Depuis quelque temps, le semba est tendance à Maurice. Cette danse mêle plusieurs rythmes africains, dont le zouk des Antilles et la kizomba. Pour mieux la découvrir, Scope s’est glissé dans la classe de danse de Valerie Utile, directrice de Crazy Salsa Mauritius.
Sur une chanson de Grace Evora, Valerie Utile et son partenaire de danse Gérard Lafolle esquissent quelques pas de semba. Ils ne font qu’un. Tous deux dansent avec passion et grâce. Le semba est entraînant et sensuel. Cette danse angolaise, devenue populaire dans les années 50, a une touche érotique : “le corps de l’homme entre en contact avec le corps de la femme au niveau du nombril”. Le semba est l’équivalent de la kizomba, sauf que les rythmes sont ensoleillés et rapides.
Mettre en confiance les élèves.
Les deux danseurs s’installent pour nous raconter les débuts du semba à Maurice. “Les Mauriciens adorent le zouk et ils sont nombreux à aimer la kizomba. Le semba est arrivé de manière naturelle”, souligne la Rosehilienne de 37 ans, qui nous fait écouter quelques extraits de kizomba et de semba pour mieux comprendre la différence. Valerie Utile enseigne les danses latines (bachata, kizomba et semba) à ses élèves à Curepipe, Port-Louis, Quatre-Bornes et Bagatelle. “Nous commençons toujours par enseigner des musiques lentes, comme la bachata, pour mettre en confiance les élèves. En revanche, la salsa les panique car ça bouge vite.”
Valerie Utile et Gérard Lafolle se connaissent depuis de nombreuses années. Ils ont commencé à danser dans les hôtels. Quelques années plus tard, elle a tenté sa chance ailleurs. “J’ai rencontré un professeur de danse originaire de l’Inde. Il m’a appris les rudiments des danses latines. Quand il est reparti, j’ai ouvert mon école de danse.” Elle enseignait uniquement la bachata et la salsa à ses élèves. Elle s’est ensuite mise à la kizomba. “Deux de mes anciens élèves, qui sont par la suite devenus des instructeurs, Arnaud et Ornella Maillard, m’ont initié à la kizomba. Nous avons tous découvert le semba.”
“Tout le monde s’amuse”.
La demande d’initiation au semba est en hausse, avec plus d’une centaine d’élèves à travers l’île. Les Mauriciens apprécient ce style. “Notre école a été la première à enseigner la kizomba à Maurice. C’était difficile d’introduire cette danse ici car elle était considérée comme vulgaire. Il n’y a plus tellement de préjugés envers les danses latines”, confie la chorégraphe, qui a participé en 2011 au Tampon Latino Danse à La Réunion.
La danse est un moyen efficace de se détendre et est sportive. Elle apporte énormément de bienfaits. “Beaucoup de gens la pratiquent pour oublier les problèmes familiaux et le travail.” Au sein de Crazy Salsa Mauritius, les membres sont comme une famille. “Tout le monde s’amuse. Mes élèves sont âgés de 15 à 70 ans. Nos soirées sont familiales.”
Petite, Valerie Utile aimait déjà les danses en couple. Elle a pu atteindre son but : celui de danser et de faire danser ses semblables régulièrement. “La danse en couple manifeste la joie et la passion. Nous nous laissons guider au rythme de la musique.” Elle rêve d’ouvrir plus tard une école de danse à Rodrigues. “Les jeunes sont motivés mais il n’y a personne pour les guider. J’y suis allée à deux reprises pour animer des stages. La danse latine n’a pas la même ampleur qu’à Maurice.”
Danseur et enseignant de danse malgré son handicap
Gérard Lafolle, 33 ans, n’est pas un danseur comme les autres. La danse lui permet de vivre sa surdité autrement. Il est capable de ressentir la musique et de s’exprimer grâce à elle. “Dès que nous commençons à danser, je lui fais un signe au dos. C’est un code pour lui faire comprendre que la musique a démarré. C’est lui qui mène la danse. Il ressent les vibrations”, confie Valerie Utile. Le Curepipien fait de la danse classique et de salon. Il a été en France, en Chine et en Inde pour participer à des compétitions de danse destinées aux sourds-muets. “Je ne suis pas né avec ce handicap. Je suis devenu sourd-muet à cinq ans.”
“Deux temps” et “trois temps”
Valerie Utile souligne que la kizomba et le semba ont les mêmes pas de danse. La cavalière suit généralement son partenaire et le buste reste immobile. Le semba consiste à se déplacer d’un côté à l’autre; le “deux temps”. Il faut bouger la jambe gauche sur la gauche et ramener la jambe droite à côté de la gauche, et répéter le même pas avec l’autre jambe. Quant au “trois temps”, le cavalier doit poser son pied gauche à gauche et son pied droit à droite et marquer une petite pause avec la jambe gauche. Les pas sont identiques pour la cavalière sauf qu’elle doit se servir de la jambe droite pour marquer une petite pause durant la danse.
Le “suave” est le mouvement incontournable du semba. La femme domine son partenaire, tout en bougeant le postérieur de manière sensuelle. Il suffit de lever et d’incliner délicatement le talon et de changer de pied au fur et à mesure du mouvement.
Pour finir, il faudra apprendre “la sortie garçon” et “la sortie fille”. Les deux pas exigent que l’homme et la femme sortent de la ligne de danse avant d’y revenir.