Via sa campagne Clean Ocean, son but est de récolter les fonds nécessaires afin d’arriver d’ici deux ans à présenter un prototype pour débuter le nettoyage de l’océan. Un des plus grands accomplissements de cet écolo est l’invention d’une machine permettant de neutraliser le plastique en mer. À 27 ans, Rick Bonnier est un biologiste au parcours atypique, un zanfan Cité Malherbes dont la réussite tient à la persévérance.
Rick Bonnier continue de se construire. Animé par une envie indescriptible de protéger l’environnement, il se penche depuis deux ans sur un prototype neutralisant les matières plastiques des fonds marins, “qui pourrait devenir révolutionnaire”. En 2016, “c’est la mort dans l’âme que j’ai essayé d’empêcher une tortue de mer de manger un bout de plastique au cours d’une de mes plongées”, raconte le jeune homme. Un sentiment de malaise s’installe, renforcé par la constatation qu’en 2050, il y a aura davantage de plastique dans l’océan que de poissons (selon une étude du Forum économique mondial). “Malgré la sensibilisation d’ONG et d’autres volontaires, la situation est alarmante. C’est pourquoi j’ai essayé de faire bouger les choses à mon niveau.”
Soutenu par son expérience et son amour pour l’océan, il ébauche une machine qui pourrait faire le travail. “Mes recherches m’ont montré qu’il y avait des machines qui enlevaient le plastique à la surface mais sans s’aventurer en profondeur.” Le biologiste cherche alors une solution plus efficace que de plonger pour enlever manuellement les déchets.
Fougue et passion.
“Ma connexion avec l’océan et mon envie de la protéger m’ont poussé à trouver des moyens d’atteindre mes objectifs, même si je ne disposais pas des fonds nécessaires.” S’armant de patience et de détermination, il puise dans son salaire, achète des équipements de seconde main et récupère des objets ici et là.
Depuis 2017, il a été en mesure de développer un prototype répondant à ses exigences. Secret scientifique oblige, le fonctionnement complet de cet appareil ne peut être divulgué pour le moment, mais il tient à donner un exemple de son efficacité. “Si, dans un aquarium de dix litres, vous avez huit déchets plastiques (en surface et sous l’eau), en deux minutes et 23 secondes, les déchets sont enlevés sans affecter les poissons.” La machine s’adapte aussi dans un milieu où la biodiversité est riche ou dans des zones avec beaucoup de courants.
Au cours de notre entretien avec le jeune homme, la fougue qu’il met dans ses descriptions est signe que la passion a été un moteur dans son ascension professionnelle. “Mon travail est de protéger les océans, mais dans l’eau, je n’ai pas l’impression de travailler. C’est une grosse connexion.” Rick Bonnier n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. “J’ai grandi à Cité Malherbes dans un milieu compliqué. Je n’avais que quinze ans quand mon père est décédé. Nous n’avions pas un gros capital pour nous permettre d’entreprendre des études dont nous n’étions pas sûrs qu’ils aboutissent.”
Une réelle passion pour l’océan.
Il prend de l’emploi comme dresseur au parc animalier de Casela. Son affinité naturelle envers les animaux le fait intégrer sur une base volontaire la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS), puis la Mauritian Wildlife Foundation (MWF). Exposé aux travaux scientifiques en mer, il développe une réelle passion pour l’océan et apprend la plongée jusqu’à un niveau avancé.
“La conservation est une industrie qui ne génère pas de profits. Il faut être conscient que votre salaire ne sera pas énorme. Il a fallu faire d’énormes sacrifices. Beaucoup de travail et d’organisation ont été nécessaires. En plus de mes heures de bénévolat, j’enchaînais des petits boulots dans les restaurants et les centres d’appel”.
Ses efforts porteront leurs fruits.
La MWF l’embauche par la suite comme responsable monitoring des kestrels sur la côte Est, avant qu’il ne rejoigne encore une fois la MMCS comme Assistant Scientific Coordinator. Il s’enrichit pendant cinq ans à grandes doses de formations dans divers axes de la vie nautique (coastal conservation, skippering, plongée). Il a aussi l’opportunité d’explorer les récifs artificiels, faire des missions en haute mer sur les cachalots et travailler avec d’autres mammifères marins comme les dauphins, les baleines et les tortues de mer.
Une chose entraînant une autre, il devient un des six titulaires à obtenir la bourse Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders. Il s’envole pour l’Université de Caroline aux États-Unis. Sur place, il aura la chance de travailler au National Parks Service de Caroline du Nord et de rencontrer le président Barack Obama.
Protéger les océans.
De retour au bercail, il est retenu pour représenter Maurice sur le Regional Advisory Board for Young Leaders et assure des conférences en voyageant à travers plusieurs pays d’Afrique. Aguerri, il a rejoint depuis quelques années la compagnie internationale Wise Ocean comme consultant. Rick Bonnier est actuellement basé au Four Seasons Mauritius at Anahita.
Bien que son humilité l’empêche de se présenter comme un role model, Rick Bonnier est conscient que son parcours peut inspirer. “On m’accoste de temps en temps pour me dire qu’on est content de moi et pour m’encourager. Cela me donne le courage de me surpasser.” Il tient à préciser que “tout arrive par le travail et la passion. Sans ordinateur chez soi, on peut très bien devenir informaticien”.
Il est conscient qu’à travers son “bébé”, il pourrait créer une petite révolution dans le secteur de la protection marine. “Mais mon but est avant tout de protéger les océans de Maurice, comme ceux du Pacifique, de l’Atlantique, de l’Arctique ou de l’Antarctique.”
Rick Bonnier est l’initiateur de la campagne Clean Ocean, dont le slogan est “Make our Ocean Clean Again”.
Le biologiste utilise les plates-formes de crowdfunding pour récolter des fonds. Avec comme objectif de présenter d’ici deux ans un prototype assez important pour débuter le nettoyage dans l’océan. “Ma vision est d’assainir les zones les plus polluées de Maurice pour ensuite converger vers d’autres régions du monde.”