De quel type de budget a besoin notre pays dans le sillage d’une situation économique sans précédent engendrée par une crise sanitaire internationale dont les conséquences entières restent encore à être connues au fil des mois à venir ? Pour Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the Protection of the Environment and Consumers (APEC), « les nouvelles politiques du gouvernement devraient principalement se focaliser sur les secteurs productifs ».
Quant au secteur manufacturier et touristique, notre interlocuteur désarçonne en demandant : « Pourquoi les béquilles de l’État ? ». Il faudrait plutôt, selon lui, que les opérateurs dans ces secteurs « puissent avoir accès aux crédits commerciaux auprès des banques ». Et de poursuivre : « La Banque de Maurice a déjà baissé le “repo rate” et pourra le faire davantage afin que les créanciers puissent payer moins d’intérêt avec des périodes de remboursement plus étalées. » Il rappelle que le gouvernement a imposé un prélèvement de Rs 4 sur chaque litre de carburant depuis début avril, commentant : « On s’interroge encore sur l’utilisation future de ces nouveaux revenus de l’État. »
Il ajoute que « l’État devrait puiser du Covid Solidarity Fund (CSF) pour aider les familles en difficultés ». Pour sa part, Jane Ragoo, de la CTSP, se dit d’avis que l’on « a crié au loup un peu trop vite ». Or, selon elle : « En grande majorité, les entreprises n’ont pas de difficultés financières dans la mesure où leurs actionnaires reçoivent d’importants dividendes. On nous brandit le besoin de se serrer la ceinture. Ce qui n’est pas vrai, car nous ne sommes qu’un petit pays avec un peu plus de 1,2 million d’habitants. En six mois, nous pourrons facilement remonter la pente », estime la syndicaliste. Elle met cependant en garde le gouvernement contre « des largesses à tous » et attend du budget des mesures encourageant les jeunes à l’agriculture de même que des jardins communautaires. Elle demande enfin un contrôle des prix sur les produits essentiels. Haniff Peerun, président du MLC et de l’AWF, estime, lui, que le gouvernement doit à la population « un budget qui tient compte la réalité du terrain, qui permet à la population de respirer », bref que « le gouvernement mette son cœur dans son budget ».
Il rejoint sa consœur Jane Ragoo en soutenant que « la grosse majorité des compagnies génère des profits par milliards ». De fait, « le gouvernement aurait dû procéder à une étude de chaque entreprise individuellement pour évaluer leur état financier avant de les aider ». Il recommande qu’avant que les entreprises limogent leurs employés, « le gouvernement analyse leur situation financière pour voir s’il y a vraiment lieu de les licencier ». S’agissant de l’autosuffisance alimentaire, Haniff Peerun propose que « le gouvernement prenne les personnes licenciées et 15-20% des terres des établissements sucriers pour les former à la culture de légumes et l’élevage d’animaux ».
SUTTYHUDEO TENGUR (APEC) : « Ne pas oublier les Rs 4 sur chaque litre de carburant ! »
L’ampleur de la crise économique entraînée par la Covid-19 est inédite. A l’horizon, des entreprises au bord du gouffre, des dizaines de milliers de pertes d’emploi, une baisse du pouvoir d’achat. Face à ce marasme économique et social, quel type de budget préconisez-vous ?
C’est vrai que l’économie mondiale, y compris l’économie mauricienne, est à genoux en raison de cette pandémie mondiale. Dans quelques jours, aux Etats-Unis, le nombre de personnes qui seront au chômage et qui toucheront une allocation franchira la barre des 40 millions ! Et à Maurice, malgré le Wage Assistance Scheme, qui assure 50% des salaires des employés du secteur privé, il y a eu quelque 700 licenciements. La situation risque de s’aggraver davantage si les principaux secteurs économiques n’arrivent pas à reprendre leur envol d’ici l’année prochaine. Moody’s Investors Service, dans une excellente analyse publiée le 7 mai, fait un tour d’horizon de l’économie mauricienne avec un accent particulier sur notre tourisme et ses séquelles sur le pays par rapport à la fermeture de nos frontières avec l’aviation civile mondiale, qui est à terre. Il ne faut pas oublier que l’apport direct du secteur touristique du Produit intérieur brut pour 2019 s’élevait à 7%. Et si l’on inclut les retombées indirectes, notamment le transport, les services d’hébergement et d’alimentation, l’apport de ce secteur au PIB s’élevait à 24%, dont 22% pour l’emploi, et 35% en termes de recettes en devises. Donc, avec la Covid-19, ce secteur est déjà mal parti. Vient ensuite le secteur manufacturier, lequel ne fonctionne plus depuis le 20 mars dernier. Les usines ne fonctionnent pas et c’est une perte sèche. L’agriculture, elle, essaie de survivre malgré les contraintes imposées par le confinement. Quant au secteur informatique et celui des compagnies offshore, la situation est difficile, mais pas catastrophique, en raison du télétravail, qui garde ces secteurs vivants, et cela grâce à un bon réseau de télécommunications. Avec un tel tableau, Moody’s prévoit avec raison que l’économie mauricienne piquera du nez avec un taux de chômage qui avoisinerait les 17%.
Quel budget préconisez-vous donc dans un tel contexte ?
Sans être ni politicien ni technicien, comme le ministre des Finances, et en tant qu’homme de terrain à l’écoute du peuple, je pense que les nouvelles politiques que le gouvernement envisage devraient principalement se focaliser sur les secteurs productifs. A commencer par l’agriculture, où la valeur ajoutée est très forte. Avec les sucres spéciaux, qui trouvent déjà des marchés niches en Europe et ailleurs, je pense qu’un package bien ficelé permettrait de relancer l’agriculture et d’encourager davantage d’exportation de fruits (letchis, mangues, ananas et autres) ainsi bien que des légumes à haute valeur ajoutée. Bien sûr, il faut créer l’infrastructure et l’encadrement nécessaire des producteurs.
Pour les autres secteurs, dont le secteur manufacturier et le tourisme, je ne pense pas qu’accorder des “stimulus packages” à ces secteurs serait la solution toute faite. Pourquoi les béquilles de l’État ? Il faudrait plutôt que les opérateurs dans ces secteurs puissent avoir l’accès aux crédits commerciaux auprès des banques. Dans cette optique, la Banque de Maurice a déjà baissé le “repo rate” et pourra le faire davantage afin que les créanciers puissent payer moins d’intérêts avec des périodes de remboursement plus étalées. Un assouplissement des règlements bancaires pour faciliter ces opérations serait le bienvenu. La BoM pourra aussi réduire les “cash reserve ratio”, ce qui donnerait aux banques commerciales encore plus de liquidités à mettre à la disposition des emprunteurs.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le gouvernement a imposé un prélèvement de Rs 4 sur chaque litre de carburant à partir de début avril dernier. Cette mesure rapportera des milliards aux caisses gouvernementales. On s’interroge encore sur l’utilisation future de ces nouveaux revenus de l’État.
Beaucoup de ceux considérés hier encore comme faisant partie de la classe moyenne ont aujourd’hui des difficultés financières alors que les pauvres doivent aujourd’hui lutter pour survivre. Quelles mesures budgétaires pour eux ?
C’est vrai que ces deux catégories de Mauriciens qui se trouvent au bas de l’échelle sont ceux qui souffrent le plus. Depuis le début du couvre-feu sanitaire, les prix ont immédiatement pris l’ascenseur, que ce soit pour les produits de première nécessité, tels le riz, le lait, les grains secs, etc., ou encore pour les légumes à des prix exorbitants, avec la reine pomme d’amour à Rs 125 le demi-kilo. J’estime que le gouvernement devrait être aux petits soins pour ce petit peuple. Certes, il y a eu quelques mesures, notamment l’exemption temporaire d’intérêts pour certains prêts ou l’extension pour le paiement des factures, mais le gouvernement devrait faire un peu plus pour exempter ceux sur la liste sociale de paiement pour certaines factures. Pour ceux qui sont les plus aisés, mais qui se trouvent dans des difficultés financières vraiment “genuine”, l’État devrait puiser du Covid Solidarity Fund (CSF) pour les soutenir. Sinon, à quoi servirait ce fonds ? Je vous ai rappelé que l’État a déjà imposé un prélèvement de Rs 4 sur chaque litre de carburant pour alimenter ce fonds de solidarité. Je suis certain que ces milliards provenant de cette taxe sur le carburant iront à d’autres fins…
Quelles mesures pour corriger la baisse du pouvoir d’achat, sachant qu’on a vu une flambée des prix sur nombre de produits ces dernières semaines ?
Il y a eu certes un abus de la part des commerçants sans scrupule. Le ministère a opéré contre ces profiteurs, mais malheureusement, les gens dans le besoin de nourrir leurs familles ont préféré payer bien plus cher. J’espère que cette situation retournera à la normale dans quelques semaines et que les activités reprendront de plus belle avec une Consumer Protection Unit qui, espérons-le, fonctionnera à plein régime.
Les pertes d’emploi et l’appauvrissement de la population favoriseront une crise sociale avec des risques d’une montée des vols, des violences et d’autres fléaux sociaux. Quelles mesures pourraient aider à prévenir tout cela ?
L’État a fait de sa mission première la préservation d’emploi. Attendons de voir les mesures incitatives, l’encadrement approprié et les facilités que l’État proposera dans son prochain budget, dans quelques semaines.
Un dernier mot ?
Il nous faut une solidarité inébranlable de la part de tous les Mauriciens, sans distinction, pour remonter la pente et remettre l’économie sur les rails dans le but de recréer le “feel-good-factor” au sein de la population. Sans cela, nous coulerons…
JANE RAGOO (CTSP) : « Beaucoup d’entreprises peuvent encore se débrouiller »
L’ampleur de la crise économique entraînée par la Covid-19 est inédite. À l’horizon, des entreprises au bord du gouffre, des dizaines de milliers de pertes d’emploi, une baisse du pouvoir d’achat. Face à ce marasme économique et social, quel type de budget préconisez-vous ?
Pour un petit pays comme Maurice, on a crié au loup un peu trop vite. Il est vrai que le pays ayant été affecté par la Covid-19, on a dû rester chez soi pendant au moins 60 jours, et que les entreprises contribuent beaucoup à l’économie du pays. Mais, dans leur majorité, elles n’ont pas de difficultés financières dans la mesure où leurs actionnaires reçoivent d’importants dividendes, chose qu’elles continueront, selon moi, à faire. Nous reconnaissons toutefois que le secteur de l’hôtellerie et les secteurs qui y sont rattachés, comme le “landscaping”, les entreprises s’occupant du nettoyage des hôtels, les taxis, etc. seront certainement affectés. Mais on a crié au loup tout en mettant toutes les entreprises dans le même panier. Et on nous brandit le besoin de se serrer la ceinture. Ce qui n’est pas vrai, car nous ne sommes qu’un petit pays avec un peu plus de 1,2 million d’habitants. En six mois, nous pourrons facilement remonter la pente. S’il y a de bonnes conditions, avec la solidarité, la compassion et la compréhension, nous remonterons la pente facilement. Beaucoup d’entreprises peuvent toujours se débrouiller. Le gouvernement les a aidées en payant la moitié des salaires des employés pour le mois de mars. Or, elles avaient déjà bouclé leurs comptes le 20 mars. Elles avaient déjà prévu les salaires de mars. Je peux comprendre pour les mois d’avril et de mai. Mais après, tout roule comme avant. Les entreprises commencent à travailler à nouveau. Il se peut qu’il y ait lieu de faire certains ajustements par mesure de sécurité pour éviter une deuxième vague, mais je le redis, le contexte mauricien n’est pas totalement le même que ce qui se passe dans les autres pays. Les entreprises comme Dry Cleaning sont affectées, oui, mais pas les usines de bière, de thon, etc. On continuera de consommer.
Quel budget alors ?
Certainement, le budget viendra en aide aux entreprises en difficulté, comme l’hôtellerie, et nous sommes entièrement d’accord. Une fois que le tourisme redémarrera, tous les hôtels redémarreront leurs activités. Mais il ne faudrait pas faire de largesses en donnant des “stimulus packages” à tous comme si tous les secteurs criaient au loup. Il faut cibler en toute transparence les divers secteurs dans le besoin. C’est pourquoi la CTSP, dans sa lettre au gouvernement, a souligné l’importance du dialogue social et de savoir, en toute transparence, quelles sont ces entreprises qui sont vraiment affectées. Si on avait procédé ainsi, on ne se serait pas retrouvé à puiser autant dans les caisses de l’État. On a à la place procédé à un “one size fits all”. La CTSP a demandé un National Tripartite Forum et de mettre l’accent sur la production et la conservation des aliments. Par exemple, lorsque les pommes d’amour sont très abordables, on peut les mettre en boîte et les conserver. Il faut, comme dans La Cigale et la Fourmi, nous préparer pour les temps difficiles. Il faut encourager les jeunes à l’agriculture, comme la Farm City, dans le nord, où deux jeunes ont attiré d’autres jeunes pour leur montrer l’importance de l’agriculture. Il faut donc une mesure en ce sens, reproduire ce projet un peu partout dans l’île. Il faut aussi développer des jardins communautaires sur des terrains dont les propriétaires ne sont pas à Maurice et qui sont de fait à l’abandon. Il faut trouver un arrangement avec ces propriétaires pour qu’on puisse mettre ces terrains à la disposition de ceux qui veulent planter. Aussi, donner des “incentives” à ceux qui veulent pratiquer le “roof gardening”. Il faut par ailleurs accompagner les permis de construction de maison d’une obligation de “rain harvesting”. Il faut ensuite suspendre les dividendes aux patrons pendant trois ans. Tout le monde doit faire des sacrifices.
Quelles mesures pour corriger la baisse du pouvoir d’achat, sachant qu’on a vu une flambée des prix sur nombre de produits ces dernières semaines ?
Il doit y avoir un contrôle sur les prix des produits essentiels, comme le riz, la farine, le lait, les produits nettoyants, etc. Il faut dresser une liste des articles dont les gens ont vraiment besoin au quotidien. Même sur les fruits, pour avoir une alimentation saine. Il n’est pas possible qu’il y ait une montée en flèche des articles de consommation. Là où vous avez l’habitude de payer Rs 2 500 pour vos courses, vous devez maintenant débourser Rs 5 000 ! Il y a effectivement eu une hausse des prix par des commerçants malhonnêtes.
Les pertes d’emploi et l’appauvrissement de la population favoriseront une crise sociale avec des risques d’une montée des vols, des violences et d’autres fléaux sociaux. Quelles mesures pourraient aider à prévenir tout cela ?
Le gouvernement doit aider les personnes vraiment en difficulté en leur donnant Rs 10 200, qui est actuellement le salaire minimum, ce qui leur garantirait une sécurité alimentaire. Les entreprises, elles, auront eu beaucoup de concessions avec la banque, à travers l’échelonnement de leurs prêts, etc., et devraient faire de leur mieux pour ne pas licencier.
En définitive ?
J’attends un budget de solidarité et que tout le monde s’y retrouve et puisse se dire : “La Covid-19 nous a touchés malgré nous, mais l’État peut nous venir en aide.” Quand on sent qu’on n’a pas été laissés sur la touche, on est encouragé à travailler mieux pour la reconstruction de notre pays. Mais là, tel quel, avec les amendements à la loi du travail et le retrait des heures supplémentaires, etc., ce n’est pas ce sentiment qu’on a. Le budget est là pour essayer de compenser tout cela. Le Premier ministre a pourtant dit que quand la Covid-19 nous quittera, il rétablirait la loi. Dans des entretiens aux journaux africains, il se targue que notre pays soit “Covid Free”. Il faut qu’il rétablisse nos droits avant décembre 2020.
HANIFF PEERUN (MLC) : « Un budget qui permettra à la population de respirer »
L’ampleur de la crise économique entraînée par la Covid-19 est inédite. À l’horizon, des entreprises au bord du gouffre, des dizaines de milliers de pertes d’emploi, une baisse du pouvoir d’achat. Face à ce marasme économique et social, quel type de budget préconisez-vous ?
Après que le gouvernement ait passé le Covid-19 Bill, on a retiré bien des droits acquis des travailleurs, de même que dans les secteurs qui ne sont pas concernés par la santé. Le gouvernement doit venir avec un budget socialiste pour que les travailleurs et la population en général puissent faire face aux conséquences de la Covid-19. On note une hausse des prix des légumes et beaucoup n’arrivent pas à travailler. Le gouvernement doit à la population un budget qui tienne compte de la réalité du terrain, qui permette à la population de respirer. On parle toujours de se serrer la ceinture, mais ce n’est pas possible que ce soit à chaque fois ceux au bas de l’échelle et les travailleurs qui payent les pots cassés alors que les grands patrons, eux, continuent à jouir du système.
Beaucoup de ceux considérés hier encore comme faisant partie de la classe moyenne ont aujourd’hui des difficultés financières alors que les pauvres doivent aujourd’hui lutter pour survivre. Quelles mesures budgétaires pour eux ?
Il faut que le gouvernement mette son cœur dans son budget. Il faut descendre sur le terrain et ne pas rester dans son bureau à écouter ce qu’on dit. Pourquoi ces ministres ne descendent-ils pas sur le terrain, tâter le pouls de la population, voir si elle vit bien, si avec le Covid-19 Bill, leur liberté fondamentale est respectée ? Nous estimons que le gouvernement doit trouver un moyen idéal pour que les travailleurs puissent respirer.
Outre le tourisme, quels sont les secteurs qui mériteraient un soutien plus appuyé ?
La grosse majorité des compagnies génèrent des profits par milliards. Le gouvernement aurait dû procéder à une étude de chaque entreprise individuellement pour évaluer leur état financier avant de les aider à travers des “stimulus packages”, qui proviennent de l’argent des contribuables. Non seulement le gouvernement les aide-t-il à travers les “stimulus packages”, mais il a aussi baissé le “repo rate” à travers la Banque de Maurice, ce qui est à l’avantage des grands patrons. Par contre, les petits épargnants, eux, n’arrivent pas à économiser, car le taux d’intérêt est de moins de 1%. De tout temps, à chaque budget, c’est la classe moyenne qui souffre le plus. L’an dernier, MLC avait dit qu’il ne peut y avoir une seule catégorie de taxables à 15%. Est-il logique qu’un salarié moyen et un grand patron payent 15% de taxe uniformément ? Depuis l’an dernier, le gouvernement a ramené la taxe à 10% pour ceux touchant jusqu’à Rs 50 000. Mais si un employé touche Rs 50 050 ou Rs 50 100 ? À cause de Rs 50 ou Rs 100, il doit payer 15% de taxe. C’est une anomalie que le gouvernement doit corriger dans ce budget.
Qu’en est-il des PME et des indépendants ?
Il y a des PME qui sont très florissantes. Les plus petites peuvent avoir des difficultés. Elles doivent se réinventer et le gouvernement peut les aider à travers une formation du NPCC, par exemple, afin de faire face à n’importe quel contexte difficile.
Quelles mesures contre la baisse du pouvoir d’achat ?
Il faut arrêter avec la politique visant à se “serrer la ceinture”. Ce n’est pas possible que ce soient toujours les petits travailleurs qui doivent se serrer la ceinture alors que les ministres et députés continuent, eux, de jouir. Pourquoi ne pas diminuer leur paie ? Comparé à d’autres pays, leur salaire et “entertainment fees” sont exorbitants. On ne voit plus de promotions dans les supermarchés. Des pharmacies font des profits de près de 500% sur des médicaments. Il faut changer tout cela.
Les pertes d’emploi et l’appauvrissement de la population favoriseront une crise sociale avec des risques d’une montée des vols, des violences et d’autres fléaux sociaux. Quelles mesures pourraient aider à prévenir tout cela ?
Avant que les entreprises limogent leurs employés, le gouvernement doit analyser leur situation financière pour voir s’il y a vraiment lieu de les licencier. Pour nous, ces grosses compagnies sont en train de diversifier leurs activités. Elles prennent l’argent de la compagnie pour créer d’autres compagnies. Par exemple, l’industrie sucrière est entrée dans la production de l’éthanol, dans l’hôtellerie, dans l’éducation tertiaire… Non seulement elle s’est diversifiée, mais elle a aussi délocalisé ses activités aux Seychelles, au Mozambique, à Madagascar… Le gouvernement, donc, avant de puiser dans l’argent des contribuables, doit faire un état des lieux de chaque firme pour voir si vraiment elles ont besoin d’argent alors que les directeurs reçoivent de grosses paies et dividendes. Au niveau de l’autosuffisance alimentaire, le gouvernement peut prendre les personnes licenciées et 15-20% des terres des établissements sucriers pour les former à la culture de légumes et l’élevage d’animaux. Cela leur permettrait d’obtenir un salaire à travers la vente de légumes et de viande.
Un dernier mot ?
N’importe quel membre de la population vous dira que les prix des produits de consommation sont exorbitants. Si le gouvernement a pu contrôler les prix de la pomme de terre et de l’oignon suite au mécontentement de la population, il peut tout aussi bien contrôler les prix des autres articles utilisés au quotidien, comme le riz, le lait, l’huile, les médicaments… Il faut abolir la TVA sur la facture de téléphone, car avec le confinement, les gens sont restés à la maison et les outils de communication sont devenus un “must” pour communiquer. L’Internet doit être gratuit. Il n’y a aucun “scheme” pour les épargnants avec un taux d’intérêt de moins de 1%. On voit le secteur privé crier au loup. Mais si les entreprises du secteur privé font vraiment des pertes, qu’elles ouvrent leurs actions aux employés si elles n’arrivent pas à payer leur “overtime” ou “bonus”. Qu’elles les payent en actions. Il y aurait une transparence au niveau du chiffre d’affaires et les employés seraient plus “committed”.