J’ai bu un jus vitamincé pour pulser ma journée et me prémunir contre la grippe. Les morsures du froid vous garantissent des jours enfiévrés et des émeutes intimes. J’ai replongé dans mes épluchures de journaux. Le contact avec le soyeux du papier me flatte la peau à chaque effleurement. Ce si doux torchon au toucher contient pourtant bien des horreurs.
Aussi me suis-je mise à fantasmer. Une sensation de présence dans mon humble bicoque. Comme une présence assez vague que vous ressentez à vos côtés, parfois en journée, lorsque le passage des voitures s’espace. Vous écoutez, souffle court, cœur battant, le bruissement. Et cette porte qui claque chez le voisin. Personne n’est là à cette heure-ci. C’est sûrement le vent…
Vous entendez un jour des mecs, peinturant la palissade, rigoler à moitié pour cacher leur appréhension : le fils du proprio s’est suicidé dans la baraque. Aucun des locataires n’est resté longtemps. Atmosphère malsaine malgré les prières dites.
Et soudain, on se rend compte que tout le patelin est “habité”. Et qu’on n’est pas seul… C’est ainsi dans les vieux quartiers. Il n’y a pas que la “station” de Brisée Verdière. Les chiens ont hurlé à la mort. Zot pe trouv kiksoz, laisse sous-entendre la croyance populaire.
Ce n’est pas le genre de sujet dont vous entretiendra le boutiquier du coin. Déontologie et secret professionnel obligent. Faudrait, je pense, dire une messe pour les victimes du bitume, et faire bénir nos routes. Nous ne dirons pas que le Petit est soy, mais les avancées du développement sont entachées du sang des accidentés.
Et si d’aucuns faisaient réintroduire le permis à point, aurions-nous moins de morts sur nos routes ? Faut avoir l’humilité de reconnaître que ça briderait les conducteurs fonçant pied au plancher et tête baissée vers la morgue. Peut-on encore parler “d’accident” lorsque chaque jour nous livre son lot de morts ? Faut regarder la réalité en face.
Peut-on encore parler d’“accident” après je ne sais combien de morts sur nos routes et une apparente incapacité à endiguer le problème ? Comment en est-on arrivé là ? Nous nous sommes du jour au lendemain retrouvés avec un ou deux morts chaque nuit depuis le retrait du permis à points. Le politique qui proposera sa réintroduction aura tout compris à point nommé !
Pourquoi ceux qui peuvent agir en conséquence ne font pas bon usage de leur pouvoir chéri ? Ceux-là ne sont pas san konpran. Alors, messieurs-dames, qu’attendez-vous pour agir ? Serait-ce là une reculade humiliante pour le Prince ? Une pantalonnade trop abaissante à encaisser ?
La crise routière résonne comme un chant du cygne dans le bruit et la fureur. Développer à tous crins semble le leitmotiv du régime. Faudrait peut-être lever le nez du guidon et regarder la série noire qui se déroule sur nos chemins. J’ai cru entendre notre Prince héritier évoquer sime lalimier dans un discours. Une référence soufflée par un spin doctor spécial, soucieux de l’imagerie de notre Prince ?
La crise ne nous épargnera pas ! Vos émotions sont réquisitionnées par la pub, comme les hôtels du littoral ont envahi nos plages. Aujourd’hui, la fête des mères ne se célèbre pas sans un présent acheté dans une grande enseigne. Téléphone, bouquet de chaînes ou électroménager. Faut que maman consomme. Il n’y a pas que nos côtes qui sont prises en otage…
Entre-temps, ceux qui ont du fric bétonnent au nom du développement. Sans doute nous dira-t-on un jour que vivre au “paradis” a un coût. Et que c’est sans broncher que nous devons nous acquitter des taxes assénées par les puissants de ce monde.
Des personnes affectant une douceur et une amabilité trompeuses destinées à duper et à dissimuler leurs véritables intentions. Des faux-culs ! Nous sommes entourés de ce genre d’individus. Vaut mieux faire avec, car se battre contre serait comme tenter de venir à bout d’une corruption bien ancrée dans nos mœurs et nos esprits trianger. Vous avez dit “petit copinage” sur la plage ?