Dans la centaine de cas de squatting sur des terres de l’Etat durant la période de confinement, il pourrait bien se trouver quelques cas véritablement méritants qui nécessitent toute l’attention des autorités. Aussi, les prêtres qui, dès le départ, ont pris fait et cause pour ces «genuine cases» ne font qu’assumer leurs responsabilités pastorales.
Cela étant, nul ne saurait, cependant, nier que comme cela a toujours été le cas dans des cas passés de squatting, de nombreux resquilleurs, parfois, déjà propriétaires d’un logement ou détenteurs d’un bail sur un terrain de l’Etat, en ont profité pour venir tenter leur chance d’acquérir un nouveau logement ou une nouvelle parcelle à bail.
Ainsi, si tout «caring government» ne saurait demeurer insensible à l’urgence de venir en aide à une poignée de demandeurs de logement vivant véritablement une réelle détresse, il ne saurait, en revanche, démontrer la même sollicitude envers les nombreux autres petits malins qui ont réussi le tour de force, en plein couvre-feu sanitaire et alors même que la police veillait au grain, de transporter sur place des tonnes de feuilles de tôle et autres matériaux pour monter vite fait des dizaines de bicoques.
Dans tout cela, la grossière fourberie de certains, au sein de l’opposition parlementaire, apparemment «scandalisés» par «l’inhumanité» dont aurait fait preuve le gouvernement du jour pour l’éviction de ces squatters ne peut que prêter à sourire. Ceux qui ne souffrent pas encore d’amnésie se souviennent dans quelle condition un précédent gouvernement dirigé par un parti aujourd’hui dans l’opposition avait, au mois de mai 1998, chassé manu militari des squatters qui avaient commis le crime de s’installer sur le mauvais versant de la montagne à Camp Chapelon.
Cette évacuation de force avait, même, fini alors par déboucher sur une grave émeute qui paralysa la circulation routière sur l’autoroute M1 durant de très longues heures. Le comble dans ce cas d’éviction forcée à coups de matraque était que, quelque temps avant, les squatters coancernés avaient été raccordés aux réseaux d’électricité et d’eau potable à la suite de l’intervention d’hommes politiques, alors, au pouvoir.
Quelque temps avant que n’avait débuté cette brutale chasse aux squatters de Camp Chapelon, des terres de l’État avaient été gracieusement offertes à d’heureux bénéficiaires d’une circonscription où devait se tenir une élection partielle.
De même, d’autres seraient, peut-être, aussi tentés d’évoquer le sort qui fut réservé aux ex-planteurs de Riche-Terre chassé, du jour au lendemain, de leurs plantations en novembre 2010 pour faire de la place aux promoteurs chinois du projet Tianli. Projet qui ne devait, d’ailleurs, jamais vraiment, aboutir.
Ou encore parler du fameux Festival de la Terre mis en chantier par un ministre d’un autre parti aujourd’hui dans l’opposition dans les années 1980 et qui consistait à brader quelques-unes des meilleures terres de l’Etat à de petits copains et autres petits coquins.
C’est dire qu’indépendamment du bord auquel ils appartiennent, nos hommes politiques pensent toujours pouvoir s’arranger pour se présenter comme de grands vertueux tant qu’ils sont dans l’opposition. Quitte à gérer, par la suite, les affaires de l’Etat avec la plus grande perversité une fois qu’ils goûtent aux mille délices du pouvoir.