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Warren Goribe, Caricaturiste : L’humour au bout du crayon

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Warren Goribe, Caricaturiste : L’humour au bout du crayon

Warren Goribe, 28 ans, est un caricaturiste, une fine pointure dans cet exercice qu’il réalise avec une rapidité hallucinante. En à peine 7 ou 8 minutes, il réalise le portrait d’une personne, un dessin bien sûr ressemblant mais avec les traits forcés sous le ton humoristique nécessaire à cet exercice. Scope l’a rencontré chez lui à Curepipe où il dévoile ses traits et sa plume.

C’est avec un large sourire que Warren Goribe nous accueille dans sa demeure à Curepipe. Direction le salon où il passe le plus clair de son temps et où ses caricatures prennent forme. Des caricatures sur des feuilles blanches sont étalées sur la table, des travaux en attente d’être récupérés par ses clients. Derrière la table sont entreposées de nombreuses peintures, certaines accrochées au mur. Une pièce chargée de créativité où Warren laisse libre cours à son imagination débordante et à son humour subtil. “Je vois les gens en caricature”, sourit-il. “Quand je travaille, je regarde les gens et je les imagine en caricature. À travers l’observation, j’ai appris à prendre ce que j’ai dans la tête et le projeter sur le papier rapidement.”

Créativité.

Depuis peu, ses talents sont sollicités quotidiennement pour la réalisation de caricatures personnalisées. Un exercice qu’il maîtrise particulièrement et auquel il adore s’adonner. Il lui faut simplement quelques photos et des informations sur les hobbys de la personne et ses traits de caractère, entre autres. “C’est quelque chose que j’avais commencé à faire il y a quelque temps déjà. Mais cela fait quelques semaines que ça a pris de l’ampleur. Mon truc à moi, c’est de caricaturer les gens de façon rigolote. Je tiens à dire que je ne recopie pas les photos, cela n’aurait aucun intérêt. Je préfère créer quelque chose, c’est pour cette raison que je pose des questions à la personne que je caricature afin de trouver le truc que je vais exploiter dans le dessin.” À la fin, le client reçoit sa caricature sur une plage blanche mais également en version digitale, le tout pour Rs 400.

12 minutes, c’est le temps qu’il lui a fallu pour dessiner sa propre caricature devant nos yeux, en regardant quelques photos de lui-même sur son téléphone portable. Son stylo noir en main, une feuille blanche posée sur son dashboard et le voilà qui s’élance dans son exercice favori sans se poser de questions. En quelques secondes, son visage prend forme sur le papier, ses traits se dessinent sur une tête anormalement grosse par rapport au reste du corps. “C’est un peu ma signature, c’est ce qui rend mes caricatures particulières. De prime abord, cela incite au sourire. Je me plais à dire que mon travail englobe le portrait, le cartoonisme, la caricature et la créativité”.

Rapidité.

Parlant de la caricature qu’il vient de créer, il avance ne pas l’avoir fait suffisamment vite à son goût. “Je dois dire que j’ai un peu tardé là, d’habitude en 7 à 8 minutes j’ai déjà fini. En fait, je perds du temps quand je dois attraper mon téléphone pour regarder d’autres photos. Si je fais la caricature d’une personne qui est devant moi, je prends beaucoup moins de temps puisque ses traits sont déjà là.” Une rapidité d’exécution qui le caractérise et qui ébahit son public à chaque fois.

S’il prend un malin plaisir à utiliser l’humour pour rendre ses portraits amusants, il confie ne pas le faire au détriment de la personne qu’il dessine. “Quand je caricature quelqu’un, ce n’est pas pour le rendre moche ou risible mais plutôt pour montrer qu’on est différent les uns des autres, ce qui rend cette personne spéciale. Souvent, les gens pensent qu’une caricature sert à se moquer de quelqu’un mais ce n’est pas le cas. Ça fait plaisir aux gens, j’ai l’impression qu’une caricature aide une personne à vaincre ses complexes. D’ailleurs, mon plaisir tient dans le fait que la personne rigole quand elle voit sa caricature.” Souvent présent lors des sessions Zapero de Lively Up ces derniers temps, il s’extasie devant l’émerveillement du public.

Esprit critique.

Au collège, son talent lui permettait de jouir d’une certaine notoriété aussi bien auprès des collégiens qu’auprès des professeurs. “J’aimais m’amuser à dessiner mes professeurs pour mon propre plaisir mais aussi pour les amuser. Ça marchait bien, ils aimaient beaucoup cela.” Le déclic est survenu toutefois alors qu’il était en form 3, après une blague qu’il n’avait pas beaucoup apprécié. Un de ses camarades s’était amusé à le dessiner de façon osée. Il n’avait alors qu’une seule envie, lui rendre la pareille mais en faisant beaucoup mieux. “J’ai trouvé cela très laid, il ne savait pas dessiner. Il m’avait mal dessiné et en plus c’était un dessin osé. J’ai pris un malin plaisir à le dessiner en le caricaturant. J’ai pris son idée et je l’ai mis dedans avec plus de détails. Tout le monde avait rigolé. Je me suis dit que je devais avoir un certain talent.”

Déjà à l’époque, il avait l’esprit critique, trouvait des erreurs dans des caricatures qu’il voyait. “Sans me vanter, je me disais que j’aurais pu mieux les réaliser.” Un perfectionnisme qui lui a permis de s’améliorer constamment. D’ailleurs, sa marque de fabrique est de capitaliser sur les ratures. “Il arrive que ma plume dérape, qu’un trait de plume ne soit pas là où je l’avais imaginé. Mais quand cela arrive, je ne recommence pas le dessin pour autant. J’ai dû en recommencer tout au plus une dizaine sur quelque 400 dessins. Au fil du temps, j’ai appris à masquer ces erreurs. L’erreur est incorporée dans le dessin. Tant et si bien que personne ne la remarque. C’est un peu ma signature.”
Port-Louis by Light.

C’est au cours du festival Port-Louis by Light de 2016 que son talent est révélé au grand public. Il se retrouvait à réaliser une cinquantaine de caricatures par jour. Une expérience qui allait lui permettre de découvrir une autre facette de son talent de caricaturiste. “On nous avait pris au dépourvu la veille du festival en nous demandant d’aller dessiner des portraits lors d’une soirée. Cela allait être un test grandeur nature de nos aptitudes. Avec le nombre de personnes qu’il y avait, je n’avais d’autre choix que de travailler très vite. J’étais tout stressé car ça allait être la première fois que j’allais créer des caricatures devant le grand public, mais je suis parvenu à transformer cette instabilité en stabilité dans mon esprit et j’ai pu me mettre à l’aise. C’est un peu comme cela que j’ai appris à dessiner très vite.”

Actuellement, Warren Goribe termine ses études en beaux-arts au Mahatma Gandhi Institute. Après quoi, il aimerait devenir enseignant dans le domaine. Il confie trouver que la façon dont on enseigne le dessin dans les écoles n’est pas appropriée. “À mon avis, au collège, on ne montre pas suffisamment bien le dessin. Je trouve que le niveau de l’art enseigné au collège est bas. J’ai remarqué que les élèves ne savent pas dessiner les visages. Je leur montre comment dessiner autrement et les résultats sont extraordinaires. Ce n’est pas compliqué, il faut juste savoir l’enseigner. C’est comme l’alphabet, il faut juste apprendre à faire une belle écriture mais avec un pinceau et de la peinture.” Il partage déjà d’ailleurs ses connaissances avec les plus jeunes à travers des leçons. “Un jour, quelqu’un m’a donné ma chance, à mon tour je veux donner la chance aux autres.”