La stratégie de sortie du confinement est en phase de réflexion dans bon nombre de pays. Si les modalités du déconfinement passeront vraisemblablement par le maintien de « mesures de distanciation sociale », la question de l’usage du traçage numérique des malades afin de lutter contre la pandémie se pose avec plus d’acuité au sein de plusieurs Etats, même si ce système est susceptible de bafouer le champ des libertés individuelles.
Les gouvernements français et allemands envisagent sérieusement d’avoir recours à une application pour retracer les contacts qu’ont eus les malades du Covid-19. Selon nos informations, les autorités mauriciennes auraient sollicité l’expertise des Singapouriens dans l’optique de développer une application basée sur une technique de partage de données par Bluetooth.
Ce « nouveau concept » de contact tracing par le biais des nouvelles technologies permet de remonter à des patients sources, d’identifier des chaînes de contamination dans l’optique de freiner la diffusion de l’épidémie. Le principe est simple : lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique.
L’exemple de la Corée du Sud, qui a mis en place un système de traçage numérique pour suivre les déplacements des malades, est sans doute le plus souvent cité. Le suivi de contacts est présenté d’ailleurs comme une clé de son succès dans la lutte contre le Covid-19. Grâce aux données de géolocalisation transmises directement par les opérateurs aux autorités, une personne qui a été en contact rapproché avec une personne infectée peut être alertée et donc se faire tester.
« Trace Together »
Singapour est aussi citée en référence, avec un concept assorti cette fois d’une application basée sur le volontariat. C’est le Bluetooth qui est au cœur du système d’identification des malades et des contaminés potentiels. « Trace Together », le nom de cette application, figure déjà sur le portable d’un million de personnes sur 5, 6 millions d’habitants et permettrait de suivre les contacts dans l’espace public.
Selon les informations glanées par Week-End, le gouvernement mauricien serait en pourparlers avec les autorités singapouriennes pour implémenter ce système à Maurice dans la perspective d’un déconfinement.
La portée du Bluetooth permet de connecter un téléphone à l’autre ou tout autre appareil connecté autour de soi de quelques mètres lorsqu’il est activé. Selon une source proche des négociations, cette application permettrait à une personne de savoir si elle a croisé une personne contaminée, le tout de manière anonyme. C’est même rétroactif : si une personne est testée positive a posteriori, les gens qui l’avaient croisée il y a quelques jours sont prévenus et invités à rester chez eux ou à effectuer un test.
Berlin et Paris seraient sur le point de lancer leurs propres applications mobiles, basées sur le Bluetooth également. En France, le Premier ministre Edouard Philippe serait d’ores et déjà opposé à un suivi « obligatoire » et serait plus ouvert à une application installée sur la base d’un engagement volontaire.