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Les réseaux sociaux : mieux comprendre l’addiction

Ils postent des photos et des vidéos sur leur page, plusieurs fois par jour. Ces Mauriciens sont des véritables accros des réseaux sociaux. Au-delà d’un simple effet de mode, on peut parler d’un véritable changement de comportement social de l’internaute mauricien. Pour mieux comprendre ce phénomène grandissant, nous avons interrogé quelques sociologues et une psychologue.

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“Je passe presque tout mon temps sur les réseaux sociaux, Facebook ou Instagram. C’est devenu un geste naturel. Dès mon réveil, je dois vérifier ma page. Je poste des photos et des vidéos parce que j’aime bien le faire. C’est une sorte d’album photos que je peux partager avec mes amis et mes proches. Je le fais par habitude. C’est instinctif”, avoue Rita (prénom fictif), une utilisatrice compulsive.

La psychologue Véronique Wan Hok Chee reçoit dans son cabinet beaucoup de patients qui souffrent d’addiction aux réseaux sociaux. “Ils vivent dans le déni de la réalité. En passant trop d’heures sur la toile, ils courent le danger de se retrouver seuls. Ces gens-là n’ont pas de vrai contact social.”

Dévoiler son identité.

L’addiction aux réseaux sociaux est devenue un fléau de santé publique. Une étude de Jean Twenge, professeur de psychologie à l’université de San Diego, souligne que la génération née entre 1995 et 2012 souffre d’une vraie crise mentale. Elle se referme sur elle-même et souffre de la comparaison avec ses semblables, qui mettent en scène leur quotidien sur Facebook ou Instagram.
Les réseaux sociaux sont un moyen de dévoiler son identité. Selon le site psychologies.com, chaque ligne d’un profil en dit long sur une personne. Par le biais des photos ou des vidéos, des goûts que la personne affiche, des groupes auxquels elle appartient, elle se met en scène et essaie de véhiculer une image qui la valorise.
À Maurice, les choses ne sont pas très différentes. Le sociologue Malenn Oodiah estime que s’exposer renvoie pour beaucoup à un besoin d’exister dans le monde actuel, où “cela passe par l’image”. Les statistiques publiées par la société de recherche mauricienne Kantar TNS en 2017, montrent que sur une audience de 1,600 personnes, on compatit 45,6% d’abonnés à Facebook et 8,8% à Instagram.

Dictature de l’image.

Facebook, Instagram, Twitter : nous passons des heures à naviguer sur chacun de ces sites. Les réseaux sociaux ont pris une place considérable dans notre vie, avec la tentation d’étaler sa vie consciemment ou inconsciemment. D’où les photos et les messages publiés à la recherche de like, de cœurs ou d’abonnés. Malenn Oodiah confie que ce phénomène est dû au fait que nous vivons dans une société ou règne la dictature de l’image, avec une visibilité multipliée par l’explosion de supports accessibles au plus grand nombre gratuitement. “Le partage sur Facebook augmente cette visibilité.”

Pour expliquer cette manifestation de soi, Olivier Précieux, enseignant de sociologie et lui-même grand utilisateur des réseaux sociaux, se réfère à la théorie néomarxiste. Il décrit notre société comme étant une société de consommation où les réseaux sociaux nous incitent à suivre la tendance.

Chaque moment de la vie est bon à être posté en ligne pour se démarquer et surtout pour se faire voir. La théorie de la distinction sociale du sociologue français Pierre Bourdieu avance que les individus cherchent à se distinguer socialement au sein des classes sociales et entre celles-ci. D’où ce besoin d’exposer nos moindres faits et gestes et de les faire valider par les autres.

Avoir l’admiration des autres.

Nous pouvons ainsi observer des changements au niveau de l’individu lui-même et de son rapport avec les autres. Les plates-formes sociales ont réveillé en nous le Narcisse qui sommeille. Lorsque quelqu’un publie essentiellement des photos de lui, il a un but de susciter l’intérêt. “C’est une obsession de vouloir avoir l’admiration des autres”, analyse la psychologue clinicienne Véronique Wan Hok Chee.

Malenn Oodiah estime que ceux qui postent régulièrement des choses sur la toile veulent se sentir valorisés en se montrant sous leurs meilleurs jours. Lorsque cela devient une activité régulière, sur une base journalière, des études parlent alors de comportement qui relève de la pathologie. Une tendance souvent liée à une faible estime de soi. “Certains veulent monopoliser l’attention parce qu’ils ont des manquements dans leur vie. Cela peut être une carence affective, émotionnelle. Ils veulent créer de l’émotion autour d’eux”, confie Véronique Wan Hok Chee.

Pour Ibrahim Koodoruth, sociologue et chargé de cours à l’Université de Maurice, le narcissisme découlerait d’une quête identitaire. Cette obsession de s’exposer, en affichant sa vie sur internet, peut aussi révéler une fragilité narcissique. “La personne veut qu’on l’admire et qu’on l’aime.”


Vers une évolution constante du comportement

Dans la vie de tous les jours, que ce soit au travail ou ailleurs, notre comportement est influencé par les réseaux sociaux. Nous passons énormément de temps à avoir les yeux rivés sur le téléphone et sur l’ordinateur. Selon un article publié sur le site typy.fr, basé sur une infographie faite par Facebook, l’évolution de la technologie est responsable de ce changement de comportement. Les humains ont tendance à adapter leurs actions en fonction de la technologie. Parmi ces changements, il y a l’arrivée de la vidéo mobile et de Facebook et Instagram live.

Il est à noter que 20% des vidéos partagées sur Facebook sont diffusées en direct et que le nombre de live vues a considérablement augmenté. En ce qui concerne les visites sur le fil d’actualité, un utilisateur passe 1,7 seconde sur un contenu.
Ces chiffres indiquent que le comportement des humains a changé à cause de la technologie. Nous vivons dans un monde où la réalité virtuelle fait partie du quotidien.

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