Ancienne culturiste, Claudia Morris s’attaque à 43 ans à la malnutrition et aux maux qui en découlent. À travers sa compagnie 4Everfit, cette Sud-Africaine souhaite enseigner aux Mauriciens de meilleures habitudes alimentaires et des exercices pour mener une vie saine. Battante dans l’âme, elle se rend compte de la difficulté de son combat, mais est déterminée à le mener à bien.
Elle se nomme Claudia Morris, comme si sa venue à Maurice était programmée. Talons hauts, élégante robe noire, jambes athlétiques et maquillage raffiné sont de rigueur pour cette Sud-Africaine de 43 ans, qui a fait de la lutte contre le diabète et la malnutrition son cheval de bataille. Cette Health Warrior aux muscles saillants s’arme de son expérience dans le domaine de la diététique et de la musculation. En 2016, l’ancienne culturiste a lancé à Maurice sa compagnie, 4Everfit, afin de prodiguer des conseils pour une vie plus saine. “Il est évident que manger équilibré coûte cher à Maurice. Cela rend les choses plus compliquées”, dit-elle, en sirotant un jus d’orange à Bagatelle, ses longs cheveux blonds reposant sur ses épaules. “You cook the most delicious meal, but they are not healthy.”
La guerre au diabète.
Les chiffres concernant le diabète sont éloquents. Selon une étude réalisée par le ministère de la Santé en 2015, environ 257,442 personnes âgées de 25 à 74 ans vivent avec le diabète à Maurice. Claudia Morris se rend compte de l’ampleur de la maladie après la mort des parents de plusieurs de ses amis, la plupart à cause du diabète. Ses décès l’ont particulièrement touchée. “J’étais choquée du nombre de morts causés par le diabète. En Afrique du Sud, la maladie est contrôlée. But here, there is a huge problem.” Claudia Morris souhaite éduquer les Mauriciens et leurs familles à mieux s’alimenter. “Mauritians are very family oriented. Je veux leur faire réaliser qu’ils perdent leurs proches à cause de quelque chose qui peut être prévenu.”
Elle vulgarise des méthodes d’alimentation qui lui ont été enseignées en Afrique du Sud. Il y a neuf ans, à Planet Fitness, une salle de gym de Johannesburg, Claudia Morris se voit inviter à participer à une compétition de bodybuilding. Elle refuse mais propose tout de même à son coach, Johan Bam, de l’entraîner au même rythme que les compétiteurs. Une semaine avant la compétition, “my body was amazing.” Elle se décide finalement à s’y inscrire. À 34 ans, Claudia Morris remporte le premier prix face à d’autres compétitrices âgées pour la plupart de 19 à 25 ans. “En une année, il est recommandé de participer à trois compétitions. Mais mon corps répondait tellement bien que j’en enchaînais sept par an.”
À l’eau.
En bodybuilding, les participants sont notés selon des critères spécifiques liés à leur physique, tels le tour de taille et la largeur des épaules. Afin de mettre toutes les chances de leurs côtés, ils doivent se déshydrater au maximum le jour de la compétition pour que ressortent les définitions de leurs muscles. “Une semaine avant, on se gorge de neuf litres d’eau par jour. On sent nos yeux être noyés et on passe nos journées à pisser. Quatre jours avant, on descend à trois litres. Le corps subit alors un choc. Puis, on en est à 1,5 litre, un litre, cinquante centilitres… et, le jour J, on est à vingt-cinq centilitres”, raconte Claudia Morris.
À une des compétitions, une cinquantaine de ses proches et amis viennent l’encourager et l’applaudissent chaudement lors de son passage sur scène. “Mais une fois que j’ai été en face d’eux, ils furent horrifiés”, se rappelle Claudia Morris. “A lot of them burst into tears. Ma mère a commencé à pleurer. Elle me répétait : “Qu’as-tu fait ?” I had to set them down on bodybuilding. You look beautiful on stage, but face to face you look horrible.”
Conseils.
Hormis la musculation, l’alimentation joue un rôle clé dans le culturisme. De ces années de compétitions, Claudia Morris a appris à se fixer des objectifs et se nourrir en ce sens. Quand et combien de glucides doit-on ingurgiter pour avoir suffisamment d’énergie ? Quel fruit doit-on consommer pour maigrir ? Quelle quantité de féculents doit-on engloutir ? Autant de questions auxquelles Claudia Morris peut répondre.
“J’ai perdu huit kilos grâce à ses conseils en seulement deux mois”, confie Terry Lamarque, un des participants à Mr and Miss Eco International Mauritius 2018, concours de beauté où Claudia Morris a officié comme coach. “Je suivais un plan selon des vidéos sur internet. Claudia m’a dit d’arrêter et a tout changé. Avec son programme, je continuais à perdre du poids et j’avais de l’énergie, ce qui me manquait auparavant. Elle a introduit des carbs et des féculents dans mon alimentation et m’a conseillé certains fruits. Cela m’aide énormément !”
Quand elle s’établit à Maurice, il y a trois ans, Claudia cherche en vain un commerce où elle peut se procurer des repas précuits. “En musculation, tout est une question de préparation. Les gens n’ont souvent pas le temps de cuisiner eux-mêmes les plats. En Afrique du Sud, il y a des commerces où on peut acheter des repas précuits et les garder au frigo.” En 2016, elle se tourne vers le restaurant The Beach House à Grand-Baie et leur donne des recettes à préparer pour elle. C’est ainsi qu’est née sa compagnie 4Everfit. Claudia Morris prend les commandes de plats auprès de ses clients et demande à The Beach House de les cuisiner. Elle effectue ensuite la livraison les samedis.
Éducation.
“Je leur apprends également à mieux manger. Si votre mère cuisine un curry de poulet, demandez-lui de laisser un peu de poulet pour vous en dehors du curry. J’envoie des guidelines sur ce qui peut être consommé comme snack. People also tend to think that eating right means not going to the restaurant. Je peux prodiguer des conseils comme quoi manger au fast-food. La première chose que l’on me dit une fois qu’il y a un résultat, c’est : “I am feeling lighter.” Then I am feeling lighter too because my job is well done! Mon business tourne autour de l’éducation”, confie Claudia Morris.
Claudia Morris a étudié à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg. Durant cette période, qu’elle qualifie comme “la plus belle de (sa) vie”, Claudia Morris a beaucoup voyagé. “Je ne viens pas d’une famille raciste. Je ne trouve pas bizarre de voir les gens de différentes couleurs se mélanger. Ce qui m’a séduit à Maurice, c’est l’intégration et le respect pour chacune des différentes cultures.”
De son enfance en Afrique du Sud, elle se rappelle la liberté qu’avaient sa grande sœur et elle. Elles étaient libres de jouer dehors, de grimper aux arbres ou d’effectuer de longues balades à vélo. “You are not able to do that anymore nowadays. Les enfants peuvent être enlevés, tués… il faut être très prudent.” La veille de notre rencontre, le triathlète sud-africain Mhlengi Gwala a été attaqué près de Durban par un gang alors qu’il se rendait à sa séance d’entraînements à vélo. Trois personnes ont tenté de lui couper les jambes à l’aide d’une scie rouillée. Les médecins tentent de les sauver.
Environnement : “Very sad”
Claudia Morris plaide pour la sauvegarde de l’environnement. Elle trouve “very sad” le fait que des plages soient privatisées et que la promenade Roland Armand, espace vert de jogging aux villes sœurs, soit rasée pour laisser place au Metro Express. “By doing so, the people’s health are put at risk. Le sport apporte la joie. Si on prive les joggeurs de parcs ou de plages pour courir, cela aura des conséquences et pourrait amener à une hausse des cas de suicides.”
La journée de Claudia Morris commence évidemment par le sport – une session de musculation d’environ une heure – et une tasse de thé. Puis, elle répond à de multiples courriels, ce qui lui prend pas mal de temps. À sa venue à Maurice, la Sud-Africaine a eu la chance de rencontrer des gens qui l’ont aidée à se faire connaître, dont Sweetie Ramlagun Law, Fashion Designer. Cette dernière confie, en parlant de Claudia Morris : “J’aime sa personnalité. C’est quelqu’un de formidable. I am the face of POSSAL since the day I opened my brand. J’ai décidé de prendre Claudia (…) My clothes fit her well.” Depuis, Claudia Morris est devenue l’égérie de plusieurs marques, dont Raya Cosmétiques, Golden Curl et Trésor Rare Mauritius. “Je n’ai aucun regret d’être à Maurice. J’ai commencé mon business ici et j’ai fait tout ce que je pouvais pour que ce soit un succès. Je rencontre tous les jours des gens qui me disent merci.”
En son lieu de résidence à Mon Choisy, Claudia Morris est témoin tous les matins d’un spectacle qui la désole : une longue queue devant un marchand de roti. Elle sait que son combat doit être mené également contre les traditions. “Je sais qu’on ne peut pas avoir de repas décent pour Rs 15, mais j’estime qu’on doit investir dans son corps. Food is pleasure. Il est de notre devoir de garder notre corps en bonne santé.”
Tac au Tac
Votre hobby : Baking, not healthy food (rires)
Livre préféré : Men are from Mars, Women are from Venus, de John Gray
Chanson préférée : I’m the One, de Justin Bieber et DJ Khaled
Film favori : Pretty Woman, avec Julia Roberts
Plat préféré : Mauritian curry (rires)
Séga préféré : Li tourner, d’Alain Ramanisum
Fruit préféré : Blueberry (myrtille)
Un indispensable : Mon iPhone
Astuces pour perdre du poids
Il est important de boire un verre d’eau toutes les heures. Je recommande à mes clients de mettre une alarme chaque heure. Puis, couper le sucre, car il se transforme en graisse, et éviter les glucides, la nuit. Comme exercice pour les débutants, je recommande des sessions de cardio, qui aident également à renforcer la confiance en soi.