CINDY ITTOO : Parcours cadencé

Cindy est à cheval sur la danse, capable de fusiller du regard pour une chorégraphie non respectée. Elle s’est forgée un nom au fil d’une quinzaine d’années dans le circuit hôtelier. Le grand public se familiarise avec elle par l’émission The Power. Cindy revient pour Scope sur les débuts de son parcours. Itinéraire d’une danseuse.
Vanesha Ittoo pour l’état civil; Cindy, en ville, comme sur scène. Elle crache le feu et danse du ventre dans le circuit hôtelier depuis pas mal d’années, et dirige, à 31 ans, une troupe de danseurs. Cindy est une fille d’un naturel amical. Mais, avec elle, on ne badine pas avec la danse !
Depuis toujours.
Le téléspectateur qui ne rate pas l’émission The Power se souvient du regard noir lancé à une participante du concours. Fusillée des yeux par ce membre du jury, pas parce que la malheureuse candidate s’est trémoussée outrageusement au nez et à la barbe du jury, mais bien parce que les directives de chorégraphie n’avaient pas été suivies.
Cindy est à cheval sur la danse et tend à la perfection. Les danseurs du Chrystal Dance Academy en savent quelque chose. La troupe officie dans plusieurs styles : danses latines, indiennes, africaines, modern jazz…
Cindy esquisse ses pas de danseuse sur scène aux côtés d’Allan Marimootoo et acquiert les premières bases, mais ses parents étaient dans le passé connus comme danseurs de rock acrobatique. Cindy emboîte le pas et lancera ses petits frères. “La danse est en moi depuis toujours; elle est dans mon esprit, dans mon coeur et dans mon corps.”
Premiers pas.
Le premier numéro de Cindy sur scène est une danse indienne, présentée dans un hôtel du littoral. Un jour, une copine d’école (Caroline Jodhun), l’appelle au téléphone et lui annonce qu’Allan Marimootoo est à la recherche de danseuses. Ce monsieur tenait des auditions chez lui. “Tout a commencé ce jour-là, chez Allan. J’ai été la seule retenue parmi d’autres candidats venus postuler. Le lendemain, je faisais déjà partie des spectacles Zenfants des îles.”
Par la suite, le chorégraphe anglais et prof de danse Paul Henry a guidé les pas de Cindy et a contribué dans une certaine mesure à sa formation. Mais pour le reste, la danseuse clame haut et fort être une autodidacte, qui a appris à force de pratique, de répétitions et d’expérimentations. L’observation des techniques employées compte également pour beaucoup dans cet apprentissage forcément mû par la passion. Cindy se souvient d’une audition de danse contemporaine : “Kan monn ale, se momem kinn kalifie. J’étais la seule fille parmi sept garçons, et sans formation académique de danse ! Les organisateurs de l’audition étaient surpris.”
Flamme.
Un bon numéro, selon Cindy, est celui qui dégage une énergie mise au service d’une chorégraphie synchronisée. Les expressions du visage ont une importance certaine et, selon le style, doivent exprimer force ou sensualité ou encore d’autres émotions. Elle illustre ses propos par une attitude sensuelle et ce regard langoureux adopté lors de danses indiennes.
L’attitude se voudra arrogante pour un numéro de hip hop, et variera selon le genre. Une rumba ou une salsa sera sensuelle et sexy; une attitude fusionnelle ou lascive avec le partenaire lors de contacts physiques.
Ce sont des choses acquises au long d’une quinzaine d’années passées apprendre à maîtriser l’énergie; une flamme qui danse dans le corps de Cindy. Au fil des années naîtra une autre entité sur scène : ce sera Chrystal, une danseuse qui se sent briller lorsque s’exprime son corps.
Rêver.
Être danseuse à Maurice n’est pas une sinécure. Certaines troupes sont en réseau et s’informent des bons plans pour se produire en public. La profession de danseur à Maurice reste directement liée au circuit hôtelier. “Il faut impérativement prendre le temps de se faire un nom. Ce qui n’est pas gagné d’avance !”
Il est bien loin ce temps où, au bord des larmes, Cindy voulait jeter l’éponge et mettre fin à sa carrière, découragée au plus haut point par la dureté de la profession. Mais c’est un métier qui donne aussi à rêver. Elle a dansé en Chine, dans les grands théâtres de Beijing, à Dubayy, en Afrique du Sud, à Sun City, sur un bateau-mouche, au pied d’une scintillante Tour Eiffel à Paris. Un des meilleurs souvenirs de sa carrière.
Projets.
Et si Condoleeza, qui a huit ans, lui disait un jour : maman, j’ai envie de devenir danseuse ? “Je ne lui dirais pas non et je l’encouragerais, mais en insistant qu’elle complète d’abord ses études. Elle a déjà comme moi la danse dans le corps.” Une passion qui oriente la vie de Cindy, “mais ce n’est pas forcément une bonne chose, car je suis quand même passée à côté de beaucoup de choses à cause de la danse”.
La prochaine aventure sera un studio de danse où Cindy projette de dispenser des cours. Et probablement un Chrystal Dance II, une troupe composée de certains talents révélés lors de The Power. Mais ce n’est qu’un projet et les danseurs pressentis ne le savent pas encore… Cindy adresse un regard aguicheur au futur et à de lendemains qui rythment la passion d’une vie.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -