L’industrie des courses est frappée de plein fouet avec le confinement sanitaire imposé par les autorités gouvernementales dans le but de contrer la propagation du Covid-19 qui, à l’heure où nous mettions sous presse, a déjà infecté 314 personnes sur le territoire mauricien. Si le Mauritius Turf Club (MTC) avait prévu de débuter la saison le 21 mars dernier – repoussé au 28 du même mois pour cause d’intempéries et une piste rendue impraticable –, à ce jour, l’organisateur des courses n’a aucune visibilité quand à la date où il pourrait débuter ses activités. Du côté des têtes pensantes du club de la rue Eugène Laurent, on réfléchit à toutes les options et celle qui semble être privilégiée à ce stade, est la tenue des courses à huis-clos. Mais que se demandent les plus avertis? Dans les coulisses, on évoque dans les trois semaines, suivant la levée du confinement. Entretemps, le MTC, comme beaucoup d’entreprises, se retrouve asphyxié en raison d’un manque de liquidités. Le Mauricien-Week-End est allé aux renseignements afin de tâter le pouls de ceux concernés pour en savoir plus.
Sans les bookmakers
D’emblée, il faut savoir que l’industrie emploie directement plus de 350 personnes et indirectement ils sont des milliers à s’y fier pour leur gagne-pain. Si provision a été faite pour que les salariés du club obtiennent leur dû pendant l’intersaison, les caisses sont quasi vides depuis mars. Pour faire face à cette situation, le MTC a dû avoir recours au Wage Assistance Scheme, mis en place par le gouvernement, pour payer ses employés le mois dernier et il nous revient que la situation serait catastrophique, si jamais le MTC ne pouvait démarrer ses activités en mai.
Selon une source proche du MTC, les Administrateurs se sont rencontrés la semaine dernière pour étudier de près les possibilités pour une éventuelle reprise. Il a été trouvé que ne rien faire équivaudrait à une mort certaine de cette industrie. Des milliers de personnes perdraient leur emploi et le gouvernement serait aussi privé d’un gros manque à gagner, qui dans le cours normal des choses, s’élève environ à Rs 800M. Demander de l’aide à l’Etat et aux banques commerciales comme l’écrit Mike Rishworth, le CEO du club, dans un communiqué en date du 9 avril, (voir hors texte) aurait aussi été évoquée, mais il nous revient que la solution privilégiée serait de faire des courses à huis-clos comme cela se fait dans certains pays.
Entraîneurs sur le pied de guerre
Le huis-clos voudrait dire des courses sans spectateurs sur le champ de courses, sans oublier que personne n’aura le droit de venir assister au training quotidien. Ce qui fait que le MTC ne pourra recevoir des revenus que lui procure la vente des cartes d’entrée. Le huis-clos veut aussi dire que les bookmakers ne pourront offrir des paris aux parieurs, donc point de revenus, alors que tout le monde sait pertinemment que les bookmakers, bien qu’ils ne soient plus en grand nombre – une trentaine seulement –, sont ceux qui renflouent le plus les caisses du club (voir hors texte). Ce qui fait que seuls le Tote, SMS pariaz et ses autres compagnies seront appelés à le faire. La question qui se pose alors est la suivante: cela suffira-t-il pour aider le club à respirer en sachant que le public turfiste pourrait avoir d’autres priorités après la fin du lockdown, surtout après le coup dur porté à sa bourse après l’arrêt des activités économiques. Un manque de sponsors est aussi craint, ce qui pousserait alors le MTC à réduire les stakesmoney. Tout serait donc entre les mains de l’Etat et de la GRA, même si on sait qu’à l’heure actuelle, c’est le Covid-19 qui monopolise l’attention. On devrait en savoir un peu plus la semaine prochaine quand le club aura officiellement effectué sa demande pour organiser des courses à huis-clos.
Le Mauricien-Week-End s’est aussi tourné vers la communauté des entraîneurs pour en savoir plus. La majorité déclare être en mesure d’aligner des représentants trois semaines après la fin du lockdown. Il y a toutefois une appréhension du côté de l’établissement Gujadhur qui a coupé net l’entraînement de ses chevaux depuis deux semaines, après avoir invoqué un manque de protection pour ses palefreniers, sans oublier celui de Jean-Michel Henry qui lui, a éprouvé des difficultés pour réunir son staff. « Pour le plus vieil établissement, ce sera difficile. » nous a-t-on déclaré.
« Il lui faudra tout recommencer à zéro alors que les autres ont continué à s’entraîner même si des galops n’ont pas été effectués. On a pris les dispositions nécessaires pour que le travail continue tant bien que mal. Les palefreniers s’entre-aident au niveau du transport alors que certains ont carrément élu domicile au sein de l’établissement », déclare un entraîneur. On apprend que ces établissements ont été quelque part contraints à ne pas couper la nourriture de compétition, faute de pouvoir s’approvisionner en cool food. « Ce qu’on a fait, c’est de ne pas donner des vitamines aux chevaux. Cela ne nous prendra pas plus de deux semaines pour les remettre en condition de courir. »
Concernant les jockeys, ce sont surtout les cavaliers locaux qui devraient être sollicités, vu qu’on ne sait pas quand les aéroports rouvriront leurs portes et devront avoir l’autorisation de transporter à nouveau des passagers et aussi, si ces derniers pourront fouler notre sol dans un proche avenir.
« Pour nous aussi, la situation est très difficile. Les établissements qui ont bien fait la saison dernière ont pu joindre les deux bouts plutôt facilement. Mais la sonnette d’alarme ne saurait tarder. Vous n’êtes pas sans savoir que le keep est un moyen pour nous pour bien gérer un établissement. Mais, comme la majorité des gens ne travaille pas, nous aurons à faire face à un manque d’argent. Si les courses ne reprennent pas leurs cours incessamment, on sera obligé de mettre la clé sous le paillasson et plus de 400 chevaux se retrouveraient à la retraite. » Voilà ce qui résume bien, le pétrin dans lequel se trouve le MTC en ce moment.