Les travailleurs manuels interdits de travail car ils refusent une décision « imposée » par la direction pour la présence électronique
Les travailleurs manuels du CEB n’ont pu prendre le travail ce matin car la direction n’a pas accepté leur “attendance sheet”. Hier, les chefs de département ont reçu une lettre leur disant qu’à partir d’aujourd’hui, il fallait “clocker” leur carte pour marquer leur présence sur leur lieu de travail. Or, les travailleurs refusent de se plier aux règles car les négociations à ce sujet sont toujours en cours. Une réunion tripartite est prévue cet après-midi.
Cette situation ne perturbe pas pour le moment la fourniture en électricité. Toutefois, cela pourrait poser un problème en cas de panne car tant que la présence des travailleurs sur le site de travail n’est pas reconnue, ils n’auront pas de tâche assignée.
Ce litige entre la direction du Central Electricity Board (CEB) dure depuis l’année dernière. Le contentieux porte sur l’utilisation d’un appareil électronique pour la présence, communément appelé “clock carte”. Jusqu’ici, les travailleurs manuels utilisaient une “time sheet” pour signaler leur présence sur le lieu de travail.
Selon le négociateur Ivor Tan Yan, le syndicat ne s’est pas opposé à ce nouveau système, mais a demandé des éclaircissements que la direction du CEB n’a pas été en mesure de donner jusqu’à l’heure. « Nous avons demandé par exemple, comment va-t-on gérer les retards ? Dans certains secteurs aujourd’hui, on déduit sur les salaires quand les travailleurs sont en retard. Nous voulions savoir comment ça allait se passer au CEB. D’autant plus qu’il y a certains qui habitent loin et qu’il y a des embouteillages », dit-il.
Autre question soulevée, ajoute Ivor Tan Yan, concerne la perte de la carte en question. « Comment va-t-on procéder si jamais la carte est égarée? De même, nous avons interrogé la direction sur les travailleurs qui sont en “stand by”. Doivent-ils quitter leur domicile, venir “clocker” la carte et repartir chez eux? Autant de questions auxquelles la direction du CEB n’a pas été en mesure de répondre », ajoute-t-il.
Le négociateur syndical ajoute qu’une lettre en dix points a été envoyée à la direction du CEB pour clarifier la position du syndicat. « Toutefois hier, le General Manager a envoyé un courriel aux chefs de département, disant qu’à partir d’aujourd’hui, la “time sheet” ne sera plus acceptée et que les travailleurs devront utiliser le système électronique. Il est même dit qu’ils ne seront pas autorisés à travailler s’ils ne se plient pas aux règlements. Pour nous, c’est une violence envers les travailleurs. Comment la direction peut-elle venir imposer ses règlements, alors que les négociations sont en cours ?» se demande-t-il.
Ivor Tan Yan fait également remarquer que les appareils électroniques avaient été achetés par l’ancien directeur du CEB, Shyam Thanoo. « Des millions de roupies ont été dépensées pour cela. Aujourd’hui, on sent que l’actuel directeur par intérim, M. Makoond, se sent dans l’obligation de les mettre en service, pour justifier les dépenses, car il y a des pressions de l’audit. »
Cette situation touche les différentes branches du CEB à travers l’île depuis ce matin. Les 700 travailleurs concernés ont logé une plainte à la police de leurs régions respectives ce matin. Ils ont signalé qu’ils se sont présentés sur leur site de travail, mais que l’employeur a refusé leur time sheet. Ils ont indiqué qu’ils étaient disposés à travailler et qu’ils ne sont pas en grève.
DR AANSA BEEDACEE (CEB) : « La situation sous contrôle »
« Dans un premier temps, la présence biométrique et la face recognition avaient été envisagées, mais les travailleurs ont contesté cela. Nous avons donc pris leur avis en considération, en optant pour la machine à carte électronique. Malheureusement, certains contestent toujours ce système. Je précise que tous les travailleurs ne sont pas concernés par ce mouvement. »
Elle ajoute que la situation est sous contrôle concernant la fourniture d’électricité. « Si jamais il y a un ralenti, le CEB prendra les mesures nécessaires pour remédier à la situation. »
Ivan Collendavelloo : « Ce ne sont pas mes oignons »
Sollicité pour une réaction au sujet du nouveau système appliqué au Central Electricity Board (CEB), le ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, devait indiquer qu’il avait appris la nouvelle de la protestation du syndicaliste Jack Bizlall, hier. Toutefois, il ne veut pas s’y mêler. « Je n’opère pas le CEB. Si la direction a décidé de mettre de l’ordre au sein de l’organisation, je ne peux fourrer mon nez dans un problème interne. La direction souhaite instaurer une discipline et ce ne sont pas mes oignons », a brièvement déclaré Ivan Collendavelloo au Mauricien.
Et d’ajouter que ce gouvernement a adopté un “corporate governance” depuis le début de son mandat et que contrairement aux régimes précédents, les ministres du gouvernement Lepep « ne contrôlent pas les organisations ». « Je réagis quand le problème concerne mon ministère. Nous n’interférons pas dans les problèmes au sein des organisations », a-t-il dit.