Alors que nous nous approchons de la fin de l’état d’urgence sanitaire, annoncé pour le 1er juin, la peur et l’angoisse par rapport à la Covid-19 commencent à se dissiper. Voilà un peu plus de trois semaines que le pays n’a pas enregistré de nouveaux cas d’infection. La performance mauricienne est même saluée par la presse internationale, notamment en France. À Maurice, une étude réalisée par le chef du sous-département de médecine du département des sciences de l’université de Maurice, Marie-France Chan Sun, arrive à la conclusion suivante : « Mauritius, a Small Island Development State, is in the process of getting ahead of the COVID-19 epidemic curve thanks to the fast and bold implementation of lockdown/curfew with the required extension for prevention of any resurgence. »
Toutefois, la vigilance reste de mise. Comme l’a affirmé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, jeudi après-midi, le combat contre le virus n’est pas encore terminé. « Il nous faut rester vigilants et éviter de prendre des risques inutiles. Les précautions sont cruciales pour la santé et pour protéger la santé à Maurice. » Le représentant de l’OMS, Laurent Musango, reconnaît les progrès réalisés dans le combat contre le virus à Maurice, mais considère que le pays n’est pas encore arrivé au niveau de « Covid-Free Country ». Il y a encore le risque que des cas importés soient enregistrés. D’où toutes les précautions strictes prises par Air Mauritius et par les responsables mauriciens dans le cadre de l’exercice de rapatriement des Mauriciens bloqués à l’étranger. Les passagers doivent être munis d’un certificat d’un test effectué cinq jours avant leur embarquement et accepter de rester en quarantaine à leur arrivée au pays. Quelque 1 500 Mauriciens arrivant de l’étranger sont jusqu’ici passés par les centres de quarantaine sans aucune distinction. Tous les exercices de rapatriement doivent obligatoirement être approuvés par le Covid Committee, présidé par le Premier ministre. Ce comité aurait rejeté récemment une proposition des personnes bloquées aux Maldives pour qu’elles organisent elles-mêmes leur retour au pays.
Les regards sont maintenant tournés vers le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui a rencontré cette semaine les représentants de divers secteurs économiques, syndicaux, sociaux et artistiques avant de rencontrer le chef du gouvernement hier. La population attend avec impatience maintenant le plan d’action de la reprise économique qui, comme l’a annoncé le ministre des Finances, fera partie intégrante du budget qui sera présenté le 4 juin.
Le Premier ministre a déjà commencé à préparer les esprits à la crise économique qui s’annonce. « Nous sommes dans une situation sans précédent, sans aucune visibilité quant à l’ampleur de la crise économique à laquelle nous sommes confrontés », a-t-il fait comprendre, avant de solliciter l’aide de tous les partenaires. Et d’annoncer que les priorités budgétaires seront la préservation de l’emploi ainsi que la relance de l’investissement et des activités économiques. Face à la situation économique, au plus bas avec une prévision de contraction de la croissance variant de -7 à-11 % et un chômage qui risque de passer de 40 000 à 100 000, le secteur privé réclame des mesures exceptionnelles, même si elles sont difficiles. Business Mauritius présente les dispositions légales de la Covid-19 Act concernant les lois sur le travail comme une « nécessité pour protéger l’emploi et pérenniser l’entreprise. »
Mais les travailleurs du pays, dans leur ensemble, ne voient pas les choses du même œil, d’autant plus qu’ils considèrent que malgré le déconfinement et la fin de l’état d’urgence sanitaire, ils auront les mains liées par la Covid-19 Act et la Quarantine Act. Les employés de tous les secteurs économiques sont aujourd’hui gagnés par l’angoisse et l’inquiétude. Si la pandémie constitue une attaque directe à la santé et à la vie de chacun, la crise économique dans laquelle nous nous engageons constitue cette fois une menace pour le pain quotidien d’un grand nombre de Mauriciens. Le ministre des Finances pourra-t-il proposer des mesures qui soient inclusives et résilientes ?