— J’aurais cru qu’un ex-militant aurait pu se comporter comme un sirdar de propriété sucrière.
— Je ne comprends pas de quoi tu es en train de parler, là ?
— Mais enfin, d’où tu sors, toi ? Tu n’as pas suivi l’affaire des squatters ?
— J’ai entendu parler de loin. Qu’est-ce qui s’est passé, comme ça ?
— Le ministre des Terres a fait mettre dehors les squatters et fait écraser leurs longères dans plusieurs endroits.
— Mais pourquoi il a fait ça ?
— Ils font toujours ça. Les candidats disent à leurs partisans d’aller occuper un crown land et qu’après les élections quand ils seront au gouvernement, ils vont dresser leurs papiers.
— C’est comme ça que ça se passe ?
— Mais enfin, tu vis à Maurice même, toi ! ? Tu te rappelles pas qu’à la veille des élections des gens étaient allées marquer des terrains à Rivière-Noire en disant que c’était un député de l’endroit qui leur avait dit de faire ça ?
— Je me rappelle de cette affaire-là. Donc, ce sont les politiciens qui encouragent des gens à devenir des squatters avec la promesse de dresser leurs papiers après ?
— Ça même. Le problème c’est que bien souvent, quand les candidats sont élus et entrent au gouvernement, ils oublient leurs promesses et les squatters sont expulsés parla police.
— Mais si c’est pareil à chaque fois pourquoi, c’est un scandale cette fois-ci ?
— A cause de la rapidité et de la manière brutale dont on a écrasé les longères et jeté les squatters dehors en plein confinement
— ça s’est passé en plein confinement ?
— Oui, toi. Tu avais d’un côté le gouvernement qui a fait voter des lois pour empêcher les gens de sortir de chez eux. De l’autre côté, tu avais le ministre des Terres qui faisait écraser les longères pour mettre les squatters dans la rue !
— C’est vrai que ça paraît drôle. Peut-être que le gouvernement avait bien besoin même de son terrain pour faire passer le métro léger ?
— A Pointe-aux-Sables, à Poste Lafayette et à Riambel ! Il y a non seulement la manière brutale, mais aussi le ton violent du ministre des Terres. Il a commencé par dire que le gouvernement ne cédera pas !
— Qui c’est qui est le ministre des Terres qui cause fort comme ça : c’est toujours Soodhun ?
— Non, toi. C’est Obeegadoo maintenant qui est ministre des Terres ?
— Ne me dis pas ! C’est le même Steven Obeegadoo qui était au MMM ?
— Mais c’est lui-même et c’est pourquoi je suis choquée. Les gens disent qu’en comparaison avec la manière de faire et de parler des squatters, Obeegadoo est un butor et que Soodhun était un gentleman !
— Quoi, les gens disent ça ! Mais qu’est-ce qui est arrivé à Obeegadoo, il n’était pas comme ça avant.
— Li finn bien casiette sa laké ! De toutes les façons depuis qu’il est devenu transfuge, son langage, son ton ont bien changé. Tu as entendu tout ce qu’il a dit sur ses anciens amis ? On dirait qu’il est devenu plus orange que le plus grand agent du MSM.
— Jamais j’aurais cru ça de lui. Je me rappelle que quand Obeegadoo était dans l’opposition, il avait été visité un camps de squatters. Il avait écrit sur Facebook qu’on n’a pas le droit de laisser des êtres humains vivre dans les conditions pareilles.
— Ça c’était hier. Aujourd’hui, c’est le même Obeegadoo qui écrase les longères des squatters pour les jeter dans la rue avec leurs enfants et leurs bébés en plein hiver !
— Comme ça les gens peuvent changer du jour au lendemain ?
— Tu ne sais pas que ceux qui changent de religion, les nouveaux convertis, doivent montrer qu’ils pratiquent plus et mieux leur nouvelle religion que les anciens. En politique aussi c’est pareil, je te dis.
— En parlant de religion, qu’est-ce que les mon père qui avaient dit de voter « couper tranché » pour « nou bann » disent aujourd’hui d’Obeegadoo ?
— Qu’est-ce que c’est que c’est histoire de « nou bann la » encore ?
— Tu n’es pas au courant que pendant la campagne électorale des mon père avaient donné des consignes de vote aux électeurs dans certaines circonscriptions ?
— Vrai même ? Ces mon père la ont fait comme les socioculturels pendant les élections, alors ?
— Mais oui, toi. Des mon père ont fait campagne dans les cités pour demander de ne pas voter bloc pour un parti, mais de voter pour des candidats avec un profil précis, comme Obeegadoo.
— Ils ont dit pourquoi il fallait voter comme ça ?
– Soit disant pour avoir des députés et des ministres qui allaient défendre les intérêts de « nou bann dimounn ». Tu vois de quel électorat je veux parler. C’est parce que ces mon père ont fait cette campagne que leurs candidats, dont Obeegadoo, ont été élus.
— Excuse-moi un coup : mais est-ce que la grande partie des squatters ne fait pas partie de ce même électorat-là ?
— Mais oui. C’est pour ça même que je te demande ce que les mon père disent de la manière dont Obeegadoo a fait expulser les squatters ?
— Ma chère, on ne les entend pas. Mais comme ils sont pareils que les politiciens, je sais ce qu’ils vont dire si les squatters-électeurs vont leur demander des explications.
— Qu’est-ce qu’ils vont dire comme ça, selon toi ?
— Pas nous ça, Obeegadoo ça !
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