N’est pire aveugle que celui qui refuse de voir ! Notre oligarchie politique, traduisant cet adage par lepep admirab, s’est sans doute dit que les Mauriciens resteront fidèles à leurs pistas. Mais voilà, pour beaucoup, les portes de la crédulité se verrouillent, les assujettis supposément prédisposés ont compris la portée du mot “NON”. Cela est dû à l’affranchissement des discours cancanés et expirés, que nous servent les dépositaires de cette oligarchie, fidèlement relayés par notre TV nationale.
Ce mot, “NON”, j’en ai saisi l’essence quand mon ami, le défunt Tatave, me sollicita pour participer à une veillée au début de 2010. Jayen Chellum, secrétaire de l’ACIM, disait “NON” au gel des subventions de la part du gouvernement. Je ne sais quoi en moi, ces jours-là, s’est senti interpellé : plus que la conscience, la nécessité de l’exprimer, l’expression anglaise voice out sied mieux cet état. Dans mon cas, la conscience, que je traduis par la capacité de s’émouvoir devant une situation, a toujours été nourrie par deux facteurs principaux : l’engagement et la conscience de ma mère, et notre classe sociale.
Le “NON”, dont l’engrais est cette conscience, vise spécifiquement les caractéristiques d’un système inique. “NON” au communalisme qui empêche un vrai questionnement citoyen, puisque tout problème d’intérêt public est ramené à une dimension communale et est répondu comme tel. “NON” au favoritisme qui est un frein au développement personnel et collectif, favorisant ainsi la démotivation et le fatalisme. “NON” à la corruption, qui traduit une justice à deux vitesses, celle distillée aux personnes imputables du moindre, le peuple, et celle nettement plus complaisante, destinée à une certaine élite. “NON” à la dilapidation de nos biens, terres et autres ressources naturelles, argent, temps… parce que cela nous dépossède de notre patrie et, dans bien des cas, nous aliène du “développement”. “NON” encore à cette dilapidation qui insulte les conditions précaires dont sont victimes beaucoup de nos compatriotes, parce qu’il manque une vision globale au problème de la pauvreté, accentuant ainsi le fossé entre riches et pauvres. “NON” à cette politique dynastique qui considère le peuple comme un simple outil électoral auquel les élus ne se sentent comptables qu’en cas de démagogie ou d’ego froissé. “NON” encore à tellement d’injustices que nous arrivons difficilement à qualifier par notre manque d’éducation politique.
Nous, étant ces jeunes n’ayant pas connu la période pré et post-1968, mai 1975, juin 1982, août 1983… Nous, étant ces jeunes qui, refusant allégeance à une classe politique quelconque, exprimons le droit de nous indigner ouvertement. Le droit d’être des citoyens à part entière, dotés de conscience et de gueule. Nous, étant ces jeunes qui refusons tout héritage encombrant, nous obligeant à souscrire de façon non démocratique au politique. Nous, étant ces jeunes qui refusons de voir les inégalités sociales à travers le filtre du communalisme, mais plutôt comme la résultante d’un système. Nous, étant ces jeunes qui n’avons pas encore compris le comment de la politique, mais qui comprenons clairement que cela ne correspond pas aux soubresauts des rances acteurs appartenant à la classe politique actuelle. Nous, étant ces jeunes, qui affirmons qu’une société meilleure est possible parce que nous la vivons déjà à travers nos échanges et partages. Nous, étant ces jeunes qui réalisons que cette île Maurice meilleure, que nous refusent les garants du système en place, nécessite notre concours. Nous, étant ces jeunes qui comprenons que cette île Maurice meilleure nécessite de l’investissement humain, mais que cela passe automatiquement par le rejet du système actuel. C’est pour cela que nous disons “AR NOU NON !”
DIBOUTE, KOZE: Ar Nou Non !
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