû en avoir des copies afin de pouvoir les retracer si les originaux venaient à s’égarer. L’avocate de la poursuite devait de plus remettre en question l’authenticité de ces documents. Ricardo Agathe, appelé à donner sa version du box des accusés, a confirmé avoir fourni toutes les « preuves » de la provenance de son argent en Cour, mais que, désormais, ces documents ont disparu.

À l’étape des plaidoiries pour l’accusation de blanchiment d’argent, Me Autar-Callichurn a rappelé la « nature sérieuse du délit », en plus du fait que Ricardo Agathe n’a pu justifier devant les autorités l’origine des sommes d’argent saisies. Me Bibi, qui défend Ricardo Agathe, s’est appesanti sur « l’effet néfaste » pour la défense de l’égarement de ces documents, qu’ils estiment « pertinents pour l’accusé », ne manquant pas d’ajouter que ces documents étaient « supposés se trouver en lieu sûr » dans une cour de justice.

Faisant état d’un procès « inéquitable et injuste » pour des faits dont son client, dit-il, « n’est pas responsable », Me Bibi a réclamé la radiation de l’accusation portée contre son client. La poursuite devait revenir sur le fait qu’il n’y a « aucune preuve de l’existence de ces documents ». La magistrate Nadjiyya Dauhoo prononcera son verdict le 24 juillet.

Ricardo Agathe fait aussi face à un procès en Cour intermédiaire pour paiement excédentaire. Cet habitant de Sainte-Croix, âgé de 42 ans, est accusé d’avoir empoché un paiement de la somme de Rs 579 000, le 21 décembre 2014, à Sainte-Croix. Ricardo Agathe compte plusieurs antécédents pour divers délits, le premier datant de 2001. En 2017, la commission anti-corruption avait obtenu le gel de ses avoirs et de ceux de ses proches.

En mars 2019, l’accusé avait été arrêté par l’ADSU. Il était venu récupérer 1 259 g d’héroïne auprès d’un Sud-Africain à Flic-en-Flac. La valeur marchande de la drogue était estimée à Rs 18,8 millions. Jusqu’à l’heure, des biens estimés à Rs 25 millions ont été saisis du clan Agathe, avec des bijoux et des véhicules estimés à Rs 15 millions. L’opération de l’ICAC avait mené à la saisie de sept voitures et d’une motocyclette de grosse cylindrée.

 

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