Ce désir frénétique de posséder et de plaire tourne à l’obsession. D’aucuns décrient une richesse portée par une élite économique, adepte du show off et de BMW crashé après des soirées de beuverie. Aussi vrai que je veux une voiture, une maison, un bungalow, des bijoux, des téléphones dernier cri et accessoirement une personne amoureuse pour m’ouvrir la porte du succès et des salles climatisées. J’espère me tromper car ces besoins peuvent générer un état d’insatisfaction. Une parabole, un ordinateur portable… sont des choses sans lesquelles la vie deviendrait invivable ? Cela ne signifierait pas que les concitoyens sont devenus stupides ou sont super-manipulés par la publicité. La consommation devient un problème pour beaucoup. Un objet d’anxiété pour d’autres, soucieux de bien se faire voir, voire accepter.
Autre chose. La guerre contre le trafic de drogues serait perdue. Alors autant optimiser la situation. Certes des cyniques estiment le marché local dérisoire. Combien de junkies peut-on espérer enrôler dans une population d’environ 1,2 million d’individus vieillissants et pensionnés à nos crochets ? Il nous faut voir grand car le monde est grand. Cela semble être la philosophie des narco-commerçants. Et si nous invitions des investisseurs genre Alvaro. On pourrait opérer un commerce transitoire et prélever un pourcentage sur bénéfice ? En passant, voilà bien longtemps que nous n’entendons parler de notre dame du château, celle qui se tape une monstrueuse pension à nos frais. Au nord, des apprentis sorciers élaborent du synthé made in Mauritius. Ena kisann-la so lame ladan ?
Un créneau d’avenir pour aspirants alchimistes au chômage ? Les besoins croissent, semble-t-il. Le nombre de gens vivant la dernière semaine à crédit serait édifiant. Combien de dealers et de “jockeys” alimentent dans l’ombre une économie parallèle ? Faudrait budgétiser tout ça, un de ces jours, dans ce pays… On aime détester les riches et pointer du doigt les allocations exorbitantes, les inégalités de fortune. Sakenn so sans, non ? Avec l’avènement de la démocratie est venu le goût du pognon. La passion du fric s’est démocratisée. Chacun aspire à consommer davantage. La démocratie a rendu légitime la quête d’avantages. Y accéder est une autre histoire. Que les pauvres ne se mettent pas à rêver !
Le plus grand séducteur du monde, c’est le marché. Il vous sollicite non-stop, même dans votre lit, grâce au numérique. Le capitalisme de séduction a généralisé la règle du “plaire et toucher” : tout est mis en œuvre pour attirer le consommateur, le faire rêver. Fast fashion, fast-food, pop-up stores. Tous relancent la séduction. La nouveauté est l’un des ingrédients du plaisir, selon le camarade Freud. Les gens se ruent sur le nouvel iPhone ou achètent un nouveau canapé parce que ces objets renouvellent leur cadre d’existence. Selon des observateurs, porter une marque serait un moyen de valorisation de soi. S’offrir un séjour dans un hôtel ou un voyage, c’est aussi savourer l’instant entre soi et soi. On cultive le plaisir de se sentir différent, de se distinguer pour soi. Égocentrisme ? Rendons-nous à la mer. Des kilomètres de plages infestés d’hôtels. Et ce n’est pas yer 4-er que ça a commencé. Notre littoral est surexploité par de grands groupes. J’aimerais savoir ce qui nous reste, hormis les public beaches ? Et à combien de kilomètres de plages le public n’a pas accès ? Morisien tro fay pou frekant sa kalite laplaz-la, ki sa ? Vous avez dit frustration ?
On me regardera de travers si je disais que nous avons aussi perdu (du terrain) face aux promoteurs hôteliers. Ce serait se battre contre des moulins à vent, mû par un romantisme révolutionnaire qui excite une certaine jeunesse. Et pourquoi ne pas militer contre les bus fumi-cancéri-gènes qui nous polluent tous les jours ? Okenn ekolozis napa trouve, sa ? Et je ne vous parle pas du fioul qui flamboie…