J’écrivais dimanche dernier que parfois les agissements de la police mauricienne pouvaient rappeler le fonctionnement des polices des républiques soviétiques. L’actualité de cette semaine est venue confirmer cette impression. Mercredi dernier, cela faisait un an que le Parlement avait voté le Police (Membership Trade Union) Bill autorisant enfin les policiers à se syndiquer, comme toutes les autres catégories de travailleurs du pays. Pour célébrer cet anniversaire la Police Officers Solidarity Union (POSU), dirigée par l’inspecteur Jaylall Boojhawon ,avait décidé d’organiser une marche pacifique pour, comme le font tous les autres syndicats, dénoncer les conditions de travail de ses membres. Selon la POSU, elles sont particulièrement mauvaises pour les policiers et vont des postes de police qui tombent en ruines, et qui sont infestés de rats et de punaises, aux trop longues heures de travail, en passant par des uniformes trop larges ou trop étroits, sans compter la non-application des recommandations du rapport du PRB, entre autres. La direction de la police a tout fait pour ne pas autoriser cette marche pacifique, depuis des changements dans l’itinéraire jusqu’à celui des horaires. Tous les congés des policiers ont été annulés pour mercredi, tandis qu’une opération d’intimidation, avec son lot de menaces et de représailles, avait lieu pour « décourager » les policiers participer à la marche pacifique. Mercredi dernier, il y avait beaucoup plus de membres de la police en civil des deux côtés du parcours de la manifestation pour noter les noms de ceux, qui malgré tout, avaient tenu à manifester.
Cette manière de faire rappelle le fonctionnement des polices soviétiques avant la chute du Mur de Berlin et celles des républiques bananières, comme celles du Zimbabwe de Robert Mugabe. Au lieu d’essayer de boycotter une marche pacifique, est-ce que la direction de la police ne devrait pas concentrer son énergie sur d’autres sujets? Par exemple, sur les agissements de ce très haut gradé qui aurait essayé de convaincre un témoin de revenir sur ses dires dans l’affaire des propos de nature communale qui a obligé le gouvernement à pousser à la démission Showkutally Soodhun ?
L’indifférence au sort des Rohingyas victimes, selon les observateurs, de « persécution orchestrée », de « nettoyage ethnique » ou de « discrimination systématique et à la marginalisation » continue de plus belle. Très peu de voix internationales se sont élevées contre ce nettoyage ethnique dans un pays majoritairement bouddhiste, religion de la non-violence, et dont les bonzes n’hésitent pas à prêter main-forte à l’armée qui chasse les Rohingyas de Birmanie. A la liste des grands de ce monde qui pratiquent le silence diplomatique — qui quelque part équivaut à une forme de complicité —, il faut ajouter le nom du pape François 1er. Ce pape qu’on avait connu beaucoup plus engagé dans la défense des Droits de l’homme a réussi l’exploit d’effectuer une visite en Birmanie sans jamais prononcer le nom Rohingyas. Ce désir de ne pas déplaire à ses hôtes, les généraux de la junte qui dirigent la Birmanie, est plus qu’étonnant. Comme quoi les grands principes et la défense des Droits de l’Homme ne valent pas grand-chose face aux intérêts financiers et géopolitiques.
Nous sommes en décembre, mois de la floraison des flamboyants et de la récolte des mangues et des litchis. Tout au moins ceux que l’on arrive à sauver des chauves-souris ! Sur le plan politique, il semblerait que décembre 2017 pourrait être également le mois du début des tractations pour une alliance préélectorale. C’est en tout cas le sentiment de certains observateurs qui notent les propos du leader du MMM sur les démissions de Showkutally Soodhun et de Raouf Gulbul réclamés depuis belle lurette. Ces observateurs soulignent également les rappels à la période 2000/2005 faits par certains orateurs mauves dans la campagne pour la partielle du No 18. Serions-nous à la veille d’une énième réunification de la grande famille militante ?
Jean-Claude Antoine