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5G : les opérateurs télécoms inquiets d’une éventuelle interdiction de Huawei en Europe

55 milliards d’euros et 18 mois de retard: voilà ce qu’il en coûterait aux opérateurs européens de télécommunications si Huawei et d’autres entreprises chinoises étaient bannies du déploiement de la 5G en Europe.

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C’est tout du moins l’estimation donnée par une note interne de l’Association mondiale des opérateurs (GSMA), consultée par l’AFP, qui s’est penchée sur les conséquences d’une éventuelle interdiction des équipements produits par les Huawei et ZTE pour le déploiement de la 5G.

La « cinquième génération de standards pour la téléphonie mobile » doit offrir des débits plus rapides, et permettre de faire circuler en masse des milliards de données, d’un smartphone à l’autre, en connectant aussi, à terme, des robots, voitures autonomes et autres assistants vocaux.

Les deux équipementiers chinois pèsent ensemble 38% du marché des équipements télécoms en Europe (28% pour Huawei, 10% par ZTE), un peu plus de 50% étant aux mains du Finlandais Nokia et du Suédois Ericsson (autour de 25% chacun).

Selon le rapport, le surcoût s’expliquerait « pour moitié par une hausse des coûts liée à une moindre concurrence », et d’autre part parce que « les opérateurs seraient dans l’obligation de remplacer des infrastructures existantes avant de passer à la 5G ».

Un coût qui pourrait d’ailleurs fortement varier d’un pays à l’autre et même d’un opérateur à l’autre, dans la mesure où l’exposition aux équipements chinois peut être très diverse.

En France par exemple, Orange ou Free n’utilisent pas d’équipements Huawei, alors que SFR et Bouygues Telecom passent par des antennes Huawei dans une partie de leur réseau 4G.

Plus largement, la GSMA estime que « 60% des abonnés en Europe utilisent des réseaux d’opérateurs ayant signé des contrats 4G avec Huawei ».

Cette obligation de remplacer de tels équipements entraînerait pour partie les 18 mois de retard, tandis que  les « capacités contraintes des équipementiers restants (Nokia, Ericsson et Samsung, NDLR) pourraient perturber les plans de déploiement ».

D’autant que les trois équipementiers restants sont déjà largement impliqués dans les déploiements qui ont débuté en Asie ou en Amérique du Nord.

– Une perte de productivité de 45 milliards –

« Nous estimons qu’une interdiction pourrait élargir l’écart sur la 5G entre l’Europe et les Etats-Unis de 15 points d’ici à 2025 », estiment les auteurs de la note.

Selon eux, 25% de la population européenne serait couverte en 5G en 2025 en cas d’interdiction, contre 40% sans interdiction, alors qu’environ 55% de la population américaine disposera de la 5G à la même date, en sachant que les Etats-Unis ne sont jamais passés par des équipementiers chinois pour leurs réseaux.

Pour la GSMA, l’impact d’une interdiction de recourir à Huawei ou ZTE dans la 5G pourrait être encore plus fort: aux coûts directs s’ajoute en effet un coût indirect, via la perte de productivité potentielle.

Et cette perte de productivité chiffrerait autour de 15 milliards d’euros d’ici 2025 et même 45 milliards à l’horizon 2034, touchant indistinctement tous les secteurs d’activité, public comme privé, avec un impact plus marqué sur le secteur industriel et les services financiers et aux professionnels.

Huawei est dans la tourmente depuis que l’administration Trump a interdit en mai aux entreprises américaines de vendre des équipements de pointe au groupe, qu’elle soupçonne d’espionnage au profit de Pékin.

La décision américaine, qui doit entrer en vigueur dans un délai de trois mois, menace la survie de ce fleuron industriel chinois, très dépendant des puces électroniques américaines pour ses téléphones, estiment des experts.

Dans la foulée, plusieurs entreprises ont pris leurs distances avec Huawei, notamment Google, dont le système Android équipe l’immense majorité des smartphones dans le monde.

Reste que, de l’avis de plusieurs opérateurs européens, Huawei dispose de 12 à 18 mois d’avance dans le développement de la 5G face à ses concurrents, avec notamment une dépense de recherche et développement égale à celle cumulée, de Nokia et Ericsson.

Pour l’heure, les Etats européens n’ont pas pris de position formelle en faveur d’une interdiction, ou non, d’équipements Huawei dans les réseaux 5G même si certains opérateurs, tels que EE au Royaume-Uni, ont annoncé qu’ils se passeraient des équipements chinois.

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