NAVIN RAMGOOLAM SUR HERITAGE CITY : « Pou ki fer ti pou fer ça ? Pou donn enn cadeau Anerood Jugnauth ? »

« Le projet Heritage City a un parfum de scandale et de corruption. D’où son abandon. » Ce sont en ces termes qu’Arvin Boolell a qualifié ce projet, vendredi soir, lors d’un congrès du PTr à la Mohit Hall, à Saint-Pierre. Et selon lui, la population devrait être fière qu’avec le combat mené par Navin Ramgoolam et le PTr, ce projet ne sera pas réalisé. L’ex-PM s’est aussi interrogé sur la nécessité pour le pays d’un tel projet, qui aurait déplacé le Parlement à Ebène. « Pou ki fer ti pou fer ça ? Pou donn enn cadeau Anerood Jugnauth? », a-t-il dit devant l’assistance à qui les membres du PTr ont, une nouvelle fois, réitéré leur appel pour une mobilisation en marge de la campagne électorale, qui est très proche, selon eux, soit d’ici la fin de l’année.
Navin Ramgoolam est catégorique: « Le budget présenté par le ministre des Finances Pravind Jugnauth est un budget de rupture avec la réalité. Li pa pou kapav redresse leconomi ek rann ou lavi meilleur ». Comme lors de la conférence de presse du PTr, mardi dernier, il a passé en revue les différentes mesures du Budget 2016-2017 et affirme que « c’est seulement le gros capital qui en est heureux », rappelle-t-il.
Métro Express : «Zot finn raval zot l’amour prop »
S’appuyant sur les propos tenus sur les ondes des radios privées par le président de la SBM Holdings, Kee Cheong Lee Kwong Wing, selon lequel ce budget devrait permettre au pays de sortir de la morosité dans laquelle il se trouve depuis deux ans, Navin Ramgoolam estime qu’il s’agit là d’un aveu que le gouvernement n’a rien fait pendant ces 20 mois au pouvoir : « Et pourtant, ils ont eu trois ministres des Finances. Vishnu Lutmeenaraidoo pour son miracle économique qui n’a jamais vu le jour ; SAJ pour les six points de son Economic Vision 2030, jamais enclenchés, et, enfin, Pravind Jugnauth qui présente un budget comportant contradiction lor contradiction ». Selon le leader du PTr, le gouvernement, « avec sa politique de vengeance, a mené l’économie du pays dans le rouge ». Il soutient qu’aucun investisseur n’est intéressé par Maurice. Il cite l’affaire BAI en exemple pour étayer ses propos, affirmant que, face au traitement infligé à Dawood Rawat – qui a construit une entreprise durant toute sa vie, pour la voir détruire par vengeance politique -, les investisseurs n’ont plus confiance en Maurice.
Il déplore, d’autre part, que sur d’autres plans de développement, «zot pe declar piti pa pou zot », comme les travaux à l’aéroport, ou encore le Metro Express. « Zis nom inn changé. Proze ce le mem. Zot finn raval zot l’amour prop », dit le leader du PTr. A cause du retard accumulé par l’Alliance Lepep, dit-il, ces projets coûteront plus cher. Il demande au gouvernement de collaborer avec l’Inde au lieu de s’adresser à d’autres pays.
Lors de sa conférence de presse en début de semaine, le leader du PTr avait soutenu que le budget de Pravind Jugnauth est « sans vision, sans ligne directrice », et que les pertes d’emplois, la dépréciation de la roupie, le taux de croissance revu à la baisse sont autant d’indices de la mauvaise gestion économique du pays.
S’agissant du Duty Free Island, Navin Ramgoolam a soutenu, vendredi à la Mohit Hall, que « c’est un leurre. Trésor pou zot, désert pou ou». Selon lui, ce budget est en réalité, un gros cadeau avec un emballage à n’en plus finir : « Cadeau la, li gros, mais li pas pou ou, li pou gros capital. Ou, ou gagn emballaz lor emballaz, ek confetti. Gros capital ki contan ».
Cinq questions à Soodhun
Il a vivement critiqué le ministre des Terres et du Logement pour avoir voyagé en jet privé. Il déplore les récriminations de Showkutally Soo-dhun contre la presse qui aurait fait état de son déplacement, il soutient qu’il s’agit là d’un harcèlement contre la journaliste en question. S’improvisant l’avocat de cette dernière, il lance cinq questions à Showkutally Soodhun : « Eski li ti vinn dans avion privé ? Eski ti ena valise avec li ? Comié ti ena ? Eski enn loto ti vinn pran li kot avion ? Eski kan loto finn allé, finn pran valise ki pa ti finn fouillé? Eski ena lezot valises ki fin rerentre dans avion ek ki pa finn fouillé ? » Pour le leader du PTr, l’Alliance Lepep a berné la population. A son avis, tout ce qui a été promis durant la campagne électorale par le gouvernement, « ce le contraire ki zot pe fer ». Il s’insurge contre les 184 voyages effectués par les membres du gouvernement en 18 mois, et par surcroît, une augmentation des per diem. Navin Ramgoolam déplore également  les suspensions récentes au Central Electricity Board (CEB) et défend la cause des petits planteurs qui « vont souffrir avec les mesures budgétaires », et prend l’engagement que « ena pou rann compte demain ».
L’Attorney General en a eu aussi pour son grade qui « fait honte à ce poste ». « Ravi Yerrigadoo ne connaît pas ce que veut dire être Attorney General. Il a jeté le déshonneur sur ce poste », dit-il, et prévient que «pou ena lenket lor complot ki fin fer contre moi », faisant référence au dossier Dufry. Navin Ramgoolam a également abordé le Nine-Year Schooling, qu’il qualifie ni plus ni moins de « crime ». Selon lui, une fois de plus, la régionalisation sera de rigueur et ce sont les enfants qui en pâtiront et rappelle que sous son gouvernement, « la vie ti meilleur ».
Les autres orateurs, notamment Anil Bachoo et Patrick Assirvaden, entre autres, ont aussi déploré les récentes mesures budgétaires qualifiant le gouvernement de « bluffeur ». La secrétaire du PTr, Kalianee Juggoo, estime, pour sa part, que ce budget ne comprend rien pour l’avancement de la femme.
Pour conclure, Navin Ramgoolam concède que « nous avons fait des erreurs ». Cependant, dit-il, «gouvernement pe fer propagande». Il exhorte ainsi la population, au moment de choisir un gouvernement « à opter un gouvernement qui a une véritable vision ».

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