En cette période de fête, le piratage de la musique locale refait surface. Les compilations regroupant les chansons les plus populaires de l’année sont en vente dans les foires du pays et les vendeurs ne sont nullement inquiétés. Les manquements à la Copyright Act rendent le combat d’autant plus difficile alors que les artistes sont découragés.
Pour l’année 2014, seuls deux cas de Breach of Copyright Act ont été enregistrés à l’Anti Piracy Unit. Un chiffre qui démontre à quel point les autorités sont impuissantes face au problème de piratage. S’il est vrai que le téléchargement a pris le dessus sur les CD piratés, les vendeurs sont bien présents, surtout à cette période de fête.
À la foire de Mahébourg, lundi dernier, un homme crie sans se gêner : « Disque de l’année, séga de l’année. » Dans une pochette rouge, on retrouve deux CD contenant des chansons locales ayant marqué l’année, avec quelques morceaux de 2014. La vente se fait au vu et au su de tous. « Ces vendeurs sont un peu comme les champignons. On en chasse un ici, un autre surgit à un autre endroit », indique une source dans le milieu du copyright.
Il nous revient qu’il y a quelques semaines, une descente a eu lieu à la foire de Mahébourg. Le temps que les artistes se rendent au poste de police pour donner l’alerte, le marchand avait déjà pris la poudre d’escampette. « Il a dû être informé de l’arrivée des policiers », regrettent les artistes concernés.
Ce commerce parallèle trouverait sa source dans un quartier périphérique de la capitale. Mais en raison des lacunes de la Copyright Act, il n’a pu être inquiété jusqu’ici. Le Chef Inspecteur Rohumatally de l’Anti Piracy Unit confirme justement que les « loopholes » à la loi demeurent l’une des plus grosses difficultés dans ce combat.
L’autre problème étant la réticence des artistes à venir identifier leurs oeuvres au poste de police ou à la cour. Toutefois, un artiste connu voit, lui, la question sous un autre angle : « Pourquoi dois-je aller certifier qu’une oeuvre m’appartient quand ma photo est déjà sur la pochette et que la chanson est diffusée sur les ondes comme étant la mienne?? La police devrait faire preuve de bon sens », argue-t-il.
À ce sujet, il nous revient que dans le cadre des amendements à la Copyright Act, qui pourrait survenir vers avril de l’année prochaine, il serait prévu que la Rights Management Society (RMS) puisse représenter ses membres pour les affaires de piratage. Une réunion entre la société et la police a d’ailleurs eu lieu récemment, concernant la stratégie à mettre en place en cette période de fête.
Selon le CI Rohumatally, des patrouilles régulières sont organisées dans les foires, auprès des marchands ambulants et dans les video clubs. Mais les artistes voient la chose différemment. « L’anti Piracy Unit ne compte que 12 membres pour toute l’île. Comment peut-elle être efficace avec un tel effectif?? Pour ce qui est des membres de la force régulière, souvent, ils refusent de prendre nos dépositions, nous référant à l’Anti Piracy Unit, qui se trouve aux Casernes centrales. C’est pour cela que les artistes sont découragés à venir de l’avant. »
Si les artistes attendaient depuis longtemps une nouvelle loi pour combattre le piratage, la promulgation de la Copyright Act 2014 n’a pas été d’une grande aide pour autant. « Il y a des manquements au point de vue légal. Beaucoup de case sont tombées récemment à cause de cela », invoque-t-on. Dans le milieu, on mentionne que l’affaire État vs Baharay en mai 2014 fait jurisprudence et que depuis, un certain nombre de cas de piratage n’ont pu être poursuivis en Cour.
Les autorités veulent maintenant mettre l’accent sur l’éducation des consommateurs pour contrecarrer ce problème. Une vaste campagne de sensibilisation sera organisée l’année prochaine.
MUSIQUE LOCALE : Piratage, les artistes et la police impuissants
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