Le Royaume-Uni espère faire du sommet du Commonwealth, qui s’est ouvert lundi à Londres, une occasion de renforcer les liens, et notamment les échanges commerciaux, avec les pays de son ancien empire colonial alors qu’il se prépare à quitter l’UE. «La période post-Brexit pour- rait faire apparaître pour le Royaume-Uni d’importantes opportunités de négocier des accords commerciaux bilatéraux avec les pays membres intéressés», souligne une analyse publiée par le secrétariat du Commonwealth.
Le commerce entre les 53 pays membres de l’organisation devrait progresser de 17% pour atteindre 700 mil- liards de dollars (567 millions d’euros) d’ici 2020, selon ce document. Le gouvernement de Theresa May insiste depuis des mois sur la capacité qu’il aura, après la sortie de l’UE, prévue fin mars 2019, à négocier de nouveaux accords commerciaux avec des pays tiers. Il souhaite en particulier ranimer les liens avec les pays de son ancien empire, passés au second plan depuis l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne (CEE) en 1973. «Notre famille du Commonwealth représente déjà un cinquième du commerce mondial et nous devons continuer à travailler ensemble pour construire davantage sur ces fondations solides en resserrant nos liens commerciaux déjà existants et en créant d’autres», a déclaré Mme May lundi. Mais pour l’hebdomadaire The Economist, le Commonwealth «ne sauvera pas le Royaume-Uni du Brexit».
L’idée que le commerce avec les pays de l’ancien empire pourrait compenser les échanges réalisés avec l’UE constitue selon lui «une agréable illusion». En 2016, sur les quinze principaux partenaires commerciaux du Royaume-Uni, neuf étaient des pays européens, aucun n’était membre du Commonwealth. L’UE représente près de la moitié du commerce extérieur britannique, contre seulement un dixième pour le Commonwealth.
«Agréable illusion»
«Partisans du Brexit, désolé mais miser sur le Commonwealth est une blague», a estimé Philip Murphy, le directeur de l’Institut des études du Commonwealth dans le quotidien The Guardian. «L’idée qu’il puisse prendre le relais une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’UE n’a aucun sens». La Réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth
(CHOGM) retrouve le sol britannique pour la première fois depuis 1997. Réunis au- tour du thème «Vers un futur commun», leur ambition est d’élaborer notamment une charte contre la pollution des océans et une déclaration contre la criminalité en ligne.
Le sommet «promet d’apporter de profonds changements aux populations du Commonwealth», a déclaré la secrétaire générale de l’organisation, Patricia Scotland, estimant que les décisions prises par les dirigeants «d’un quart des pays du monde» pouvaient avoir un impact «bien au-delà de leurs frontières». Lors du dernier sommet du Commonwealth, organisé en novembre 2015 à Malte, ses membres avaient conclu un accord contre le changement climatique, avant la signature quelques semaines plus tard à Paris d’un pacte mondial dans le cadre de la COP21.