La boucle est bouclée pour White River
C’est fait. White River est entré dans l’histoire en remportant les quatre classiques en une saison au Champ de Mars. Le Grand Chelem pour ce champion appartenant à Chandra Gujadhur et France Law. Ce succès permet à Rameshwar Gujadhur d’asseoir sa position pour le titre d’entraîneur. Quel parcours réalisé pour le doyen des entraîneurs, qui a soufflé ses 80 bougies lundi dernier. Il faut aussi associer Subiraj Gujadhur à ce succès. Tout le monde sait que c’est lui qui agit comme entraîneur et il faut le saluer tout bas, car il a su ramener à son meilleur niveau White River, qui n’avait pas recouru depuis trois mois. Le temps enregistré, 1’35″18, confirme la valeur exceptionnelle de ce cheval. Un grand bravo à tout ce petit monde qui fait partie de l’entourage de White River, sans oublier son palefrenier et Dario Basset-Rouget.
On a ressenti une certaine pression avant la course, mais on a aussi trouvé que la majorité des turfistes présents étaient venus pour voir en action leur préféré. Vivre en direct ce moment de l’histoire. Ce qu’il faut savoir, c’est que comme la Coupe d’Or est courue à poids d’âge, White River était nettement avantagé au niveau du handicap, lui qui possède le meilleur rating à Maurice, soit 83. Alshibaa, qu’on présentait comme son plus sérieux adversaire, était au niveau de 65, soit 18 points de différence. Ce qui équivaut à 9 kg de différence. Or, il portait lui aussi 58 kg.
Pour en venir à la course, sachez qu’elle a été une épreuve qui a été rondement menée, contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Sous la conduite de Horse Guards, les 400 premiers mètres ont été couverts en moins de 25″. De ce fait, Black Cat Back a été en mesure de tenter quelque chose, de peur d’y laisser des plumes. On a aussi noté que White River avait pris un bon départ. Il aurait même pu se placer à l’extérieur du meneur, mais son jockey a préféré le positionner dans le dos de Black Cat Back en one off pour ne pas se faire enfermer. Ten Gun Salute n’était pas mal placé non plus, mais il a quelque tiré dans le parcours, comme à son habitude. Le sprint final a été lancé par White River lui-même, quand Table Bay s’est amené à son extérieur. À mi-ligne droite, il avait course gagnée. Alshibaa s’est retrouvé enfermé et a tardé avant de trouver le passage. Baritone a aussi connu un problème de trafic. Horse Guard a baissé de pied. Ten Gun Salute a fait ce qu’il a pu, alors que Black Cat Back a terminé à la peine et s’est retrouvé en dernière position.
Quelles sont les leçons qu’on tire de cette victoire de White River ? Il est un cheval exceptionnel. Quelle que soit la distance sur laquelle il est aligné, il termine sa course de la même façon. Comme dit dans notre avant-papier, c’est sa performance dans le Barbé qui nous a fait découvrir un champion hors normes. On en a eu la confirmation dans le Maiden, quand il avait bouclé le dernier kilomètre comme un sprinter. Hier, il a réalisé moins de 58″ sur 1000m, alors qu’il a couvert les derniers 400m en 24″45. On ne peut terminer sans parler de la performance de Table Bay, qui a fini à une bonne deuxième place sans toutefois pouvoir inquiéter White River.
LES AUTRES COURSES
Le triplé pour Allyhosain
1. Cela a été une simple formalité pour le nouveau Kamadeva, cheval de l’entraînement Rameshwar Gujadhur. Jameer Allyhosain a pris l’option de conserver l’avantage de la corde pour prendre la direction des opérations, talonné par Chap Trap, sur lequel Olivier Plaçais a tout tenté pour mener le peloton. Il nous a même semblé qu’il a légèrement incommodé Anton Ruskin dans le premier virage. Le tempo a été d’un bon niveau, ce qui a empêché toute tentative de la part de ses poursuivants. Kamadeva s’est montré facile dans son action, ce qui démontre qu’il est un cheval qui devrait se montrer utile la saison prochaine. Sinon, s’il a versé à l’intérieur en fin de parcours, il ne faut pas trop lui en vouloir, même si on peut reprocher à Jameer Allyhosain de n’avoir pas pris toutes les précautions nécessaires pour ne pas entraver la marche de Northern Rebel à son intérieur. Ce dernier a du reste été quelque peu repris par son cavalier. La deuxième place est revenue à Melson, qui était dernier dans le parcours. Anza-Borrego a été quelque peu décevant, ne prenant que la quatrième place.
2. La supériorité de Marauding a tardé à surgir, mais le nouveau de Ramapatee Gujadhur n’a pas déçu son entourage. Sand Path a tenté un coup tactique. Son jockey ne s’est pas empressé pour prendre la direction des opérations, ce qui fait que les premiers 250m n’ont pas été bouclés à vive allure. Pendant ce temps, Marauding a pris un peu de temps pour bien cerner les choses avant de se détendre par la suite. Reste que la course avait été réduite à un sprint. Mais à bien voir, cette tactique lui convenait, dans le sens où il en était à sa reprise avec la compétition. Sand Path s’est bien battu, mais a trouvé plus fort sur sa route. Baron Bellet a fait ce qu’il a pu à la faveur d’un bon parcours. Minaloushe Venture a une fois encore raté sa mise en action pour suivre en dernière position. Il est revenu pour prendre la quatrième place, mais n’a à aucun moment pu influencer le résultat final de la course. Pour en revenir à Marauding, on trouve qu’il devrait s’améliorer la saison prochaine et être un très bon compétiteur.
3. Nishal Teeha croyait sans doute avoir fait le plus difficile quand Power Tower s’est démarqué de ses adversaires en début de ligne droite. C’était toutefois sans compter avec le finish d’Overdose. Ce dernier a paru quelque peu enfermé dans le dernier tournant et a aussi tardé avant de retrouver son meilleur rythme. Il a toutefois explosé dans les derniers 50m pour gagner en roue libre. Power Tower s’est bien comporté avec la langue attachée et a pu reprendre la tactique qui avait été sienne en Afrique du Sud. Son jockey a lancé la course de loin, pensant mettre dans le rouge ses poursuivants. Emaar restait toutefois dans le coup, tout comme The Brass Bell, qui avait pris un bon départ cette fois. Par contre, Wordbuster et Jullidar ont eu un parcours compliqué en épaisseur. Kemal Kavur s’était mis dans le sillage du meneur, attendant l’emballage final. Toutefois, aucun de ces chevaux n’a pu inquiéter Power Tower, sauf Overdose, qui a offert à Krishna Mudhoo sa deuxième victoire au Champ de Mars.
4. Le but est arrivé à temps pour Rob Roy, qui en avait assez à quelques mètres de l’arrivée. Mais le plus important est qu’il a pu maintenir l’avantage et renouer avec le succès. La raison derrière sa fin de course laborieuse est qu’il a dû travailler dur pour avoir l’avantage face à Mr Crumford. En jetant un coup d’œil à notre chronomètre, on a remarqué que les premiers 190m de la course ont été couverts en moins de 11″, ce qui est relativement rapide par rapport à toutes les épreuves de cette distance qui se sont disputées au Champ de Mars. Comme Rob Roy a enchaîné sur le même tempo durant toute la raison, c’est tout à fait normal qu’il éprouve des difficultés à bien terminer son parcours. Son principal adversaire a été Clipper Captain, qui est passé à la vitesse supérieure dans les derniers 200m, mais pour échouer à une tête. Mr Crumford s’est accroché à la troisième place devant Barak Lavan. Ocean Drive South a été la déception de la course vu qu’il n’a précédé qu’Internet Kid à l’arrivée.
5. All About The Bass est tombé face à un Tower Of Wisdom des grands jours. Ce dernier, qui avait été inexistant depuis le début de la saison, a couru à la manière de Patrol Officer et autre It Doesn’t Matter pour l’emporter avec autorité. Cette épreuve a été lancée sur des bases élevées par Badawee, qui a eu à surmonter le handicap de sa ligne pour mener le peloton. Tower Of
Wisdom, rapide au départ lui aussi, a suivi en troisième position derrière Bono. Le grand favori, lui, n’avait pas bien démarré et se trouvait en septième position. Manoel Nunes avait toutefois pris la précaution de le placer en one off pour ne pas être pris au piège dans l’emballage final. Mais il devait décider de partir de loin. À 400m de l’arrivée, il était déjà revenu à la hauteur des chevaux de tête avant d’être contré par Tower Of Wisdom, qui a lancé le sprint final. All About The Bass a été incapable de soutenir la comparaison, laissant filer la victoire à la monture de Nooresh Juglall. Hakeem a été l’auteur d’un bon début pour prendre la troisième place devant Blow In The Box, qui avait suivi en dernière position.
6. Nouvel échec pour Manoel Nunes avec Mutzi cette fois. C’est Haylor qui a eu le dernier mot pour offrir à Simon Jones son deuxième succès de la saison. La question qu’on se pose est pourquoi Mutzi a été lancé d’aussi loin, alors que le tempo de la course était élevé. Certes, il est vrai de dire que c’est de cette façon que ce cheval a gagné lors de ses trois dernières victoires, mais en cavalier chevronné, le Brésilien aurait dû avoir ressenti que la course était lancée et qu’il pouvait attendre quelque peu. Au final, son tombeur n’est autre que Haylor, un cheval qui appartient à un groupe de propriétaires qui fait aussi partie de l’établissement Shyam Hurchund. Cette victoire de Haylor est également synonyme de record du parcours pour la monture de Jameer Allyhosain, qui portait à nouveau des œillères. Il efface le nom d’Ernie et devient le premier cheval à courir sous 1’27 sur 1450m. Henry Tudor, lui, a démontré ses limites sur la distance. Wavebreaker, lui, a beaucoup tiré durant la course et il était évident qu’il ne serait pas dans le coup. Déception du côté de Lanza, qui ne termine que huitième.
8. Le doublé pour Simon Jones et Jameer Allyhosain avec Well Connected. Le Mauricien a été l’auteur d’une sage course d’attente et a monté avec une grande confiance. Sa très bonne ligne lui a permis de trouver la meilleure position possible dans le parcours et il a attendu la ligne droite finale pour passer à la vitesse supérieure. C’est Captain Falcon qui a emmené le peloton. Carlas Mambo s’est, lui, retrouvé avec le nez au vent en deuxième position. La position avancée de Seattle Kid n’est aussi pas passée inaperçue. Il était plus que certain que la victoire ne pourrait échapper à l’un des chevaux se trouvant dans le groupe de tête. Carlas Mambo a été le premier à tenter quelque chose, alors que Jameer Allyhosain rongeait son frein dans la dernière courbe, avant de forcer la décision. Notons la bonne course d’Epic Sword, qui s’est montré en progrès. Signalons par ailleurs que Mr Hardy a refusé de s’employer à l’ouverture des stalles et a démarré avec une quinzaine de longueurs de retard.
9. La dernière course est revenue à Romanus pour le coup de deux d’Olivier Plaçais et de Ramapatee Gujadhur. Romanus est resté en retrait cette fois, se contentant de suivre à distance respectable les chevaux se trouvant en tête de la course. C’est Senor’s Guest qui a mené le peloton, imposant un bon tempo à la course. Nishal Teeha a fait de sorte que son cheval conserve suffisamment de ressources dans l’emballage final, où il a toutefois été attaqué de toutes parts. S’il a pu repousser les assauts de Phœnix Rising et de Silver Song, il n’a toutefois pu contenir l’attaque de Romanus, qui s’est amené en puissance dans les derniers mètres pour lui souffler la victoire. Redwood Valley, lui, a quelque peu éprouvé des difficultés pour trouver le jour et a dû se contenter de la troisième place. Phœnix Rising a terminé à la quatrième place. Artax avait tenté quelque chose dans le parcours, mais il n’a pu soutenir le même rythme et s’est complètement effacé en fin de parcours.
À CHAUD
Subiraj Gujadhur (assistant-entraîneur) :
« J’avais promis ce titre à mon père »
« Je savais que White River allait rester invaincu parce que ce genre de cheval ne court pas les rues. We got him by God’s grace. Je remercie ses propriétaires, France Law et mon oncle Chandra, mon fils Abhishek qui a été au centre des négociations pour son acquisition, son palefrenier, le jockey Manoel Nunes et tout le staff à l’écurie qui s’est donné corps et âme pour que White River soit présenté au meilleur de sa forme. Je remercie aussi mon père à qui j’avais promis ce titre de champion. Il le mérite amplement. C’est le point culminant de sa carrière en sus d’être associé au second cheval, de toute l’histoire des courses à Maurice, à avoir remporté toutes les classiques au cours d’une même saison. Il nous a inculqué beaucoup de valeurs. We are grateful to have him as a father. »
Manoel Nunes (jockey) :
« A professional horse… »
« White River is a lovely horse. A classy sort. He’s a professional guy and he knows how to do the job. He was very quick from the machine. I chose my place and sat where to move when I wanted to do so. He dit it once again. But he already showed us how good he is in his previous races. A big thanks to the White River connexions. »
Chandra Gujadhur (copropriétaire) : «
Part of the national heritage »
« It’s a very humbling sentimental feeling. Very are grateful to the powers above that have blessed us in such a way. There is a huge team behind what the public has seen yesterday. There is a lot of hard work, sweat, sometimes tears as well. We are only in the background. Lakwizinn, it’s Subi and his team. The way he won the Gold Cup yesterday was very impressive. The jockey was just sleeping on him in the last fifty metres. White River has now become part of the national heritage. He is part of the public. Vous avez vu vous-mêmes comment toute la communauté des turfistes a vibré quand il a passé la ligne d’arrivée en vainqueur. How do you take that away from the public ? You can’t. It’s very unlikely that we send him abroad. »
France Law (copropriétaire) :
« White River est désormais dans l’histoire »
« Cela fait énormément plaisir d’être associé à un cheval de cette trempe et je dois ici remercier l’entourage de Rameshwar Gujadhur pour cela. On était confiant qu’il allait être exact au rendez-vous, mais je dois dire qu’avant la course la pression était là. Tout s’est finalement passé comme on le prévoyait et il est entré dans l’histoire. C’est un cheval hors pair et a horse of a life time. Je ne peux également passer sous silence les mérites de Subiraj Gujadhur, qui s’est occupé de sa préparation et qui a eu le mérite de le faire triompher malgré la transition 2400m-1600m. »
Ngawne, David, Teeha, Mudhoo et Allyhosain suspendus
Cinq jockeys ont été épinglés durant le week-end de courses. Samedi, Eric Ngawne a accepté ses torts pour n’avoir pas piloté Lickerio à la satisfaction des Racing Stewards. Il était accusé d’avoir demandé à sa monture d’effectuer un gros effort alors qu’il lui était possible de le positionner à la corde derrière le leader Chili Con Carne. Sa tactique, selon les RS, a été contre-productive pour son cheval. Il a écopé de trois semaines de suspension qu’il pourra servir en Afrique du Sud. Il a aussi écopé d’une mise à pied d’une journée pour une faute d’interférence à l’encontre de Chili Con Carne aux 600m. Il purge toutefois ces sanctions concurremment.
Derreck David a également été sanctionné en deux occasions alors qu’il était associé à Eight Cities. Pour avoir gêné Senatla dans la ligne droite, il devra observer une journée de repos forcé. Pour la faute à l’encontre de Consul Of War, ce sont deux journées qu’il manquera. Mais il purgera lui aussi ses écarts de conduite concurremment et pourra même le faire en Afrique du Sud, tout comme Eric Ngwane si sa demande auprès des administrateurs est acceptée pour qu’il soit en action lors du week-end international. Jameer Allyhosain devra lui aussi effectuer une requête pour pouvoir servir la journée de suspension dont il a écopé au début de 2020. C’est hier qu’il a été trouvé coupable d’avoir laissé son cheval Kamadeva entraver la marche de Northern Rebel dans la ligne droite finale.
Krishna Mudhoo manquera également à l’appel d’une semaine de courses. Il pourra lui aussi servir sa suspension hors du pays. Il a préféré une mise à pied à une amende pour une faute commise à l’encontre de Real Vision alors qu’il était associé à Baron Bellet dans la deuxième épreuve. Nishal Teeha a également été pénalisé pour une faute d’interférence. En selle sur Speed Limit, il n’a pas empêché ce dernier de verser à l’intérieur et gêner la marche de Crazy Vision. Il manquera à l’appel d’une journée.