La Chine renforce chaque jour un peu plus sa mainmise sur le cyberespace. Depuis le 1er décembre, les citoyens chinois désireux de faire l’acquisition d’un smartphone ou de souscrire à un forfait téléphonique doivent non seulement montrer leur carte nationale d’identité, mais aussi se soumettre à un scan de leur visage et accepter que leurs données soient liées à leur numéro de téléphone puis conservées par les autorités.
Cette mesure est le fruit d’une nouvelle directive publiée cet automne par le gouvernement chinois visant à « préserver les droits légitimes et les intérêts des citoyens en ligne » en renforçant l’enregistrement sous une identité réelle, une obligation en vigueur depuis au moins 2013. Le texte impose aux opérateurs téléphoniques d’utiliser tous les moyens possibles pour vérifier l’identité des personnes se dotant d’un nouveau numéro de téléphone et notamment le recours à l’intelligence artificielle. Les acheteurs pourront ainsi être enregistrés en train d’effectuer un mouvement du visage et de cligner les yeux, a expliqué à l’AFP un représentant de China Unicom.
Convaincue que la bonne santé économique du pays passe par la mise au pas de la population, la Chine ne néglige aucune piste pour lier les identités réelles au monde numérique. Ces dernières années, le pouvoir central a fait de la lutte contre l’anonymat une priorité et pris toute une série de mesures pour contraindre les internautes à s’identifier sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs de Weibo sont obligés de s’enregistrer sous leur identité réelle depuis maintenant sept ans.
En parallèle, Pékin a mis en place le plus vaste réseau de vidéosurveillance au monde et généralisé le recours à la reconnaissance faciale pour scruter en permanence le comportement des citoyens. Le pouvoir expérimente aussi dans certaines provinces un système de « crédit social », une sorte de permis à points récompensant et sanctionnant les citoyens en fonction de leur respect d’un ensemble de codes moraux en ligne et dans la vie réelle et de leurs états de faits économiques.
La reconnaissance faciale gagne aussi du terrain en Occident et notamment en France, où elle semble constituer un horizon inéluctable pour les pouvoirs publics. Plusieurs initiatives ont déjà été menées au niveau local en attendant le lancement l’année prochaine d’un dispositif national d’identification par cette technologie pour accéder aux sites Internet des services publics. Le gendarme français des données personnelles a appelé récemment de ses vœux un débat public et législatif afin d’encadrer son utilisation et « éviter un changement de société non anticipé ».