CCID: Les dessous du cas de pédophilie exposés

Le leader du MSM, Pravind Jugnauth, qui a passé presque 16 heures au QG du Central CID, soit de 11 h le 3 janvier à 3 h ce matin, a étalé au grand jour les dessous de l’affaire de pédophilie impliquant un instructeur du Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Dans sa défense qu’il a consignée personnellement en présence du panel d’hommes de loi menés par Me Roshi Bhadain (avocat) et Me Girish Nunkoo (avoué), il a incriminé de manière formelle deux ministres, connus pour leur « proximité plus que politique » avec le principal concerné, pour le cover up dans ces dénonciations de relations sexuelles avec une adolescente fréquentant le MITD.
L’interrogatoire a également débordé sur le volet de Nandanee Soornack avec Pravind Jugnauth partageant avec le Central CID des confidences de la première sur sa vie privée et aussi l’octroi de contrats, dont celui de l’approvisionnement des boutiques Duty Free au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. À la fin de l’exercice, la police n’a retenu aucune charge provisoire contre Pravind Jugnauth, qui affirme avoir mis à la disposition des enquêteurs « beaucoup d’éléments et de preuves » pour soutenir ses commentaires du vendredi 21 décembre au sujet de « Gouvernman pedofil ».
« Zordi nou trouvé ki direksyon Navin Ramgoolam pe amène nou pays. Ou trouv persécution à outrance. Pe servi bann institisyon pou anpes nou koze. Me zordi, la polis pa inn en mezir retenir okenn charge kont mwa. Li enn viktwar. Nou pe defann bann valer moral. Nou bizin protez bann madame, bann tifi, banne mineures. Kot enan cover up, li mo devwar denonse », a déclaré Pravind Jugnauth aux petites heures du matin après avoir quitté les locaux du Central CID en compagnie de ses conseils légaux.
Le leader du MSM se dit satisfait d’avoir pu mettre à la disposition des enquêteurs « beaucoup d’éléments et de preuves » pour étayer ses dires au sujet des accusations de « Gouvernman pedofil ». Néanmoins, il devait critiquer la police pour son manque d’indépendance dans la manière de mener des enquêtes. « Mo inn fer travay ki la polis ti bizin fer. Inn fini cuit manze ek inn met cuiller dan zot labous. Mo espéré ki zot capave fer lanket-la avanse », a-t-il ajouté en faisant état des cas d’abus de pouvoir, de « cover up ek soutiré ».
Pravind Jugnauth s’étonne du fait qu’au lieu de convoquer « les vrais coupables de ces délits pour des inculpations », la police n’a trouvé mieux que de l’interroger jusqu’à 3 heures du matin. Interrogé par Le Mauricien pour obtenir confirmation des grandes lignes des dénonciations consignées dans le cadre de cette enquête suite à des accusations de la ministre de la Sécurité sociale Sheila Bappoo il y a quinze jours, il a préféré jouer la prudence. « Il faut laisser à la police la chance de faire son travail. Plitar, nou ava koz lor la », a-t-il fait comprendre.
Interventions
Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien de sources concordantes dans la nuit d’hier à ce matin indiquent que la défense de Pravind Jugnauth face aux accusations de Sheila Bappoo tient deux volets, soit le scandale de pédophilie au MITD et l’affaire Madame Nandanee (Soornack) dans le sillage de la photo au centre de dépouillement Dr Maurice Curé lors des dernières élections municipales.
Avec force détails et preuves, sous forme d’échanges téléphoniques et de messages SMS entre le principal concerné, l’instructeur du MITD impliqué dans des accusations de pédophilie et deux ministres du gouvernement de Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth a soutenu que ces derniers ne peuvent nullement plaider l’ignorance des graves accusations portées contre ce « protégé politique », qui a bénéficié de nombreuses faveurs suite à des interventions.
À la lumière des documents relatifs à des relevés téléphoniques susmentionnés, le Chief Investigating Officer, le surintendant Yasdev Callee, devra décider de la marche à suivre pour poursuivre l’enquête. Le Central CID pourra opter pour solliciter la confirmation des Itemised Telephone Billing avant de procéder à l’audition des deux ministres cités quant à leurs intérêts à couvrir un suspect dans cette sinistre affaire de pédophilie. Des messages téléphoniques étaient même échangés alors que les ministres assistaient aux travaux de l’Assemblée nationale ou tard dans la nuit, prouvant la proximité alléguée. D’autre part, les messages SMS échangés entre l’instructeur pédophile et sa jeune “proie” sont de nature véritablement obscène selon les détails fournis par le leader du MSM à la police.
Mais les faits les plus accablants que ce soit pour les deux ministres aussi bien que pour l’instructeur du MITD font partie d’un affidavit juré en Cour suprême par l’épouse de celui-ci. Cette femme raconte ses tribulations aux mains de son partenaire et les vaines tentatives de protection recherchées auprès des autorités.
La police tentera d’obtenir auprès de l’épouse la confirmation d’une déclaration attribuée à un des deux ministres à l’adresse de l’instructeur pédophile en pleine crise, soit « mo tender to pe fer mové garson avek enn zelev, to pa pe vinn lakaz tout sa, si to pou fer koumsa mo pou transfert twa ek mo swiv twa de près ». Pour Pravind Jugnauth, ce commentaire ministériel « at the material time » du scandale de pédophilie demeure la preuve que ce ministre et son collègue étaient « fully briefed » sur tout ce qui se passait et se préparait par rapport à cette affaire.
Documents de divorce
Le second volet des explications de Pravind Jugnauth porte sur l’affaire Nandanee Soornack et revêt particulièrement l’aspect d’une attaque frontale contre le Premier ministre, Navin Ramgoolam. À ce chapitre, le leader du MSM s’appuie sur des confidences de Nandanee Soornack au sujet de sa vie privée ou encore des conversations alors qu’il faisait partie du gouvernement par rapport à l’octroi du contrat pour l’approvisionnement des boutiques hors taxes au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport alors qu’il assumait les fonctions de vice-Premier ministre et ministre des Finances.
Les relations d’affaires entre Nandanee Soornack et Doomeswarsingh Gooljaury, un autre proche de Navin Ramgoolam, figurent également à l’ordre du jour de la déposition de Pravind Jugnauth, qui fait état de certains détails émanant des documents de divorce en Cour suprême.
Pravind Jugnauth n’a pas manqué de réitérer le fait que ses commentaires sur le « Gouvernman pedofil » du vendredi 21 ne comportent aucun aspect nouveau car des membres de l’opposition en font fait état à maintes reprises depuis la Private Notice Question (PNQ) du samedi 17 novembre de l’année dernière.
L’enquête du Central CID sur les allégations de sédition contre le gouvernement se poursuit avec probablement des consultations avec le Director of Public Prosecution’s Office en vue de déterminer la marche à suivre dans la conjoncture. Dans le camp du MSM, l’on continue à s’interroger sur le motif derrière la démarche de Sheila Bappoo de faire des déclarations à la police en présence de l’Attorney General, Yatin Varma, dans une affaire relevant des prérogatives de l’État sans aucun mandat formel.

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