La population appelée à soumettre ses propositions sur la forme de cet événement
La plateforme Covid-19 Konversasion Solider, qui regroupe des organisations syndicales et citoyennes, ainsi que l’association des petits planteurs et des militants écologistes, entre autres, prévoit une mobilisation après le 1er juin. Objectif : dénoncer les amendements apportés à travers la Covid-19 Act et la Quarantine Act. Pour Ashok Subron, les opposants « ont perdu une bataille, mais pas la guerre ». Raison pour laquelle il invite les citoyens à donner leur avis et à soumettre leurs propositions pour l’organisation de cette mobilisation. Un formulaire sera mis en ligne à partir d’aujourd’hui à cet effet.
Le Covid-19 Bill et le Quarantine Bill, votés à l’Assemblée vendredi dernier et promulgués le lendemain, sont toujours contestés par les mouvements syndicaux et de nombreux citoyens. Pour Rashid Imrith, président de l’All Employees Confederation, « c’est une étape bien sombre dans l’histoire du pays ». Il a critiqué le fait que la loi sera appliquée avec effet rétroactif et a cité l’exemple des enseignants n’ayant pas assuré les cours en ligne et qui risquent de perdre leur emploi. Il a également déploré le fait que la demande pour un Universal Minimum Grant, à l’intention de ceux qui perdront leur emploi, n’ait pas été prise en considération.
Ashok Subron, de la General Workers Federation, a, lui, indiqué qu’avec les amendements apportés à travers la nouvelle loi, « Business Mauritius a gagné ». Et de poursuivre : « Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. » Avant de dénoncer l’attitude « irresponsable » du gouvernement, « qui a voté une loi sans que les dispositions nécessaires pour protéger les travailleurs soient prises en considération ».
« Aujourd’hui, l’employeur n’a plus l’obligation de fournir des masques à ses employés. De même, le ministre Soodesh Callichurn est venu nous dire que les nouvelles conditions de travail des ‘security guards’ ont été suspendues et que ces derniers seront contraints de travailler 72 heures à nouveau. » Le pays, a-t-il ajouté, « a basculé dans la dictature » avec un « hybride trois-pièces, composé du gouvernement, de Business Mauritius et du commissaire de police ». Ashok Subron a une nouvelle fois déploré les amendements aux lois du travail. Selon lui, les dispositions sur le « leave without pay » ont été introduites « pour accommoder les patrons des hôtels et d’Air Mauritius ».
De même, le Portable Gratuity Retirement Fund a été « achevé en deux paragraphes », a-t-il déclaré. Il met toutefois en garde contre « la manière dont on calculera les compensations » et contre « le risque d’appliquer un système de ‘recycling fee’ ». Raisons pour lesquelles « il faut organiser une grande mobilisation après le confinement » – période qui devrait prendre fin le 1er juin. « Nous invitons les citoyens et les organisations à faire des propositions à ce sujet. Un formulaire sera mis en ligne à partir de mardi. Nous déciderons de la marche à suivre. »
Kugan Parapen, de Rezistans ek Alternativ, a dénoncé le fait que le gouvernement « puisera dans les réserves de la Banque de Maurice pour le développement économique ». Selon lui, « on est en train d’ouvrir une porte dangereuse », avant de poursuivre : « Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que le gouvernement puise dans les réserves de la BoM. Il avait déjà pris Rs 18 Mds pour le dernier budget. C’est un signe que l’économie allait déjà mal, que nous étions déjà très endettés. Aujourd’hui, on profite du Covid-19 pour mettre la main dans les réserves. »
Ce dernier a aussi critiqué « la manière donc le gouvernement calcule dorénavant les dettes », et qui pourrait, selon lui, « cacher les chiffres réels ». Kugan Parapen a également mis en garde sur l’apport du secteur offshore sur le PIB, étant donné la nature « volatile » du secteur. Selon lui, on peut se retrouver avec un « capital outflow » à n’importe quel moment et, pour cela, « il aurait fallu augmenter les réserves ». Il a ajouté que l’article 7 de la Public Debt Management Act « était un garde-fou pour ne pas endetter » la population. « Ça a été enlevé, donnant ainsi carte blanche au ministre des Finances pour endetter. »
Kreepalloo Sunghoon, de la Small Planters’ Association, a pour sa part dénoncé « l’absence de mesures pour la sécurité alimentaire ». Selon lui, le gouvernement a laissé la production « entre les mains des compagnies sucrières ». Et de rappeler que celles-ci occupent actuellement 22% de la production locale, particulièrement en pommes de terre, « et elles pourraient occuper une place plus importante au détriment des petits planteurs ». Il développe : « Les planteurs, éleveurs et pêcheurs ont été ignorés. Alors que d’autres pays considèrent l’alimentation comme un secteur essentiel, le gouvernement mauricien n’a rien prévu pour nous. Les prix des semences et des fertilisants ont doublé quand ils ne sont pas en rupture. Aujourd’hui, la production agricole est devenue une affaire de capital. »
Enfin, Alain Tolbize, de la Rodrigues Workers Federation, a déploré « les atteintes aux droits humains » dans la Quarantine Act. « Cette loi concerne tous les citoyens de la République. Il y a des amendes très élevées pour des délits mineurs, voire banals. La police a obtenu un pouvoir abusif afin de procéder à des arrestations sans ‘warrant’. Les pouvoirs qui auraient dû être avec les autorités sanitaires sont aujourd’hui détenus par la police. »