JÉRÉMIE BROUSSE DE GERSIGNY:Le designer qui jongle avec les mots

Aura lieu du 17 au 19 décembre au Mezza Business Hub, du Domaine du Mont-Calme, à Tamarin, « Photographismes « . Il s’agit de la première exposition de photographies de Jérémie Brousse de Gersigny. Ses photographies, accompagnées d’extraits d’un choix de textes d’auteurs francophones, font également partie d' »Exîles des hommes », livre d’auteur à tirage limité que le photographe a lancé vendredi dernier. Voici le portrait d’un designer qui jongle aussi bien avec les mots qu’avec les formes, les volumes que les couleurs.
Le carton d’invitation pour le lancement du livre et l’exposition sortent résolument de l’ordinaire. Les images sont très travaillées comme les textes. Les deux faces sont utilisées et l’on sent qu’un soin particulier a été pris pour leur élaboration. Sur la face réservée à l’exposition, deux citations. La première anonyme se lit ainsi « Zimaz avolé kouma payanke dans lezer ». La deuxième est signée Erik Orsenna : « Les îles sont les pierres d’un gué. Et c’est en ceci que les photos leur ressemblent : petits morceaux du présent qui surnagent au milieu du chaos des années. Instantanés. » Ce carton d’invitation très visuel est en fait une carte de visite qui indique le métier de Jérémie de Gersigny : designer. Mais au départ, quand il faut s’orienter dans une filière professionnelle au lycée Labourdonnais où il a fait ses études, Jérémie choisit le métier d’architecte. « J’ai rapidement découvert que j’aimais plus dessiner les maisons et les bâtiments que faire le calcul des poids et des mesures qui entrent dans leur construction. Il y avait trop de physique, de mathématique et d’ingénierie dans ce métier dont j’étais fasciné par l’aspect créatif. J’ai donc changé de filière en me faisant inscrire dans une école de communication visuelle à Paris avant d’aller terminer, à Bordeaux, mes études. J’ai passé près de cinq ans à étudier, puis à travailler un peu avant que l’appel de la mère-patrie —pas l’amère patrie — me fasse revenir dans l’île, car je suis d’abord et avant tout un insulaire. Je suis donc rentré et j’ai été engagé chez Circus. » Pour faire de la publicité ? « Pas du tout. Je suis rentré chez Circus où je devais créer un département de design, mais cela ne s’est jamais concrétisé et j’ai quitté cette firme pour aller travailler chez Contraste où je me suis éclaté comme designer. » Essayons d’expliquer les concepts et les mots : quelle est la différence entre publicité et design ? « Malcom de Chazal disait que le design est à la bière ce que la publicité est au champagne. La pub, ça mousse, ça pétille tout de suite et ça se tasse très vite. Comme la bière, le design mousse lentement mais dure plus longtemps. Le design est fait pour ancrer des marques, des styles, des produits, des comportements dans la durée. » Mais le design ne fait-il pas partie des armes utilisées par la publicité ? « La publicité se sert du design et des marques pour vendre certes, mais ce n’est pas le même métier. Chez Contraste je me suis beaucoup éclaté sur des projets de branding et de rebranding. A ce sujet, il faut dire que 90% de ceux qui font du « rebranding » à Maurice se trompent de terme. La plupart des gens s’arrêtent à l’identité, à la charte graphique : ce n’est pas correct. On commence effectivement par se poser beaucoup de questions pour bien se définir avec un message et un positionnement etc, mais ce n’est pas que ça un branding. C’est beaucoup plus vaste et plus complexe et ici, malheureusement, on s’attache surtout à l’apparence, ce n’est pas suffisant : le message qui est derrière est plus important, c’est la création de marques, d’identités. Mon travail est de créer cette lumière qui attire les gens. Mon métier, c’est créateur de soleils, c’est de créer une boulle, la plus compacte, la plus puissante possible, mais aussi la plus simple qui va réchauffer et illuminer les gens le plus longtemps possible. La meilleure marque, le meilleur brand, c’est le plus simple, le plus concis et c’est Nike. Ce simple signe, ce signe-trait qui est là et qui va être là pendant longtemps encore. Il n’a pas besoin d’être redéfini, repensé tellement il est fort, condensé, puissant. Mais il faut de très longues heures de réflexion, de travail et d’essais, de voyages, de lectures, de frottements avec les autres et de nourriture de son esprit pour aboutir à ce simple signe qui résume tout en un trait de génie. » Après quelques années passées à Contraste, Jérémie démissionne pour aller ouvrir sa propre boîte : I am an island. Pourquoi ce nom qui sonne comme une chanson ? « Parce qu’il résume ce que je fais : pratiquement un one man show dans le bon sens du terme. Le monde évolue tellement vite que les services les plus demandés sont la rapidité, l’efficience et l’efficacité. Avec moi le client évolue dans une relation one to one totale : je suis à la fois le commercial et le créatif de la boîte qui met en place la stratégie commerciale et la réalise graphiquement. Je fais tout. C’est ce que les gens semblent apprécier de plus en plus. » Est-ce qu’il n’y aurait pas dans le nom de la boîte et dans la description des services que propose son propriétaire la vantardise de celui qui dit qu’il sait tout faire ? « Je peux tout faire, dans mon domaine. Je propose un mélange de l’expérience et des longues années d’apprentissage, un service avec moins d’intermédiaires, donc plus rapide, moins cher — parce que mes frais sont moindres comparés à ceux des grosses boîtes avec des dizaines d’employés — ce que les clients apprécient beaucoup. J’ai la chance de ne pas faire de l’alimentaire, c’est-à-dire d’être apprécié dans ce que je fais puisque je n’ai jamais eu besoin de faire mon propre marketing, les gens viennent à moi. »
 

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