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Portrait:Bertrand d’Espaignet, écrivain débutant

Bertrand d’Espaignet est né dans une famille qui aimait la lecture et l’Histoire. Ce qui est le cas de beaucoup de familles mauriciennes qui entretiennent un rapport passionné avec leur histoire. Plus exactement, celle que l’on raconte dans les dîners de famille. Sa mère, Maryse, était enseignante et femme de théâtre et son père, haut fonctionnaire et ancien Clerc de l’Assemblée législative, était un collectionneur de livres d’Histoire. Si Bertrand lit beaucoup, ce ne sont pas des études de lettres qu’il entreprend après ses études secondaires, mais celle d’économie et de gestion. Le futur romancier n’a-t-il jamais pensé à faire des études d’Histoire ? « Non, sans doute parce que cette matière n’était pas enseignée comme matière principale à l’époque. Mais j’ai beaucoup lu sur l’Histoire à travers la collection des ouvrages de mon père. Je me suis surtout intéressé aux petites anecdotes de la grande Histoire de Maurice et d’ailleurs. » Après ses études universitaires, il devient enseignant en gestion – un bon enseignant dans cette matière selon ses collègues et ses élèves – pendant des années. Et puis, il y a quelque temps, il ralentit son rythme et pratique son activité professionnelle uniquement à mi-temps. Au contraire de la natation et du surf qu’il pratique régulièrement, et passionnément, dans la région de Pointe d’Esny où il vit heureux « et loin de la ville ». Jusqu’à l’année dernière, Bertrand d’Espaignet n’entretenait que des rapports « normaux » avec l’écriture : « J’écrivais beaucoup de lettres et de mails à mes parents et amis. Ceux qui les recevaient m’ont toujours dit que je le faisais bien, que c’était vivant, caustique, croustillant et qu’il fallait que j’écrive. Je les ai écoutés et il y a quelques années je suis allé suivre un cours de formation en écriture organisé par un journal. A la suite de cette formation, qui m’a intéressé, j’ai envoyé des textes à une responsable du journal en pensant qu’elle allait les publier. Je n’ai pas eu droit à une réponse. Je me suis dit que je ne savais pas aussi bien écrire que ça, et je suis retourné faire du surf. » Et puis, l’année dernière, le 13 mars plus précisément, il se met à son ordinateur et commence à écrire un roman. Comme ça, d’un coup, sans aucun signe avant-coureur ? « Disons que depuis des années, j’ai énormément lu, j’ai engrangé des choses sur l’Histoire, sur ses héros, sur certaines situations. Et puis mon père avait fait des recherches généalogiques sur sa famille. Il avait des faits et des dates sur son histoire. Je les ai un peu utilisés comme base pour raconter l’histoire d’une famille à Maurice de la fin de la colonisation française et du début de la colonisation anglaise. J’ai essayé d’imaginer le reste et j’ai collé le tout sur des personnages et des situations qui ont existé. » Combien de temps a pris l’exercice d’écriture ? « Quatre mois. C’était comme quelque chose qui était en moi et que je devais expulser, coucher sur du papier. J’ai romancé en imaginant certaines choses. » Avait-il en tête la trame de ce roman qui court quand même sur plus de cinquante ans ? « L’histoire d’un jeune colon français qui reçoit un coup de fusil anglais dans ses lesses, juste avant la bataille de Grand Port, trottait dans ma tête depuis des années. J’en ai fait le point de départ de mon roman qui est aussi celle d’une famille à travers des périodes agitées de l’histoire de Maurice avec une incursion en France. La seule chose dont j’étais sûr, c’était que je ne voulais pas écrire un livre d’histoire dont les lecteurs diraient en le lisant « que c’est chiant ! » et le mettre de côté. Pour que l’histoire soit digeste, il fallait qu’elle soit romancée. J’en ai profité pour rétablir certains faits. Comme cette légende qui voudrait que le nom Macondé vienne d’un monsieur Condé et du mât où il mettait ses drapeaux, alors qu’il s’agit, en fait, d’une nation du Mozambique dont des dizaines de milliers de membres ont été décimés par les esclavagistes. »

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