Signes

Les signes d’un retour vers une certaine réalité, que nous avions quelque peu occultée, voire presque oubliée, ces dernières semaines, pandémie de Covid-19, avec son confinement, oblige, se sont manifestés (bruyamment). On pense ici surtout au « I order you out » du Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, à l’égard du leader mauve, Paul Bérenger, ce mardi 5 mai. Les travaux ont (enfin !) repris. Et il n’a pas fallu plus que cette toute première journée pour marquer le retour des scènes et entendre les mots qui caractérisent si régulièrement le déroulement des activités au sein de cette auguste assemblée !

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Les clips et ‘memes’ qui circulent, depuis, sur les réseaux sociaux, mettant l’accent sur le « mal élevé » de Bérenger et le « Repeat it ! I order you out ! » de Phokeer sonnent tel un rappel brutal. Comme ces souvenirs que l’on chasse volontiers parce que trop puérils et qui n’apportent rien de concret. Et dire qu’on avait pensé que certains auraient tiré des leçons positives du passage de l’épidémie du virus mortel tant chez nous que dans le monde ! Wishful thinking…

Signes d’un temps qui cause également de graves inquiétudes : la situation financière de la SBM. Mise en avant, cette semaine, cette institution bancaire, ayant pour actionnaire principal l’État, fait face à une crise qui fait sourciller et penser, inévitablement, à l’autre fer de lance de la nation, Air Mauritius, la compagnie d’aviation qui bat de l’aile… dangereusement. Comment ces deux entités étatiques vont-elles s’en sortir ? Mais surtout, dans le cas de l’établissement bancaire, les épargnants seront-ils… épargnés, afin de ne pas perdre leurs modestes économies qu’ils y ont placées en toute confiance ? Il va sans dire que bon nombre de Mauriciens, déjà accablés financièrement, avec les retombées catastrophiques de la pandémie de Covid-19 sur leurs vies, sont doublement tracassés face à cette nouvelle tournure des événements. Les interrogations fusent. S’achemine-t-on vers un crash financier national ? Le gouvernement saura-t-il à temps rassurer concrètement ceux qui sont directement concernés et qui souhaitent, avant tout, protéger leurs familles dans cette perspective économique qui s’annonce des plus rudes que l’on ait connues ?

Autre signe très perturbant cette semaine : la mort en cellule d’un détenu. Les circonstances dans lesquelles le cadavre de Jean Caël Permes, 29 ans, a été retrouvé, ainsi que le rapport d’autopsie remis par les services médico-légaux de la police sont pour le moins troublants. Comment un détenu qui venait d’être transféré de la prison de Beau-Bassin à celle de haute sécurité de La Bastille, à Phoenix, a-t-il trouvé la mort sept heures seulement après ce transfert ? Ce décès ramène sur le tapis celui d’un autre détenu, survenu le 20 mars dernier.

On se souviendra, en effet, que des incidents éclatèrent, ce jour-là, à la prison de Beau-Bassin dans le sillage de la découverte des trois premiers cas de porteurs du Covid-19, dans le pays, à l’issue desquels un détenu, Louis Michael Louise, âgé de 41 ans et habitant Batterie Cassée, Roche-Bois, trouva la mort. L’homme est censé avoir participé aux incidents qui secouèrent fortement l’institution pénitentiaire. Mais cela n’explique aucunement les circonstances dans lesquelles il a perdu la vie. Dans un point de presse sur ces incidents, l’actuel Commissaire des Prisons, Vinod Appadoo, n’évoqua pas cette question. D’ailleurs, les causes de la mort de ce détenu n’ont jamais, jusqu’à présent, été évoquées de manière officielle et transparente. L’ancien patron de l’ADSU, qui a été nommé CP au départ à la retraite de Jean Bruneau, s’est distingué, jusqu’à présent, par son mutisme sur cette question. À ce stade, il ne s’est pas prononcé non plus sur la mort de Permes à La Bastille. Saura-t-on un jour dans quelles circonstances claires et exactes sont morts Louis Michael Louise et Jean Caël Permes ?

Et, dans la même veine, on peut également se demander ce qu’en pense la cellule de la National Human Rights Commission, tout également silencieuse sur les questions relatives aux problèmes survenus dans nos prisons, ces dernières années… On se souviendra que, sous la férule de Me Hervé Lassémillante, ancien Deputy Chairperson du National Preventive Mechanism Division, ce département menait régulièrement des visites dans nos geôles et communiquait également sur ces questions délicates. La nouvelle équipe néanmoins est comparativement… très discrète, pour dire le moins.

L’opacité, on ne cessera jamais de le dire, n’arrange rien. Les détenus ne sont pas des enfants de chœur. Mais il en demeure qu’ils sont des êtres humains à part entière. Et en tant que tel, toute forme de maltraitance à leur égard doit être franchement dénoncée et punie, si avérée.

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