Intuitions, lancé à la fin de l’année dernière, est le quatrième album de Laura Beg. Un opus qu’elle décrit comme une lettre personnelle à son public. La carrière de cette chanteuse de 31 ans est bien entamée, au point où elle peut aujourd’hui exploiter d’autres univers et se lancer des défis. À Scope, Laura Beg parle d’une suite tout en confiance et n’hésite pas à ouvrir plusieurs chapitres qui l’ont amenée à atteindre son but : celui d’être connue et reconnue.
Laura Beg promet que l’année 2018 sera encore plus belle et surprenante. Elle compte renforcer le contact avec ses fans qui l’ont soutenue et accompagnée jusqu’ici.
Un nouvel album, Intuitions, Miss Mauritius Universe, Mrs Superstar à Durban, présence remarquée sur le continent africain, des tournées à l’étranger : 2017 a-t-elle été votre meilleure année ?
2017 a été une très belle année. J’ai réussi quelques défis que je m’étais lancés. J’éprouve une totale satisfaction pour avoir terminé les choses en beauté.
Impossible de ne pas faire référence au concours Mrs Mauritius Universe, qui m’a permis de représenter Maurice en Afrique du Sud. J’ai toujours aimé la mode et ce milieu-là. Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de le faire dans le passé. Mais quand on a un rêve, il faut essayer de le concrétiser. Je pars du principe qu’il ne faut pas uniquement rêver dans la vie, il faut surtout travailler pour le réaliser. Je tiens à préciser que je n’ai nullement été favorisée dans ce concours. Je me suis inscrite en me mettant au même niveau que toutes ces femmes. Je n’étais pas dans une démarche de gagner. J’ai tout fait avec le cœur. J’ai mis ma vie d’artiste entre parenthèses pour être Laura, une femme comme toutes les autres. Mrs Mauritius Universe a été un concours d’humilité.
Coke Studio Africa a été la surprise de l’année car je ne m’y attendais pas du tout. C’est la première fois dans ma carrière que je me suis sentie accueillie comme une artiste dans un pays étranger. J’ai rencontré plusieurs grands artistes africains, de fabuleux arrangeurs et des professeurs spécialisés pour la voix. Cela m’a permis de me perfectionner. Je n’y étais pas seulement pour chanter. Il fallait aussi écrire et composer des chansons. Il existe une connexion entre l’Afrique et Maurice. Les artistes mauriciens pensent surtout à conquérir l’Europe, les États-Unis ou l’Australie alors qu’il y a un grand marché sur le continent africain. Ce fut un grand honneur de représenter Maurice et j’espère que d’autres auront la chance d’être sélectionnés.
Je termine cette année 2017 en étant plus posée, plus affirmée et moins attachée aux broutilles. L’expérience me permet de prendre du recul. J’ai la chance de vivre ce que je vis. Je ne peux pas me plaindre, je n’ai pas envie de me justifier et je ne me sens pas coupable de réussir.
Maintenant que vous êtes sur la lancée, comment s’annonce 2018 ?
Le début de cette nouvelle année sera consacré à la promotion de mon nouvel album, Intuitions, qui a été lancé pendant mon absence. C’est un de mes regrets de 2017. J’étais en tournée et je ne pouvais pas être présente à Maurice pour assurer le lancement officiel. Cela fait un an que l’album est prêt, que les radios le cherchent et que le public l’attend. Je voulais donc le mettre sur le marché avant Noël. Mais je vais vite me rattraper. Avec un premier concert en janvier, qui sera suivi de plusieurs showcases à travers l’île.
Pour 2018, j’ai décidé de mettre l’accent sur Maurice afin de reconquérir mon public. C’est vrai que j’étais présente dans des concerts mais je n’ai pas proposé de nouvel album depuis trois ans. Je prévois un grand concert ainsi que plusieurs tournées dans la région et à l’étranger.
Alors que vous êtes engagée dans plusieurs projets, vers quoi espérez-vous avancer dans la vie et dans votre carrière ?
Il me semble important aussi d’être dans la continuité de ce que je suis. Je ne peux pas deviner l’avenir, mais je peux faire en sorte d’accomplir tout ce que je me suis mis en tête. Le meilleur moyen est de travailler, de toujours garder les pieds sur terre et d’avoir cet amour pour la musique. De toujours être vraie avec le public. Ensuite, j’espère toujours être le porte-parole des femmes et des enfants qui n’ont pas les moyens de voice out. Même si je suis déjà très active au niveau social, je compte davantage donner de moi-même dans plusieurs projets sociaux. Quand on est artiste, il est important d’apporter son soutien aux gens.
Hors scène, est-il facile de gérer ces réussites et autant de sollicitations ?
Quand on est connu, le revers de la médaille est de perdre une certaine liberté. Il faut l’accepter et apprendre à le gérer. Je n’ai jamais été une personne excentrique. Quand tu arrives à te faire un nom, tu es constamment sollicité dans les soirées mondaines, les galas, entre autres. Les gens s’attendent à ce que tu te fasses remarquer. À Maurice, on interprète mal la réussite. On pense que les yeux doivent être sur toi dès que tu entres dans une pièce. Je n’ai jamais adhéré à ce style de vie. Je suis une personne discrète et j’aime préserver ma vie personnelle. J’évolue au fil des années. J’ai fait beaucoup d’efforts, sans pour autant être le centre d’attention.
Autant que possible, j’essaie de mener une vie normale quand je ne suis pas sur scène. Je suis heureuse d’être une femme au foyer pour m’occuper de mon fils, de ma maison, de cuisiner et faire le ménage. J’ai besoin de ça pour souffler un peu. Heureusement que je suis entourée de ma famille, qui m’aide beaucoup. Le meilleur cadeau que quelqu’un puisse m’offrir, ce n’est pas de m’inviter dans une soirée mais de me permettre d’être chez moi sous la couette avec mon fils devant un bon film d’animation.
Qu’attendez-vous de votre public ?
Mon public a toujours été là depuis mes débuts, même à l’époque où je n’étais encore qu’une choriste. S’ils sont toujours là, c’est parce qu’ils ont adhéré et accroché à la personne que je suis. Les fans ne m’ont jamais tourné le dos et je leur suis très reconnaissante. En tant qu’artiste, j’attends à ce que mon public me donne de l’amour, comme moi je leur donne en musique.
Revenons à la musique. Après Mo sentiman pou twa (2008), Tiktiker (2011) et L’immensité l’amour (2014), que pouvez-vous nous dire concernant votre quatrième album, Intuitions ?
C’est un album où je me suis plus affirmée comme chanteuse et compositrice. C’est un album de partage. Il n’était pas question de juste sortir un produit pour plaire aux gens, mais aussi de me faire plaisir à moi. C’était un gros travail. J’ai commencé à écrire depuis la sortie de mon dernier album. J’y ai passé de nombreuses heures et nuits pour peaufiner ces seize morceaux. J’ai aussi insisté pour qu’il n’y ait pas de reprise ni de duo. Pour résumer, je dirais que c’est une lettre personnelle que j’adresse à mes fans.
Comment avez-vous imaginé et construit ce nouvel album ?
J’ai souhaité travailler sur les textes en m’inspirant beaucoup de thèmes de la société. C’est un album où je dis les choses ouvertement, sans avoir peur de ce que les gens vont penser.
Dans Zistoir Lamour, je raconte l’histoire de deux personnes qui ont refait leur vie et qui ne croyaient plus que l’amour referait surface. Artis a été écrit pour les artistes de Maurice et aborde les problèmes qu’ils rencontrent. Nous avons organisé pas mal de manifestations dans le passé, mais rien de concret n’en est sorti. Les choses avancent, mais trop lentement. Si ti li aussi vrai est un zouk love qui parle d’une histoire d’amour qui s’est mal passée. Mashup di place est un dancehall assez festif. Papa est un hommage à mon père, décédé alors que je n’avais que trois ans. Je raconte comment j’ai appris à le connaître à travers les gens. C’est pour lui que j’ai eu envie de devenir chanteuse; j’ai appris qu’il était interprète. J’espère que cette chanson sera une thérapie pour tous ceux ont perdu quelqu’un de proche. Allélouya est une chanson pour remercier Dieu de tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent. L’amitié est un texte pour rappeler l’importance des gens qui nous entourent. Pa dir li est un morceau d’ambiance, fun et comique. Vini nou danser est un séga pour les fêtes, un peu la sœur de Tiktiker. Laisse to kamuad avancer est un reggae qui parle des moments où il y a toujours des gens pour vous mettre les bâtons dans les roues. Quand mi pense est un cadeau que j’offre à mes nombreux fans de La Réunion. Paradis est un reggae qui parle de Maurice et des fléaux qui font des ravages. Victimes aborde aussi la drogue et la souffrance de ceux qui sont dans l’entourage des consommateurs. One voice est une chanson que j’ai écrite pour le concours Mrs Universe et qui m’a valu d’avoir le titre de Mrs Superstar. Mon lémé est une chanson d’amour en kreol réunionnais. Respect tou bann fam parle du respect envers les femmes.
Séga, dance-hall, reggae-seggae, zouk, ballade, slow… Y a-t-il d’autres univers musicaux que vous comptez essayer ?
J’ai toujours été un touche-à-tout. Je ne me suis jamais considérée comme une artiste enfermée dans une catégorie. J’ai cette chance de pouvoir chanter tous les styles de musique. Pourquoi me priver de l’exploiter ? Le séga demeurera la base, mais je suis une chanteuse qui aspire à d’autres univers musicaux, tant que cela me permet de transmettre ma passion. Tout est possible du moment qu’on se donne la peine de le faire ou lorsque l’inspiration est présente. J’ai plein d’idées en tête. Il y a de fortes chances qu’on me retrouve dans des répertoires où l’on ne m’attend pas.
Laura Beg a-t-elle d’autres talents cachés qu’elle n’a pas encore révélés ?
Je découvre mes talents au fur et à mesure, voire en même temps que le public. Je n’aurais jamais pensé être là où je suis aujourd’hui. J’avais 16 ans quand j’ai pris la décision de faire du chant mon métier. J’avais un but : celui d’être connue et reconnue. Avec du recul, quand je revois mon parcours, je réalise à quel point ce chemin n’était pas facile. Je suis à un moment de ma carrière où c’est la peak season. Il faut en profiter car je suis consciente que cela ne dure pas éternellement. Je dois donc prendre tout ce qu’il y a à prendre et offrir le maximum au public.