La Mauritian Wildlife Foundation (MWF), ONG engagée dans la préservation de la biodiversité locale, subit les effets de la crise financière. Ses principaux bailleurs de fonds ne seront peut-être pas en mesure de la financer alors qu’elle ne peut pas lever des fonds à travers ses activités éco-touristiques. D’autre part, elle a manqué la saison de plantation des espèces endémiques et indigènes en raison du confinement alors que les volontaires étrangers, qui abattent un travail considérable, ne seront pas de la partie pendant encore longtemps.
Bien que la continuité de ses activités ne soit pas mise en danger pour l’instant, la MWF n’a pas une bonne visibilité de l’avenir sur le plan financier. Pour cause, ses sources de financement sont mises à rude épreuve, conséquence directe de la pandémie du Covid-19. Les principaux bailleurs de fonds, qui sont les zoos internationaux, se retrouvent eux-même en difficultés puisqu’ils n’ont pu accueillir des visiteurs pendant plus de deux mois. Du coup, ils seraient moins susceptibles de financer des ONG. “Beaucoup de ces zoos sont au bord de la faillite puisqu’ils ont des coûts énormes et n’ont pas eu de rentrée d’argent. Ils doivent assurer eux-mêmes leur survie avant de financer les autres”, confie Vikash Tatayah, Conservation directeur à la MWF.
Compétition pour le CSR.
Quant aux autres sources de financement, elles sont tout aussi incertaines. À commencer par le CSR qui risque d’être beaucoup plus convoité. “Nous avons de l’espoir, mais nous savons également qu’il y aura plus de compétition”, fait savoir Vikash Tatayah. Même les levées de fonds faites par l’ONG elle-même ne sont plus garanties. À titre d’exemple, les visites qui se font à l’Île aux Aigrettes récolteront forcément beaucoup moins de recettes puisque les touristes seront absents pour un bon bout de temps. “Ces financements annexes permettent de palier au manque de fonds pour certains projets.” Sans compter la baisse inévitable dans la vente des t-shirts et des livres. Par ailleurs, la MWF prévoit que les dons faits par des donateurs individuels seront moindres.
Quant à la biodiversité locale elle-même, elle a également subie les effets du confinement. Les espèces qui nécessitent des soins et un suivi réguliers ont pâti, beaucoup de plantes ont d’ailleurs succombé, principalement celles se trouvant sur certains îlots ou dans des pépinières. Certaines espèces d’oiseaux endémiques, particulièrement celles qui ont été relâché récemment, elles n’ont pu bénéficier du suivi qu’elles nécessitent dans leur nouvel environnement. “Nous avons pu remplir les mangeoires pour nourrir les oiseaux. Mais nous n’avons pas pu faire le monitoring comme il se doit, notamment dans le parc national. Par contre, nous avons pu le faire sur l’Île aux Aigrettes, car il y avait une équipe sur place durant le confinement.” Par contre, le personnel a pu rattraper tout ce qui concerne les rapports et le data entry.
Plantation ratée.
Par ailleurs, le confinement étant intervenu pendant la période de plantation, celle ci n’a pu être faite cette année. “Nous avions l’habitude de mettre en terre de jeunes plantes provenant des pépinières pendant les mois de mars et avril, coïncidant avec la saison des grosses pluies. Or, nous n’avons pu nous atteler à cette tâche très importante dans notre travail de prolifération des espèces menacées. Il nous faudra attendre l’année prochaine.”
D’autre part, le manque de main d’œuvre pourrait se faire sentir pendant les mois qui suivent. Ce, en raison de l’absence de volontaires étrangers. “Nous avons quelque 40 nationalités représentées parmi ces volontaires qui collaborent avec nous. Avec ce qui se passe au niveau mondial, ils vont réfléchir avant de prendre l’avion et venir ici. Ce qui risque de perturber nos projets”
Vikash Tatayah est un Hotspot Hero
Vikash Tatayah a récemment été honoré comme Hotspot hero par le Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF). Fêtant ses 20 ans d’existence cette d’année, l’institut a choisi notre compatriote pour faire parti des dix conservationnistes à travers le monde pour leur travail respectif au sein des 10 biodiversity hotspots où le CEPF agit. Vikash Tatayah a été choisi parmi les nombreux candidat faisant partiz du Madagascar and Indian Ocean Islands hotspot. “C’est une récompense prestigieuse. Ils reconnaissent le travail que nous abattons, c’est un gage de confiance et d’estime. Ça montre qu’on est fiable. Ça peut jouer en notre faveur au moment que les organisations prennent des décisions sur le financement”, confie le conservationniste.