La pandémie de Covid-19 a mis en suspens toutes les activités sportives. La Confédération africaine de football (CAF) a renvoyé à une date ultérieure la majorité de ses compétitions. Alors qu’en Europe, les championnats ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Hier, lundi 6 mars, la Mauritius Football Association (MFA) a pris une décision drastique : l’annulation pure et simple de toutes les ligues, à savoir la Super League, la National Division 1 et 2. Et ce, à seulement quelques matchs de la fin de la saison.
Aucune équipe de ces trois championnats n’a donc été sacrée ou reléguée.
Dans cette affaire, des rumeurs d’une possible annulation des ligues mauriciennes circulaient depuis quelques semaines. On nous fait comprendre que certaines équipes, considérées comme proches des autorités dirigeantes, se trouvent en difficulté dans les classements.
L’annulation des ligues intervient, de fait, sur fond de gronde dans le football mauricien, notamment auprès des équipes qui étaient à quelques journées du sacre.
« Aberration ».
« L’annulation des ligues est une bonne chose pour certaines équipes qui allaient être reléguées. Pour leur part, les équipes qui bataillent pour la monter et pour être champions sont pénalisées », relève Shakeel Goburdhun, Team Manager de l’Union Sportive de Beau-Bassin/Rose-Hill, classée deuxième de D1.
« On ne peut prendre une telle décision alors que la ligue est presque terminée », fustige-t-il. « Pourquoi Maurice a-t-elle arrêté ses ligues alors que la Fifa n’a pas encore pris de décision? ».
« Il ne nous restait que cinq matchs. Il aurait fallu attendre au lieu d’annuler la ligue aussi soudainement », plaide Jayesh Rampadarath, Team Manager de GRSE Wanderers SC, classé premier de la Super League.
« C’est triste pour nos joueurs », ajoute-t-il. « Ils étaient motivés et continuaient leurs entraînements chez eux malgré le confinement. C’est comme une saison blanche qui n’a jamais existé. Tous ces efforts dans le vide ».
Pour Khooshal Mussai, président de Curepipe Starlight SC, classé deuxième en D2, « durant les huit derniers mois, les joueurs ont fait des sacrifices ». Il souligne qu’« il y a les sponsors et le ‘tax payers money’ en jeu dans chaque club ». Ainsi, dit-il, « Toutes les équipes sont pénalisées. C’est la pire décision prise dans le sport mauricien ».
Shakeel Goburdhun estime qu’un tel arrêt ne peut être pris à la légère. « Cette décision aurait dû passer par une assemblée. Après le confinement, nous devons tous nous réunir afin de décider de la marche à suivre », conclut-il.
Samir Sobha, président de la MFA : « La majorité a
accepté d’aller dans cette direction »
Contacté par lemauricien.com, Samir Sobha, président de la MFA, soutient qu’« un mail a été envoyé. Sur 26 équipes, uniquement trois ont répondu négatif à la décision (d’annuler les ligues). La majorité a accepté d’aller dans cette direction ».
« Je comprends la situation de certaines équipes qui luttent depuis plusieurs années pour être promues. Mais une telle situation de force majeur est intervenue. Ce n’est pas moi qui ait décidé de cela ».
L’argent investi par les clubs pour payer les joueurs ou retenir des étrangers a également fait peser la balance. « Des clubs ont demandé si on pouvait obtenir des fonds auprès des autorités. Nous leur avons écrit. Elles ont toutes répondu par la négative. Pouvons-nous privilégier le football au détriment de la santé des personnes? »
Il précise que « les trois équipes ont dit d’attendre jusqu’au 2 avril pour prendre une décision. Nous avons attendu jusqu’à hier la réponse du ministère. Si le ministère nous avait dit qu’il nous donnerait le financement nécessaire, nous n’aurions pas pris cette décision ».
De plus, ajoute-t-il, « nous ne pouvons reprendre la ligue plus tard dans l’année parce que si nous ne terminons pas la ligue à la fin de juin, on n’aura pas le droit de l’étendre au-delà du 1er juillet, quand débute une nouvelle période de transfert. Dans un seul championnat, il ne peut avoir trois périodes de transfert ».